La dame aux camélias, Dumas, EAF

Corpus corrigé, consignes académiques, annales zéro 2002

Alexandre dumas

Alexandre Dumas-fils, La Dame aux camélias, René de Ceccatty, « Le temps du rêve » et la Dame aux camélias

Objet d'étude : les réécritures 
La dame aux camélias, Dumas fils 

 

 

 

Vous pouvez aussi consulter un autre corpus corrigé sur la séquence réécriture avec Alexandre Dumas 

Les textes à l'étude :

Texte A : Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, extrait (1751)
Texte B : Alfred de Vigny, Poèmes antiques et modernes, « La Prison », extrait (1826)
Texte C : Victor Hugo, Les Jumeaux, acte II, scène 1, extrait (1839)
Texte D : Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne, extrait (1850)

 

 

 



TEXTES 
A. Alexandre Dumas-fils, La Dame aux camélias (1852), drame, extrait de l’Acte I, scènes 9 et 10, Editions Garnier-Flammarion, 2000. 
B. René de Ceccatty, « Le temps du rêve », avertissement de l’auteur à sa version théâtrale modernisée de La Dame aux camélias (2000). 
C. René de Ceccatty, La Dame aux camélias (2000), adaptation théâtrale modernisée du texte d’Alexandre Dumas-fils, extrait du tableau VI, 
Editions du Seuil, 2000. 

[Marguerite Gautier est une courtisane, c’est-à-dire une prostituée de luxe, souffrant de la tuberculose 
et menant une vie frénétique et festive. Le jeune Armand Duval, amoureux d’elle, la rejoint dans une 
chambre où elle s’est réfugiée au milieu d’une fête, prise d’un nouvel accès de sa maladie.] 

Texte A - Alexandre Dumas-fils, La Dame aux camélias. 
Scène IX 
Marguerite, seule, essayant de reprendre sa respiration. 
Ah !… (Elle se regarde dans la glace.) Comme je suis pâle ! … Ah !… 
Elle met sa tête dans ses mains et appuie ses coudes sur la cheminée. 
Scène X 
Marguerite, Armand 
Armand, rentrant : - Eh bien, comment allez-vous, madame ? 
Marguerite : - Vous, monsieur Armand ! Merci, je vais mieux… D’ailleurs, je suis accoutumée… 
Armand : - Vous vous tuez ! Je voudrais être votre ami, votre parent, pour vous empêcher de vous 
faire mal ainsi. 
Marguerite : - Ah ! vous êtes bien bon ! Regardez les autres, s’ils s’occupent de moi. 
Armand : - Les autres ne vous aiment pas comme je vous aime. 
Marguerite : C’est juste ; j’avais oublié ce grand amour. 
Armand : - Vous en riez ? 
Marguerite : - Dieu m’en garde ! j’entends tous les jours la même chose ; je n’en ris plus. 
Armand : - Soit ; mais cet amour vaut bien une promesse de votre part. 
Marguerite : - Laquelle ? 
Armand : - Celle de vous soigner. 
Marguerite : - Me soigner ! Est-ce possible ? 
Armand : - Pourquoi pas ? 
Marguerite : - Mais, si je me soignais, je mourrais, mon cher. Ce qui me soutient, c’est la vie fiévreuse 
que je mène. Puis, se soigner, c’est bon pour les femmes du monde qui ont une famille et des amis ; 
mais, nous, dès que nous ne pouvons plus servir au plaisir ou à la vanité de personne, on nous 
abandonne, et les longues soirées succèdent aux longs jours ; je le sais bien, allez ; j’ai été deux mois 
dans mon lit : au bout de trois semaines, personne ne venait plus me voir. 
Armand : - Il est vrai que je ne vous suis rien, mais, si vous le vouliez, Marguerite, je vous soignerais 
comme un frère, je ne vous quitterais pas et je vous guérirais. Alors, quand vous en auriez la force, 
vous reprendriez la vie que vous menez, si bon vous semble ; mais, j’en suis sûr, vous aimeriez mieux 
alors une existence tranquille. 
Marguerite : - Vous avez le vin triste. 
Armand : - Vous n’avez donc pas de coeur, Marguerite ? 
Marguerite : - Le coeur ! C’est la seule chose qui fasse faire naufrage dans la traversée que je fais. 
(Un temps) C’est donc sérieux ? 
Armand : - Très sérieux. 
Marguerite : Prudence ne m’a pas trompée, alors, quand elle m’a dit que vous étiez sentimental. 
Ainsi, vous me soigneriez ? 
Armand : - Oui ! 
Marguerite : - Vous resteriez tous les jours auprès de moi ? 
Armand : - Tout le temps que je ne vous ennuierais pas. 
Marguerite : - Et vous appelez cela ? 
Armand : - Du dévouement. 
Marguerite : - Et d’où vient ce dévouement ? 
Armand : D’une sympathie irrésistible que j’ai pour vous. 
Marguerite : - Depuis ? 
Armand : - Depuis deux ans, depuis un jour où je vous ai vue passer devant moi, belle, fière, 
souriante . Depuis ce jour, j’ai suivi de loin et silencieusement votre existence . 
Marguerite : Comment se fait-il que vous me disiez cela aujourd’hui ? 
Armand : Je ne vous connaissais pas, Marguerite. 
Marguerite : - Il fallait faire connaissance. Pourquoi, lorsque j’ai été malade et que vous êtes si 
assidûment venu savoir de mes nouvelles, n’avez-vous pas monté ici ? 
Armand : - De quel droit aurais-je monté chez vous ? 
Marguerite : - Est-ce qu’on se gêne avec une femme comme moi ? 
Armand : - On se gêne toujours avec une femme… Et puis… 
Marguerite : - Et puis ? 
Armand : - J’avais peur de l’influence que vous pouviez prendre sur ma vie. 
Marguerite : - Ainsi vous êtes amoureux de moi ! 
Armand, la regardant et la voyant rire. : Si je dois vous le dire, ce n’est pas aujourd’hui. 
Marguerite : - Ne le dites jamais. 

