Alfred de Vigny, ressources pédagogiques, annales corrigées 2017 L, commentaire, Poèmes antiques et modernes, question de corpus. Biographie

Vigny

Biographie 

 

Alfred Victor de Vigny ou comte de Vigny, né le 27 mars 1797 à Loches, et mort le 17 septembre 1863 à Paris 8e, est un écrivain, romancier, dramaturge et poète français.

Figure influente du romantisme, il écrit parallèlement à une carrière militaire entamée en 1814 et publie ses premiers poèmes en 1822. Avec la publication de Cinq-Mars en 1826, il contribue au développement du roman historique français. Ses traductions versifiées de Shakespeare s'inscrivent dans le drame romantique, de même que sa pièce Chatterton (1835). Son œuvre se caractérise par un pessimisme fondamental, et une vision désenchantée de la société. Il développe à plusieurs reprises le thème du paria, incarné par le poète, le prophète, le noble, Satan ou bien le soldat. Sa poésie est empreinte d’un stoïcisme hautain, qui s’exprime en vers denses et dépouillés, souvent riches en symboles, annonçant la modernité poétique de Baudelaire, Verlaine et Mallarmé.

Poèmes (1822)

Le Trapiste (1822 [1ère éd.]; 1823 [2ème et 3ème éd.])

Éloa, ou La Sœur des Anges (1824)

Poèmes antiques et modernes (1826)

Cinq-Mars (1826)

Roméo et Juliette (1828), traduction en vers de la pièce de Shakespeare

Shylock (1828), adaptation en vers du Marchand de Venise

Le More de Venise (1829), traduction en vers d'Othello, précédé de la Lettre à Lord ***

La Maréchale d'Ancre (1830)

L'Almeh (Scènes du Désert) (1831) (inachevé)

Les Consultations du Docteur Noir : Stello ou les Diables bleus : première consultation (1832)

Quitte pour la peur (1833)

Servitude et grandeur militaires (1835)

Chatterton (1835)

Daphné : seconde consultation du Docteur Noir (1837) (inachevé)

Les Destinées (1864)

Journal d'un poète (1867) ; réédité par Gallimard dans la collection Bibliothèque de la Pléiade.

Œuvres complètes (1883-1885)

Etude litteraire

Les annales du bac de français, sujets nationaux et les corrigés, année 2017 série L : objet d'étude, les réécritures

 

Lecture du sujet 

Réécriture, bac 2017, sujet intégralRéécriture, bac 2017, sujet intégral (612.68 Ko)

 

Objet d’étude : Les réécritures du XVIIe siècle à nos jours, avec des extraits d'oeuvres de Vigny, Hugo et Dumas

Les textes à l'étude :

Texte A : Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, extrait (1751)
Texte B : Alfred de Vigny, Poèmes antiques et modernes, « La Prison », extrait (1826)
Texte C : Victor Hugo, Les Jumeaux, acte II, scène 1, extrait (1839)
Texte D : Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne, extrait (1850)

 

La question de corpus : 

Les textes de Vigny, Hugo et Dumas reprennent la figure du Masque de fer : en quoi diffère-t-elle de celle que propose Voltaire ?

Commentaire :

commentaire du texte B, extrait des Poèmes antiques et modernes d’Alfred de Vigny.

 

Alfred de Vigny reprend la légende du Masque de fer : il imagine le prisonnier sur le point de mourir recevant la visite d’un vieux moine.

[…]

— Sur le front du vieux moine une rougeur légère

Fit renaître une ardeur à son âge étrangère ;

Les pleurs qu’il retenait coulèrent un moment ;

Au chevet du captif il tomba pesamment ;

Et ses mains présentaient le crucifix d’ébène,

Et tremblaient en l’offrant, et le tenaient à peine.

Pour le cœur du Chrétien demandant des remords,

Il murmurait tout bas la prière des morts,

Et sur le lit sa tête avec douleur penchée

Cherchait du prisonnier la figure cachée.

Un flambeau la révèle entière : ce n’est pas

Un front décoloré par un prochain trépas,

Ce n’est pas l’agonie et son dernier ravage ;

Ce qu’il voit est sans traits, et sans vie, et sans âge :

Un fantôme immobile à ses yeux est offert,

Et les feux ont relui sur un masque de fer.

Plein d’horreur à l’aspect de ce sombre mystère,

Le prêtre se souvint que, dans le monastère,

Une fois, en tremblant, on se parla tout bas

D’un prisonnier d’État que l’on ne nommait pas ;

Qu’on racontait de lui des choses merveilleuses

De berceau dérobé, de craintes orgueilleuses,

De royale naissance, et de droits arrachés,

Et de ses jours captifs sous un masque cachés.

Quelques pères1 disaient qu’à sa descente en France,

De secouer ses fers il conçut l’espérance ;

Qu’aux geôliers un instant il s’était dérobé,

Et, quoiqu’entre leurs mains aisément retombé,

L’on avait vu ses traits ; et qu’une Provençale,

Arrivée au couvent de Saint-François-de-Sale

Pour y prendre le voile, avait dit, en pleurant,

Qu’elle prenait la Vierge et son fils pour garant

Que le masque de fer avait vécu sans crime,

Et que son jugement était illégitime ;

Qu’il tenait des discours pleins de grâce et de foi,

Qu’il était jeune et beau, qu’il ressemblait au Roi,

Qu’il avait dans la voix une douceur étrange,

Et que c’était un prince ou que c’était un ange.

[…]

Alfred de Vigny, « La Prison », Poèmes antiques et modernes, 1826.

1. Père : homme d’Église.

Date de dernière mise à jour : 18/11/2022

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