Corrigés des sujets du bac de français 2019 Washington, séries ES, S. Théâtre = Molière, Le Médecin malgré lui. La Double inconstance, Musset
- Le 13/05/2019
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Corrigés du bac de français 2019
Sujets Washington, séries ES, S
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Bac de français Washington 2019
Objet d'étude :
Le texte théâtral et sa représentation du XVIIe siècle à nos jours.
Le sujet comprend
A) Molière, Le Médecin malgré lui, 1666.
B) Marivaux, La Double inconstance, 1723.
C) Alfred de Musset, La Nuit vénitienne, ou les noces de Laurette, 1830.
Question
Comment les dramaturges expriment-ils le conflit entre les personnages dans les textes du corpus ?
Commentaire :
L'extrait de Marivaux (texte B).
Dissertation :
Un conflit au théâtre est-il toujours synonyme de violence ?
Ecriture d'invention :
Vous êtes metteur en scène et vous rédigez à destination des comédiens et des techniciens un texte détaillant la façon dont vous souhaitez voir représentée la première scène du Médecin malgré lui (Texte A).
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Washington ea francais es s bac 2019 (3.92 Mo)
CORRECTION PROPOSEE
E.A.F. - SESSION 2019, Washington
Correction de la question de corpus
Comment les dramaturges expriment-ils le conflit entre les personnages dans les textes du corpus ?
Le théâtre est le genre où le conflit se représente le mieux. En effet dans les textes de notre corpus, à savoir Le Médecin malgré lui de Molière (texte A), La Double inconstance de Marivaux (texte B) et La Nuit vénitienne, ou les noces de Laurette de Musset, nous pouvons remarquer un conflit entre les personnages. De plus, nous savons qu'il s'agit là de trois scènes d'exposition, nous pouvons donc penser à un choix judicieux des dramaturges d'ouvrir leur pièce respective sur un conflit. Par conséquent cette dimension conflictuelle est mise en valeur. Ainsi nous comprenons mieux le choix des dramaturges de créer des scènes d'exposition où se déroule un conflit, de manière « in medias res ». Ils expriment ici le conflit de différentes manières, combinées toutes entre elles. Tout d'abord le début « in medias res », qui plonge le lecteur au cœur du conflit, exprimé également par les personnages entre eux, mais également par les didascalies qui précisent la présence du conflit : « la querelle des époux » texte A, « comme fâchée » texte B. Nous pouvons dire que le conflit est savamment exprimé par les dramaturges grâces aux moyens accordés par le genre théâtral.
Correction du commentaire
Le conflit est un thème récurrent dans le théâtre. En effet les dramaturges usent de ce thème pour diverses raisons, tant pour soulever des situations réelles, que pour illustrer sur scène des actes peu corrects. Ici, dans le texte B, nous pouvons voir la scène d'exposition de La Double inconstance, une pièce de théâtre écrite en 1723 par Marivaux. Nous pouvons remarquer que le dramaturge a utilisé les règles du classicisme, qui imprègnent encore à cette époque le genre théâtral, mais qu'il use de son art afin d'introduire une thématique tragique, qui est l'enlèvement d'une jeune femme, dès le début de sa pièce.
Nous pouvons alors nous demander quelles sont les relations qui unissent le théâtre avec le thème du conflit dans cette pièce.
Pour répondre à ce questionnement, nous verrons tout d'abord qu'il s'agit d'une scène de conflit, puis qu'elle oppose deux personnages, symbolisant deux mondes.
I/ Une scène de conflit
a) Un début « in medias res »
• Champ lexical de la colère : « fâchée », « hais », « folle », qui plonge le lecteur dans l'ambiance de la scène et lui permet de situer les deux camps : Sylvia qui est en colère contre Trivelin
• Redondance du terme haine, par dérivation « hais », « haïr »
• La présence des didascalies « avec colère », « « plus en colère », « impatiente » précise l'état d'esprit de Sylvia, nous pouvons comprendre qu'elle n'aime pas Trivelin, et que le thème du conflit vient de son amour impossible avec Arlequin « Arlequin, dont on m'a séparée »
b) Une forme au service du fond
• Le théâtre, un genre qui permet l'expression du conflit
• Le conflit est accentué et nourri par la ponctuation et les stichomythies, donnant un rythme et simulant une réelle dispute
• Question rhétorique qui donne un aspect comique au texte « ne faut-il pas être raisonnable ? » qui donne à ne pas avoir de réponses, mais davantage à desservir Trivelin
Cette scène de conflit, qui commence « in medias res » et plonge le lecteur au cœur de la dispute, tend à nous faire dire que Sylvia est en colère envers Trivelin, qui l'a séparée de son amant Arlequin. Par conséquent elle oppose sa conception à celle de son « souverain », et semble prendre le dessus sur ce dernier.
II/ Deux personnages, deux mondes
a) Un amour impossible
• Sylvia : en colère : son langage le traduit : onomatopées
• Trivelin est un « souverain », tandis que Sylvia est une servante et est amoureuse d'un autre, mais Trivelin justifie son enlèvement par l'honneur et la raison. « Voyez les honneurs », «voyez votre fortune, et profitez de ses faveurs ».