Texte B - Daniel de Ceccaty, "Le temps du rêve" 

Si on lit la pièce de Dumas, on peut percevoir tout ce qui fait l’artifice du théâtre de la seconde moitié 
du XIXème siècle. […] 
L’expression des sentiments, la mise en place des personnages, l’évolution dramatique n’ont rien de 
réaliste, mais usent d’un langage naturaliste et emphatique, même si, au jugement de tous, la pièce 
paraissait communiquer une émotion immédiate. 
Alexandre Dumas-fils était embarrassé pour représenter sur scène des situations qui pouvaient 
passer pour scabreuses, puisqu’il y était question de la vénalité, de la double vie des notables, de la 
respectabilité et de la déchéance. Il avait donc pris un certain nombre de précautions oratoires qui se 
manifestaient dans des discours puritains. […] 
Le théâtre n’est plus reçu comme il l’était au XIXème siècle. Nous avons désormais d’innombrables 
points de comparaison. La narration peut y être moins rigide, le rythme plus fluide, les ellipses y sont 
admises. Il y a, dans mon adaptation, une influence du temps cinématographique. Mais c’est surtout 
le temps de la remémoration, le temps intérieur, le temps du rêve que j’ai voulu retrouver et que la 
mise en scène peut permettre aux comédiens d’incarner. 

