Commentaire littéraire, étude linéaire, Le Mariage de Figaro, acte 1 scène 1 Beaumarchais, EAF 2020

En quoi cette scène nous renseigne t'-elle sur les rapports maîtres et valets ?Beaumarchais, "Le Mariage de Figaro" / parcours : La comédie du valet.

Beaumarchais

Quel est le discours tenu sur les maîtres ? La place du déguisement et la reconnaissance du valet.

Beaumarchais

Le mariage de Figaro Beaumarchais, EAF 2020, biographie, questionnaires et symbolique des personnages maîtres et valets 

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Etude linéaire n° 2

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Découvrez comment exploiter à l'oral et à l'écrit la portée du titre "La Folle journée ou Le Mariage de Figaro".

PARCOURS BEAUMARCHAIS

Découvrez dans cet épisode ce que vous devez retenir du parcours "La comédie du valet".

 

Acte I

Le théâtre représente une chambre à demi démeublée ; un grand fauteuil de malade est au milieu. Figaro, avec une toise, mesure le plancher. Suzanne attache à sa tête, devant une glace, le petit bouquet de fleurs d’orange, appelé chapeau de la mariée.

Scène I

FIGARO, SUZANNE.

FIGARO.
Dix-neuf pieds sur vingt-six.

SUZANNE.
Tiens, Figaro, voilà mon petit chapeau ; le trouves-tu mieux ainsi ?

FIGARO lui prend les mains.
Sans comparaison, ma charmante. Oh ? que ce joli bouquet virginal, élevé sur la tête d’une belle fille, est doux, le matin des noces, à l’œil amoureux d’un époux !…

SUZANNE se retire.
Que mesures-tu donc là, mon fils ?

FIGARO.
Je regarde, ma petite Suzanne, si ce beau lit que Monseigneur nous donne aura bonne grâce ici.

SUZANNE.
Dans cette chambre ?

FIGARO.
Il nous la cède.

SUZANNE.
Et moi, je n’en veux point.

FIGARO.
Pourquoi ?

SUZANNE.
Je n’en veux point.

FIGARO.
Mais encore ?

SUZANNE.
Elle me déplaît.

FIGARO.
On dit une raison.

SUZANNE.
Si je n’en veux pas dire ?

FIGARO.
Oh ! quand elles Sont sûres de nous !

SUZANNE.
Prouver que j’ai raison serait accorder que je puis avoir tort. ES-tu mon serviteur, ou non ?

FIGARO.
Tu prends de l’humeur contre la chambre du château la plus commode, et qui tient le milieu des deux appartements. La nuit, si Madame est incommodée, elle sonnera de son côté ; zeste, en deux pas tu es chez elle. Monseigneur veut-il quelque chose ? il n’a qu’à tinter du sien ; crac, en trois sauts me voilà rendu.

SUZANNE.
Fort bien ! Mais quand il aura tinté le matin, pour te donner quelque bonne et longue commission, zeste, en deux pas, il est à ma porte, et crac, en trois sauts…

FIGARO.
Qu’entendez-vous par ces paroles ?

SUZANNE.
Il faudrait m’écouter tranquillement.

FIGARO.
Eh, qu’est-ce qu’il y a ? bon Dieu !

SUZANNE.
Il y a, mon ami, que, las de courtiser les beautés des environs, monsieur le comte Almaviva veut rentrer au château, mais non pas chez sa femme ; c’est sur la tienne, entends-tu, qu’il a jeté ses vues, auxquelles il espéra que ce logement ne nuira pas. Et c’est ce que le loyal Bazile, honnête agent de ses plaisirs, et mon noble maître à chanter, me répète chaque jour, en me donnant leçon.

FIGARO.
Bazile ! à mon mignon, si jamais volée de bois vert appliquée sur une échine, a dûment redressé la moelle épinière à quelqu’un…

SUZANNE.
Tu croyais, bon garçon, que cette dot qu’on me donne était pour les beaux yeux de ton mérite ?

FIGARO.
J’avais assez fait pour l’espérer.