• Amour impossible entre Sylvia et Arlequin à cause de Trivelin, mais amour impossible entre Sylvia et Trivelin car elle ne l'aime pas « Non, Seigneur, il faut qu'une honnête femme aime son mari, et je ne pourrais vous aimer »
b) Sylvia, gagnante de la joute verbale
• Sylvia semble prendre le dessus sur Trivelin, il est en manque d'arguments = cf longueur des répliques de Sylvia + elle mène le dialogue
• Argument du bon sens et de l'amour = surpasse l'argument de Trivelin
• S'appuie sur la réalité : rappel les faits concrets et montre l'absurdité de la situation : on ne peut pas acheter l'amour d'une femme qui en aime un autre
Pour conclure, nous pouvons dire que Marivaux créé avec cette scène d'exposition une sensation de malaise chez les spectateurs, qui se retrouvent au cœur d'une dispute. Ainsi le conflit se révèle à plusieurs niveaux, que ce soit sur la forme ou sur le fond. Par conséquent, les deux sont intrinsèquement liés.
De même que dans les autres textes du corpus, le thème du conflit apparaît comme le moteur de ces pièces.
Correction de l'écriture d'invention
Ecriture d'invention :
Vous êtes metteur en scène et vous rédigez à destination des comédiens et des techniciens un texte détaillant la façon dont vous souhaitez voir représentée la première scène du Médecin malgré lui (Texte A).
Conseils d'écriture :
Utiliser un registre adapté, avec des termes théâtraux précis
-
Ne pas hésiter à faire de nombreuses descriptions scénaristiques
-
s'inspirer du texte A
-
bien s'imaginer la scène, sans oublier qu'il s'agit de la scène d'exposition
-
prendre appui sur vos expériences en tant que spectateur de théâtre
Idées possibles :
Expliquer personnage par personnage ce que vous imaginez
-
Adresser directement le texte aux comédiens (leur inventer des noms?)
-
Multiplier les descriptions, les décors, les déplacements scéniques, l’intonation imaginés par vous etc
-
Matérialiser un trait du personnage par un détail chez le comédien
Correction de la dissertation
Un conflit au théâtre est-il toujours synonyme de violence ?
A définir : conflit – théâtre – violence
Le théâtre est le lieu de tous les possibles. Ainsi nous pouvons y retrouver le thème du conflit, comme nous avons pu le remarquer dans notre corpus. Cependant, lorsque l'on pense au terme de « violence », l'imaginaire humain créé des scènes de violences physiques, puisque ce sont les plus répandues, tant par la société que par les arts. Alors la violence psychologique est devenue taboue, et peu représentée durant de longues périodes. C'est avec le théâtre absurde, ou le théâtre réflexif que s'est développé ce thème. Dans la question qui nous anime ici, le terme « toujours » contient un pré-supposé, il semble que le conflit au théâtre puisse ne pas toujours être synonyme de violence.
Il semble intéressant de nous questionner sur les liens entre conflit/violence et conflit/non-violence au théâtre.
Pour répondre à ce questionnement, nous procéderons à un raisonnement dialectique, à savoir le conflit comme synonyme de violence au théâtre, et les limites de cet axe.
Dans un premier temps nous pouvons dire que le conflit au théâtre est synonyme de violence. En effet par définition le conflit comprend une dimension de violence. Alors il n'est pas serein de se disputer, comme nous pouvons le voir à travers les personnages de notre corpus. Le conflit est donc lié à la violence, et donc synonyme. Nous savons que le théâtre permet d'exagérer certaines situations, comme celles de conflit, ce qui peut mener à une sensation de violence, souvent renforcée par la forme elle-même.
De plus, si l'on se restreint à la violence physique, nous pouvons remarquer que le conflit mène souvent à une violence telle. Dans le texte A, Sganarelle menace sa femme, et la bat par la suite. Dans ce cadre nous pouvons dire que le conflit est synonyme de violence puisque celle-ci est engendrée par le conflit. Il n'est pas rare de voir au théâtre des scènes de conflits où l'un des personnages se fait battre. Selon les genres, cela peut devenir comique voir ironique, ou encore comporter une visée morale ou satirique. Le conflit au théâtre n'est pas essentiellement violent, cependant il en comporte des aspects.
Le conflit au théâtre est souvent assimilé à la violence, car dans l'esprit des spectateurs il s'agit de la suite logique. Cependant un conflit peut ne pas être synonyme de violence
Bien que conflit et violence soient liés, le conflit peut également n'être que factice, n’entraînant donc pas de violence. Dans des pièces de théâtres où un des personnages feint une colère, le conflit s'apaise dès lors que l'autre personnage s'en aperçoit, le conflit n'est pas ici synonyme de violence.
Il faut alors faire un travail de distanciation avec le terme de violence, ce dernier est davantage un terme générique puisqu'il comporte diverses formes.
Il est intéressant de voir la dimension de violence psychologique que peut comporter un conflit. Au théâtre il peut être facile de repérer les états d'âmes des personnages grâce aux didascalies notamment. Cependant nous pouvons tenter de lire entre les lignes, lors d'un conflit il est rare que les protagonistes soient heureux de se disputer. Nous pouvons alors dire que même si le conflit n'est pas synonyme de violence directe et physique, il l'est de manière insidieuse et implicite. Ainsi un personnage peut aussi être en proie à un conflit intérieur, dénué de violence directe. Le conflit n'est donc pas toujours synonyme de violence au théâtre, mais reste une situation fertile à la violence.
Pour conclure, nous pouvons dire que le conflit et la violence sont liés, mais que le théâtre n'est pas nécessairement le genre qui donne lieu à les rendre synonymes. Nous pouvons d'ailleurs retrouver ce questionnement dans le genre romanesque, où la frontière se fait encore plus faible
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