Texte C - Daniel de Ceccaty, La Dame aux camélias 

Marguerite : Je suis fatiguée. Je ne sais pas. Je ne veux pas savoir. Ne prenez pas cette mine 
dramatique. Je ne suis pas morte. Restez. Je suis rassurée de vous savoir près de moi. Je suis seule 
sans l’être en vous sachant là. Vous êtes pâle. Avez-vous la même maladie que moi ? 
Armand : Je voudrais être malade à votre place. Est-ce que vous souffrez ? 
Marguerite : Très peu. J’y suis habituée. 
Armand : A mener cette vie, vous vous tuez. 
Marguerite (se voyant dans un miroir) : Comme je suis pâle ! Vous avez raison. Je me tue. Et alors ? 
(Il reste muet). Vous êtes un enfant. Ecoutez, je ne dors pas. Il faut bien que je me distraie. 
Armand : Mais avec un … Rodolphe de Nevers… avec un Duc de Bassano…. 
Marguerite : Avec le premier je m’ennuie et le second me poursuit de sa jalousie. 
Armand : C’est donc une piètre distraction. 
Marguerite : Aussi n’est-ce pas avec eux que j’entends me divertir. 
Armand : Etes-vous sûre d’avoir besoin de divertissement ? 
Marguerite : De quoi d’autre ? D’amour ? J’en connais l’apparence, ce n’est déjà pas si mal. 
Armand : L’apparence ? C’est-à-dire ? 
Marguerite : Séduire, changer. 
Armand : Jouir ? 
Marguerite : Vous me posez la question sur un ton qui condamne le mot. Comme vous êtes chaste. 
Armand : Qui vous l’assure ? 
Marguerite : Votre regard. Votre voix. Votre sérieux. Vous avez une maîtresse ? Laissez-moi 
deviner . J’imagine une petite bourgeoise fort tendre et fort sentimentale. Qui serait bien malheureuse 
de vous voir ici, près de moi, à cette heure. Qui vous attend peut-être. 
Armand : J’avais pour maîtresse une femme comme vous la décrivez. 
Marguerite : Et après ? Car je comprends qu’il y a un après, puisqu’il y a un avant. 
Armand : Ses lettres mélancoliques me faisaient sourire. 
Marguerite : Vous ? Vous êtes capable de cette dureté ? La dureté qui fait sourire de l’amour qu’on 
suscite ? 
Armand : Je comprends le mal que je lui ai fait, par celui que j’éprouve, quand… 
Marguerite : Quand ? Vous ne voulez pas poursuivre ? Il vaut mieux me laisser maintenant. Ne vous 
occupez pas de moi. Cela ne vaut pas la peine. Voyez si les autres se soucient de moi. Ils savent bien 
qu’il n’y a rien à faire. (Il reste muet, immobile). Vous ne partez pas ? Une fille comme moi, vous 
savez, une de plus ou de moins… 
Armand : Que disent les médecins ? 
Marguerite : Que le sang que je crache n’est pas bon. 
Armand : Soignez-vous. 
Marguerite : Pourquoi ? Pour qui ? On se soigne quand on a des amis à qui l’on veut épargner la 
douleur de sa perte. 

vous expliquerez dans quelle perspective René de Ceccatty a choisi d’infléchir l’oeuvre d’Alexandre Dumas-fils.

Consignes académiques 

Correction de la question corpus, du commentaire, de la dissertation et de l'invention

Annales zéro, série L, 2002 

Annales zero 2002 la reecritureAnnales zero 2002 la reecriture (34.78 Ko)

 

A. Présentation du sujet 
S’il s’inscrit dans l’objet d’étude "les réécritures", il est aussi lié par son corpus et les 
problèmes qu’il soulève à l’objet d’étude "Le théâtre, texte et représentation". La modernisation 
par René de Ceccatty du drame d’Alexandre Dumas-fils permet de réfléchir à la réception d’une 
oeuvre, au degré d’acceptabilité des conventions ou du pathétique suivant les époques. Le texte 
B explicite certains des reproches adressés par la modernité aux conventions du drame, et 
facilite donc le travail de confrontation des textes demandé aux élèves. Par sa présence, il 
permet aussi d’évaluer la capacité à utiliser le paratexte. 

B. Question 

Vous répondrez d’abord à la question suivante : 
A partir de deux exemples précis confrontant les textes A et C, et en vous appuyant sur le texte B, vous expliquerez dans quelle perspective 
René de Ceccatty a choisi d’infléchir l’oeuvre d’Alexandre Dumas-fils. 