SUZANNE.
Que les gens d’esprit sont bêtes !

FIGARO.
On le dit.

SUZANNE.
Mais c’est qu’on ne veut pas le croire.

FIGARO.
On a tort.

SUZANNE.
Apprends qu’il la destine à obtenir de moi secrètement certain quart d’heure, seul à seule, qu’un ancien droit du seigneur… Tu mis s’il était triste ?

FIGARO.
Je le sais tellement, que si monsieur le Comte, en se mariant, n’eût pas aboli. ce droit honteux, jamais je ne t’eusse épousée dans ses domaines.

SUZANNE.
Eh bien, s’il l’a détruit, il s’en repent ; et c’est de ta fiancée qu’il veut le racheter en secret aujourd’hui.

 

 

Le Mariage de Figaro, acte 1 scène 1

 

 

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Le Mariage de Figaro est une comédie en cinq actes écrite par Beaumarchais en 1778 et représentée pour la première fois en 1784, après avoir été censurée.

La pièce relate les aventures de Figaro et de sa fiancée Suzanne qui souhaitent se marier tout en évitant que le Comte Almaviva abuse de ses privilèges de noble en exerçant son droit de cuissage sur la jeune femme.

La scène 1 de l’acte I s’ouvre sur un dialogue entre Figaro et Suzanne le matin de leurs noces. La jeune femme avoue à son fiancé qu’elle est courtisée par le maître des lieux.

 

 

Questions possibles

En quoi I, 1 est-elle une scène d'exposition ?

Cette scène remplit-elle les fonctions d'une scène d'exposition ?

En quoi cette scène nous renseigne t'-elle sur les rapports maîtres et valets ?

Cette première scène est-elle annonciatrice d'une comédie ?

En quoi cette scène est-elle une critique sociale ?

  • Annonce du plan
  • I – Les éléments d'une scène d'exposition traditionnellement
  • II – Une scène annonciatrice d'une comédie
  • III – Une scène qui est une critique sociale

 

 

Analyse littéraire 

I – Les éléments d'une scène d'exposition traditionnellement

Lieux

La scène se passe dans la chambre d'un château, celui du Comte Almaviva en Espagne.

«la chambre du château la plus commode, et qui tient le milieu des deux appartements».

Les personnages

Les personnages principaux sont Figaro et Suzanne. On sait qu'ils vont se marier ainsi que le suggère la didascalie « chapeau de la mariée » ou encore la réplique de Figaro «le matin des noces, à l’œil amoureux d’un époux ».

Les valets ont une place essentielles, il s'agit dans cette pièce de leur mariage qui est évoqué dès l'ouverture de la pièce annonçant ainsi le ton de la comédie mais d'une comédie d'un nouveau genre car il s'agit d'un mariage entre valets alors que d'ordinaire le théâtre traite le mariage des maîtres.

Un personnage absent mais qui a son importance car on en parle dès la scène 1 et il représente un obstacle pour le couple : le Comte.

Le temps

Nous savons grâce à ces indications de la réplique de Figaro que l'action se situe « le matin des noces ».

L'intrigue

L'intrigue se dévoile dans cette scène d'exposition. Le lecteur sait que le Comte courtise Suzanne qui doit épouser Figaro. Il veut faire entendre son droit de cuissage qui est un droit féodal du seigneur d'avoir le droit d'avoir une relation avec la femme d'un de ses serfs lors de la nuit de noce. Mais c'est un paradoxe car il a aboli ce droit de cuissage « obtenir de moi secrètement certain quart d’heure, seul à seule, qu’un ancien droit du seigneur ».

«s’il l’a détruit, il s’en repent ; et c’est de ta fiancée qu’il veut le racheter en secret aujourd’hui».

Nous savons en outre pour ce qui est de l'intrigue que Suzanne refuse de céder au Comte, elle ne veut pas entrer dans la chambre offerte par la Comte. «Et moi, je n’en veux point».

