Corrigé du sujet n° 2, dissertation philosophique, Pondichéry 2019, série S - La justice peut-elle se passer de contraindre ?

ANNALES BAC DE PHILOSOPHIE DE PONDICHERY

- ANNEE 2019 -

Sujets de philosophie série S 

 

 

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Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants

Dissertation 1 :
Les vérités scientifiques sont-elles indiscutables ?

Dissertation 2 :
La justice peut-elle se passer de contraindre ?

Explication de texte :
 Sénèque, De la Vie heureuse (58 après J.C.), à propos des thèmes philosophiques du plaisir, du bien et du mal.

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Correction du sujet 2, dissertation de philosophie - La justice peut-elle se passer de contraindre ?

Bac S – Sujet 2

La justice peut-elle se passer de contraindre ?

 

Définitions :

"la justice" : à la fois idéal d'équité et institution étatique sanctionnant les infractions au droit.

"contraindre" : mettre en place des moyens contraignants, lois, peines, etc. C'est également le sentiment d'être contraint dans ses mouvements.

Ce sujet n'est pas "La justice peut-elle se passer de contraintes", c'est-à-dire de la mise en place de moyens contraignants. S'y ajoute la question du vécu par le citoyen de cette forme de contrainte que peut prendre la justice.

"peut" : se passer de contraindre est-il une possibilité non encore actualisé pour des raisons extérieures, ou bien est-ce contraire à la nature de son essence ? (impossibilité accidentelle ou essentielle ?)

 

Problématique : Alors que la nécessité pour la justice de recourir à des moyens contraignants semble manifestera la marque de son imperfection, la contrainte qu'elle exerce sur les individus n'est-elle pas nécessaire à son effectivité ?

 

Plan :

I La justice ne peut se déployer effectivement sans contraintes

a) La contrainte est comprise dans la définition des droits. Ils se définissent comme des ordres de contraites.

Cf Kelsen, Théorie pure du droit.

c) La justice doit nécessairement être liée à la force, sans quoi l'ordre n'est pas assuré. La justice réelle, ici-bas, ne peut s'en passer.

cf Pascal, Les Pensées.

 

II Devoir recourir à des contraintes est la marque d'une imperfection de la justice

a) Le comportement juste semble l'être véritablement s'il l'est de façon autonome et non hétéronome (c'est-à-dire contraint). Or, pour la justice contraindre c'est en même temps imposer un rapport hétéronome à l'action juste.

b) Il est concevable d'imaginer une société dans laquelle la justice ne serait pas contrainte mais permise par l'éducation

cf Rabelais, Gargantua : l'exemple de l'abbaye de Thélème.

 

III Le sentiment d'être contraint est nécessaire à l'idée même de justice

a) L'action juste dans un un État utilisant des moyens coercitifs ne conduit pas uniquement à des actes justes de nature hétéronomes, ce ne serait le cas que si la justice réglait l'ensemble des comportements d'une société, or la totalité de ce qui est autorisé n'est pas exprimé par la loi.

b) L'éducation qui semblerait permettre une justice sans contraintes s'élabore également sous la forme de contraintes, les interdits ne sont pas seulement le produit de normes juridiques

c) L'idée d'action juste est nécessairement lié au sentiment d'être contraint. Faire une action juste c'est s'imposer à soi-même une loi qui empêche de faire de son désir une exception à la règle

cf Kant, Critique de la raison pratique.

 
 

Date de dernière mise à jour : 20/04/2021

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