Commentaire corrigé Aristote, Ethique à Eudème, Washington série ES 2019
ANNALES BAC DE PHILOSOPHIE WASHINGTON
- ANNEE 2019 -
Sujet 1
La connaissance de l'histoire est-elle utile à l'action présente?
Sujet 2
Tous les échanges sont-ils profitables ?
Sujet 3
Commentaire
Aristote, Ethique à Eudème
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Sujets amerique philo bac es 2019 (29.66 Ko)
Correction du commentaire
Aristote, Éthique à Eudème
Thème : le bien de l'âme
Problème : Qu'est-ce que le bien absolu de l'âme ?
Thèse : Le bien absolu est ce qui plaît à l'âme la plus accomplie
Plan :
l. 1-3 : annonce de la thèse
l. 3-10 : le cas du corps
l. 11-16 : le cas de l'âme
Annonce de la thèse
Aristote introduit dans ce texte une distinction entre les « biens absolus » et les biens « bons pour quelqu'un », autrement dit relatifs (à un individu précis). Le terme choisi est « absolu » et non « universel ». Le bien absolu ne sera pas en effet celui qui est bon pour tous – justement, les biens relatifs sont ceux des êtres pour qui le bien absolu n'est pas bon. En un sens tous les biens sont des biens en tant qu'ils sont bons pour quelqu'un, tous sont relatifs, sinon le fait de les appeler des biens ne correspondrait à rien et serait une appellation vide. L'examen de deux cas doit servir à préciser le sens de ce mot « absolu ».
Le bien est aussi corrélé au plaisir : les biens absolus « plaisent absolument ».
Le cas du corps
Un premier objet d'étude est les choses absolument bonnes pour le corps. Elles sont bien relatives à un corps précis, le « corps en bonne santé ». L'exemple des remèdes, qui affaibliraient un corps bien portant, et des amputations, qui priveraient inutilement un corps normal de l'un de ses membres, montre qu'il existe des biens du corps qui ne conviennent qu'à des corps précis, ici les corps malades, non au corps en général. Ce premier exemple se place au niveau du « profitable », de l'utile, de ce que la raison peut considérer comme un bien.
Un second temps vient prendre le point de vue du plaisir. Deux exemples sont invoqués : la lumière plaît au corps sain et blesse les yeux malades ; le vin plaît au palais intact mais l'ivrogne est devenu incapable de ressentir ce plaisir. Il y a donc contradiction entre les plaisirs absolus et les plaisirs relatifs, car les corps non sains, ou bien ne ressentent pas le plaisir absolu, ou bien en retirent même une douleur. C'est ainsi le corps sain qui est érigé en critère du plaisir absolu et du bien absolu pour le corps. Petit à petit ce dégage donc ce en quoi consiste le bien absolu dont parle Aristote : il est un bien corrélé à une forme de santé. Le concept sous-jacent (absent du texte) est celui de vertu (le terme grec est aretè : il peut aussi se traduire par « excellence » ; la « vertu » du couteau est de bien couper).
Le cas de l'âme
Aristote en arrive à l'âme, qui est l'enjeu majeur de l’Éthique à Eudème. Le plaisir absolu de l'âme ne doit pas être mesuré d'après les plaisirs des enfants ou des bêtes (qui possèdent une âme dans la philosophie aristotélicienne), mais d'après ceux des adultes, qui sont la forme d'âme la plus accomplie, la plus « excellente ». C'est sur la base du critère de l'âme adulte qu'on pourra trouver le bien absolu de l'âme. Aristote peut à ce stade avancer un argument : ceux qui ont la mémoire des plaisirs des enfants et des adultes choisissent ceux des adultes. Cela prouve que les plaisirs de l'enfant lui sont relatifs, et ne sont pas les plaisirs absolus de l'âme.
Un autre élément de la « santé » de l'âme est posé : l'âme ne doit pas seulement être adulte pour donner la mesure de son bien absolu, elle doit aussi être mesurée et sage. Deux autres contre-figures sont aussi présentées, « le méchant et l'insensé » : un scélérat ou un fou ont des biens qui leur sont relatifs, ils sont de mauvais critères pour déterminer le bien absolu de l'âme. Au contraire, les plaisirs propres à l'homme mesuré et sage sont en même temps les plaisirs qui correspondent au bien absolu de l'âme. Aristote les appelle « plaisirs bons et beaux ».
Le sens du bien absolu et du plaisir qui lui est lié se précise donc de plus en plus. Le bien absolu de l'âme est celui qu'elle vise dans une situation idéale, où elle se trouve au maximum de son accomplissement. Des circonstances extérieures (une maladie mentale, une habitude de commettre le mal) peuvent rendre une âme incapable de poursuivre ce bien absolu, et lui définissent alors un bien propre, qui vaudra pour elle (le bien du méchant est de commettre le mal) mais non de l'âme en général. C'est le niveau auquel Aristote entend se placer dans ce texte : examiner l'âme en général pour voir quel bien lui convient absolument et quel type d'âme correspond à ce bien, en montrant au passage la supériorité de ce type d'âme sur les autres.
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Date de dernière mise à jour : 20/04/2021
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