Figaro devra faire face à ce maître ambitieux et sans scrupules, ce qui fait dire à Figaro «de le faire donner dans un bon piège, et d’empocher son or»

Le thème

Le thème de la pièce est l'amour, il unit Suzanne et Figaro, on peut donc parler de badinage amoureux. Une métonymie précieuse : « l'œil amoureux » désigne Figaro.

Nous pouvons relever le champ lexical de l'affection et de l'intimité :

« ma charmante», «belle fille», «mon fils», « ma petite Suzanne», «mon ami», «bon garçon», «mon petit fi, fi, Figaro».

Le champ lexical du mariage permet l'alliance dans l'amour des deux êtres :

«noces», «époux», «sa femme», «dot», «mariant», «épousée», «ta fiancée», «amant», «mon mari».

Parmi les figures de style, nous relèverons la métonymie : «l'oeil amoureux d'un époux » qui connote l'amour dans la promesse d'union des deux personnages.

Le mariage prévu est un mariage d'amour, Suzanne s'offre à l'aimé « le bouquet virginal » qui souligne la pureté de la jeune femme. Ils sont proches, intimes, se tutoient même si parfois le vouvoiement est utilisé dans le cadre d'un badinage courtois par exemple : «Quand cesserez-vous, importun, de m’en parler du matin au Soir ?». Nous sommes dans le jeu de l'amour courtois « Es-tu mon serviteur, ou non » ?

  • Questions possibles =

  • Où la scène se passe t'-elle ? Citez pour justifier votre réponse
  • Quels sont les personnages principaux
  • De quoi est-il question dès l'ouverture ?
  • Les valets ont-ils une place essentielle ?
  • Quel est le personnage absent ?
  • Quand l'action se situe t'-elle ? A quel moment cela correspond t'-il ?
  • Qu'apprenons-nous de l'intrigue ?
  • Relevez un paradoxe relativement au Comte
  • Que savons-nous du Comte dès la scène d'exposition ? Quel portrait pouvez-vous en faire ?
  • Quel est le thème de la scène ?
  • Relevez une métonymie
  • Relevez le champ lexical du mariage et de l'amour
  • Quelles sont les traces du badinage courtois ? Relevez une expression qui le traduit

 

 

II – Une scène annonciatrice d'une comédie

Cette scène d'exposition est annonciatrice d'une comédie ainsi que le suggèrent le comique de geste et de mots.

Les actions sont suggérées et évoquées par l'intermédiaire des didascalies : «lui prend les mains», «se frottant la tête», «Figaro l’embrasse», «court après elle».

Les personnages sont en action, en mouvement tout au long de la scène. Il n'y a pas d'immobilité ou de retranchement de ces derniers. Nous notons la présence des verbes d'actions des didascalies (indications scéniques qui renseignent le lecteur).

Le comique de geste se double d'un comique de mots. Dans le cadre d'un échange entre les deux futurs époux, nous constatons la présence d'un comique verbal propre au langage un peu imagé voire un peu cru du couple. «mon mignon», «volée de bois vert appliquée sur une échine, a dûment redressé la moelle épinière à quelqu’un», «zeste», «crac», «friponne».

Il est très manifeste et s'exprime clairement chez Suzanne par le second degré, par l'ironie.

Des allusions : «en deux pas, il est à ma porte, et crac, en trois sauts…» .

Elle réutilise la phrase de Figaro ce qui redouble l'effet comique. Figaro ne saisit pas vraiment l'allusion, elle tente alors avec la litote « il espéra que ce logement ne nuira pas » d'avouer les intentions du Comte à Figaro de manière ironique. En outre, elle fait preuve d'esprit sarcastique lorsqu'elle décrit Bazile : «Et c’est ce que le loyal BAZILE, honnête agent de ses plaisirs, et mon noble maître à chanter, me répète chaque jour, en me donnant leçon».