Cette question préalable aide à entrer dans la problématique de la réécriture ; elle renvoie 
aussi au problème de l’évolution des conventions théâtrales et de leur réception. Elle vise à 
préparer aux trois sujets proposés. Pour le commentaire, l’élève peut prendre en compte 
certaines spécificités du texte de René de Ceccatty et commencer à analyser les modifications 
et « corrections » qu’il impose à celui d’Alexandre Dumas-fils. Pour la dissertation, la réécriture 
conçue comme modernisation fournit un argument dans le débat proposé. Pour l’écriture 
d’invention, le travail préalable permet d’envisager certains exemples du pathétique à l’oeuvre 
dans le texte A, que l’élève aura à amplifier pour parvenir à la parodie exigée. 
La réponse à la question suppose une réflexion précise sur le texte B, qu’on peut tenir pour 
un guide de lecture, l’auteur y expliquant ses réserves quant à l’écriture théâtrale d’Alexandre 
Dumas-fils et plus exactement de son époque. La perception d’un « artifice » (ligne 1), la 
dénonciation d’un « langage naturaliste et emphatique » (ligne 4), la mention de « précautions 
oratoires » (ligne Cool sont autant d’indices pour comprendre la direction dans laquelle René de 
Ceccatty a voulu retravailler le texte initial. L’étude du texte B requise par le libellé de la 
question aide donc les élèves, qui y apprennent ce qu’ils doivent chercher dans la confrontation 
des textes A et C. 
On a limité à deux exemples précis le travail de confrontation dans le souci de ne pas 
alourdir exagérément le travail. Chaque exemple de confrontation des textes, analysé et 
expliqué, pourra être noté sur deux points. Les critères d’évaluation sont les suivants : 
- une sélection pertinente des exemples : il s’agit de confronter des passages précis des 
deux textes dans lesquels le travail de réécriture est apparent ; 
- une étude précise de la réécriture : un collage de citations n’explique rien s’il ne 
s’accompagne pas d’une analyse succincte, d’un effort d’interprétation. 
On peut attendre, parmi d’autres possibilités : 
- La comparaison du traitement de l’exclamation « Comme je suis pâle ! » dans les deux 
versions. Dumas-fils opte pour un monologue avant l’entrée en scène d’Armand. L’artificialité du 
procédé théâtral s’accompagne d’exclamations pathétiques (« Ah ! » encadrant l’énoncé) et de 
didascalies fort abondantes qui redoublent le caractère pathétique du propos (« Essayant de 
reprendre sa respiration », « Elle se regarde dans la glace », « Elle met sa tête dans ses mains 
et appuie ses coudes sur la cheminée »). L’énoncé pathétique est donc souligné par la 
gestuelle et la situation du personnage seul en scène : la dramaturgie court le risque de la 
redondance. René de Ceccatty a choisi pour sa part d’intégrer la réplique au dialogue, où elle 
vient confirmer à la ligne 7 la réplique précédente. La seule didascalie maintenue est celle 
mentionnant le miroir, élément indispensable à la situation. Immédiatement suivie de phrases 
brèves et sèches (« Je me tue. Et alors ? »), l’exclamation apparaît comme un rapide moment 
Une comparaison de variantes plus longues. 
Des lignes 12 à 18 notamment, René de Ceccatty innove en faisant exposer par Marguerite 
sa philosophie de la vie : apparence, séduction, variété, la question du plaisir étant évoquée 
puis laissée de côté. Ce passage ajoute une dimension réflexive au personnage de Marguerite, 
et répond davantage à une morale moderne qu’aux bienséances du théâtre du XIXème siècle. 
D’autres exemples sont évidemment envisageables : l’approfondissement du personnage 
d’Armand questionné par Marguerite dans la version de René de Ceccatty, la disparition de 
déclarations solennelles et un peu trop imagées (« Le coeur ! c’est la seule chose qui fasse 
naufrage dans la traversée que je fais », réplique 18 de la scène X), la substitution d’un 
vocabulaire direct et presque brutal (« Séduire », « jouir », « chaste », « une petite bourgeoise 
fort tendre ») aux périphrases sentimentales d’Alexandre Dumas-fils (« D’une sympathie 
irrésistible que j’ai pour vous »), l’avertissement de Marguerite (« Ne prenez pas cette mine 
dramatique ») presque emblématique du travail de René de Ceccatty. Dans tous les cas, les 
exemples concernent chaque fois les reproches d’artificialité, d’emphase ou de prudence 
moralisatrice. On sanctionnera toute confrontation sans étude des visées et effets des 
variantes ; on valorisera les efforts d’analyse et la prise en compte du texte B comme guide de 
confrontation. 

Ministère de l’éducation nationale – Direction de l’enseignement scolaire – EAF 2002 – Annales zéro : commentaires et éléments de corrigés – page 41 
 

Date de dernière mise à jour : 16/11/2022

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