La connaissance de l'histoire est-elle utile à l'action présente? Corrigé bac Washington ES 2019

ANNALES BAC DE PHILOSOPHIE WASHINGTON

- ANNEE 2019 -

Sujet 1

La connaissance de l'histoire est-elle utile à l'action présente? 

Sujet 2

Tous les échanges sont-ils profitables ?

Sujet 3

Commentaire

Aristote, Ethique à Eudème

 

Sujets : lecture PDF 

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La connaissance de l'histoire est-elle utile à l'action présente? 

 

Connaissance de l'histoire : des situations passées, des processus qui ont déterminé le cours des affaires humaines.

L'action présente : peut désigner une action tant individuelle que collective, mais c'est surtout l'action collective, politique qui est en jeu dans ce sujet, étant donné qu'il est question de l'histoire.

Problème : La connaissance historique porte sur des faits passés. Les situations présentes sont toujours différentes. Est-il possible que la connaissance du passé serve à ce qui ne lui ressemble pas ?


L'histoire ne se répète jamais

a) Les situations dans le cours historiques sont à chaque fois singulières. Une même situation ne se reproduit pas à l'identique. Connaître les situations passées ne peut pas renseigner sur les situations actuelles. Au contraire, les personnes amenées à prendre des décisions doivent avoir le sens de la singularité et de la nouveauté de la situation à laquelle elles font face, s'affranchir des cadres que le passé est venu constituer.

b) Série d'exemples :
la connaissance des régimes des cités antiques et du fonctionnement de la vie politique dans celles-ci n'est pas utile à la prise de décision dans nos démocraties modernes, même en considérant Athènes qui était elle aussi une démocratie. La situation nouvelle est très différente : échelle de l’État-nation et non de la cité, statut très différent de la citoyenneté, relations d'une autre nature avec le reste du monde, place différente de l'individu et de la vie privée...
l'histoire économique depuis le début de l'époque moderne n'a cessé de se métamorphoser ; aujourd'hui la situation de l'économie mondiale, ses acteurs (FTN, Banque mondiale...), la place de la finance, etc tissent une situation sans précédent, dans laquelle l'attention portée à un stade antérieur de l'économie risque d'induire des décisions mauvaises ou inefficaces.
Etc
Toutes les situations dans l'histoire sont sans précédent. Toutes les actions présentes ont affaire à des situations singulières et nouvelles.


L'utilité de la connaissance historique

a) Comprendre une situation par ce qu'elle n'est pas : l'étude des cas antérieurs peut permettre de faire saillir ce qui justement fait la singularité et l'identité des situations nouvelles, par le contraste avec le monde ancien. L'action présente gagne alors en lucidité et en acuité.

b) L'histoire ne produit que du singulier, mais elle produit du semblable. Les rapprochements ne sont pas interdits et permettent d'anticiper certaines réactions, certains développements du cours des choses en fonction des décisions prises. Ex : l'engagement pour la paix européenne après la Seconde Guerre mondiale, pour ne pas faire renaître la rancune qui demeurait à la fin de la Première Guerre mondiale et qui avait conduit à un nouveau conflit.
Machiavel : image de la crue, qui diffère chaque fois un peu mais dont le retour peut néanmoins être prévu, d'où l'intérêt de construire une digue après avoir vu la crue une première fois.

c) Deux types d'apport de l'histoire :
histoire proche (contemporaine) : permet de comprendre une situation présente par le prisme de sa genèse
histoire lointaine (autres périodes historique, autres aires géographiques) : montre des régularités dans les comportements humains, permet d'acquérir une expérience et une maturité qui fait prendre les décisions les meilleures. Concept aristotélicien de phronesis (= prudence) : savoir pratique, fruit autant d'un enseignement théorique que de l'accumulation d'une expérience.

 

La connaissance de l'histoire, indirectement utile à l'action présente

a) Malgré tout l'action présente se définit comme une capacité d'innovation sur une situation préexistante. Pour être vraiment action, elle suppose de ne pas s'en tenir aux schémas que le passé fait voir. Elle est nouveauté, création, elle est le vecteur du mouvement de l'histoire qui précisément fait naître du singulier et du dissemblable.

b) La connaissance de l'histoire possède donc une utilité indirecte : elle renseigne, à divers niveaux, sur ce qui compose une situation et sur les conséquences des décisions qui pourront être prises. Mais l'action en tant que telle suppose un au-delà de cette connaissance.  Elle ne peut pas être vue comme une application de principes que l'histoire enseignerait ; elle suppose au contraire un dépassement de ces principes. L'utilité de l'histoire est réelle, mais elle est indirecte, périphérique.

 
 

Date de dernière mise à jour : 20/04/2021

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