Questions possibles =

  • Montrez que cette scène est annonciatrice de la comédie
  • Analysez le comique de geste en relevant les expressions qui le suggèrent
  • Relevez les verbes d'action et les didascalies évocatrices du comique gestuel
  • En quoi consiste le comique de mots
  • Relevez les expressions propres au comique verbal
  • Relevez les expressions du comique de mots propre au langage imagé
  • Relevez les marques d'ironie de Suzanne : montrez qu'elles reflètent le comique verbal essentiel de la scène
  • Quelle phrase de la scène traduit le double effet comique : citez et expliquez
  • Suzanne fait-elle preuve d'esprit sarcastique concernant Bazile ?

 

 

III – Une scène qui est une critique sociale

Cette scène d'exposition est aussi une critique sociale. Le contexte le suggère dès le début car en effet nous avons concernant les décors des didascalies évocatrices d'un milieu social assez pauvre : «Le théâtre représente une chambre à demi démeublée ; un grand fauteuil de malade est au milieu». De plus la chambre du Comte Almaviva est pour des raisons pratiques très proches de celles des valets de manière à pouvoir se faire servir lorsqu'il le désire. La chambre prend donc une valeur symbolique, elle connote le rapport maître/valet. Précisons que le don du Comte est en réalité un cadeau intéressé, car il lui confère un droit sur Suzanne : il met donc ses serviteurs où bon lui semble pour mieux s'en servir. Une tentative d'émancipation de Suzanne transparaît dans son refus du cadeau du Comte lorsqu'elle dit : « je n'en veux point ». Beaumarchais fait preuve d'humour ainsi que l'ironie évoquée plus haut le suggère. Les serviteurs sont sur le point de se marier et ils se suffisent dans leur amour partagé, ils deviennent très vite attachants et le lecteur/spectateur se range de leur côté. Ils sont sincères et s'opposent en ce sens à l'état d'esprit manipulateur et intéressé du maître. Il sait se servir de Figaro, de Suzanne et utilise également Bazile pour exercer une certaine pression sur Suzanne.

  • Questions possibles =

  • En quoi cette scène d'exposition est-elle aussi une critique sociale ?
  • Cela est-il suggéré dès le début ? Comment ? Expliquez et citez le texte
  • De quoi les didascalies sont-elles évocatrices ?
  • Expliquez l'importance de la chambre dans la scène et montrez qu'elle renseigne le lecteur sur les rapports maîtres et valets
  • Quelle image le lecteur a t'-il du couple Figaro/Suzanne dans son opposition au Comte ?

Conclusion

Cette scène d'exposition est une traditionnelle, elle renseigne le lecteur spectateur sur les lieux, le temps, les personnages et l'intrigue de l'histoire. En outre, l'exposition annonce à la fois la comédie à venir et la critique sociale. Beaumarchais remplit donc toutes les fonctions dans sa scène qui instruit et incite le lecteur à poursuivre sa lecture. C'est une scène informative et incitative.

 

Dépassement

Le théâtre = un genre littéraire idéal pour une critique sociale

Le valet dès le début de cette pièce a une certaine supériorité sur le maître ce qui met en avant les injustices sociales et appelle à une société plus égalitaire = écho à l'idéal des lumières.

Le théâtre = un genre littéraire idéal pour débattre des questions sociales en plaisant au lecteur spectateur = plaire et instruire.

Toucher un large public sur une question importante en faisant rire. Mais c'est un rire sérieux car la question des injustices sociales est grave.

Figaro et Suzanne = des valets traditionnels ?

Beaumarchais nous présente un valet, Figaro, valet de comédie du XVIIe, il est naif et ne mène pas la scène. On le découvre dévoué à son maître, il est le valet traditionnel. Suzanne au contraire est plus lucide et plus subtile. C'est une jeune femme honnête, pleine d'esprit et capable d'ironie en toutes choses. Elle sait mener ses affaires, elle a certes des traits de caractère de la servante traditionnelle mais elle est émancipée, elle sait tenir tête et parfois avec obstination. C'est elle qui mène la scène « il faudrait m'écouter », ou encore « apprends qu'il... ». Face à ses deux valets, nous avons un maître qui s'est juste « donné la peine de naître, et rien de plus». Ils font donc dès l'ouverture figure de valets contestataires.

 

 
 

Date de dernière mise à jour : 25/11/2022

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