Epreuve : Bac  Général

Matière :Philosophie

Classe : Terminale

Centre : Polynésie française

Date : juin 2024

Durée : 4h

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Décide-t-on d'être heureux? 

La question de savoir si l'on décide d'être heureux est un sujet de réflexion complexe qui touche à la philosophie, à la psychologie et à l'éthique. Le bonheur, souvent perçu comme un état de bien-être, de satisfaction et d'accomplissement, semble être l'objectif ultime de la vie humaine. Pourtant, il est difficile de déterminer si ce bonheur est un choix conscient ou s'il est dicté par des facteurs extérieurs et des circonstances hors de notre contrôle. Peut-on réellement choisir d'être heureux, ou le bonheur dépend-il de facteurs que nous ne maîtrisons pas, tels que notre environnement, notre éducation, ou même notre constitution biologique ? Pour répondre à cette question, il convient d’examiner les théories philosophiques sur le bonheur, les influences extérieures qui peuvent limiter notre pouvoir de décision, et enfin, le rôle de la volonté individuelle dans la quête du bonheur.

I. Le bonheur comme un choix rationnel : la perspective philosophique

Le bonheur selon les stoïciens : Les stoïciens, comme Épictète et Marc Aurèle, soutiennent que le bonheur dépend de notre attitude mentale et de notre capacité à accepter ce qui ne dépend pas de nous. Selon cette vision, être heureux est une décision fondée sur la maîtrise de nos pensées et émotions.

Citation : Épictète déclare : « Ce ne sont pas les événements qui perturbent les hommes, mais l'idée qu'ils s'en font. »

Argument : Ainsi, selon les stoïciens, le bonheur réside dans l’acceptation et la maîtrise intérieure. Si l'on peut contrôler nos réactions et nos jugements, on peut décider d'être heureux, même dans l'adversité.

La vision utilitariste du bonheur : Jeremy Bentham et John Stuart Mill, représentants de l'utilitarisme, considèrent que le bonheur peut être calculé et maximisé par les actions qui procurent le plus grand bien au plus grand nombre. Ici, le bonheur est une somme de plaisirs et de bien-être qui résulte d'un choix rationnel.

Citation : John Stuart Mill écrit : « Il vaut mieux être un être humain insatisfait qu'un porc satisfait ; mieux vaut être Socrate insatisfait qu'un imbécile satisfait. »

Argument : Pour les utilitaristes, décider d’être heureux implique de faire des choix qui maximisent notre bien-être et celui des autres. Le bonheur devient un objectif atteignable par une série de décisions rationnelles.

L’éthique aristotélicienne et le bonheur : Aristote voit le bonheur (eudaimonia) comme l'accomplissement de la vertu et la réalisation de son potentiel. Le bonheur est le but ultime de la vie humaine et est atteint par un mode de vie vertueux.

Citation : Aristote déclare : « Le bonheur est une activité de l'âme conforme à la vertu. »

Argument : Selon Aristote, on décide d’être heureux en choisissant de vivre vertueusement, en cultivant des qualités morales et en visant l’excellence dans toutes nos actions.

II. Les limites de la décision : le poids des influences extérieures

L’influence des circonstances extérieures : Le bonheur est souvent influencé par des circonstances sur lesquelles nous n’avons pas de contrôle, comme la santé, la situation économique, les relations sociales ou les accidents de la vie. Ces éléments extérieurs peuvent rendre le bonheur difficile à atteindre malgré la volonté individuelle.

Citation : Pascal, dans Les Pensées, souligne la précarité du bonheur humain : « Nous courons sans souci dans le précipice après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir. »

Argument : Le bonheur peut sembler inaccessible pour certains en raison de circonstances défavorables qui échappent à leur contrôle, rendant difficile la décision d’être heureux.

Les déterminismes psychologiques et biologiques : Des facteurs psychologiques et biologiques, tels que la prédisposition génétique à la dépression, les traumatismes passés ou la chimie cérébrale, peuvent également influencer notre capacité à être heureux. Ces éléments montrent que le bonheur n’est pas entièrement une question de choix conscient.

Citation : Spinoza, dans L’Éthique, soutient que « les hommes se croient libres pour la seule raison qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. »

Argument : Même avec une volonté de fer, certaines personnes peuvent être biologiquement ou psychologiquement moins aptes à atteindre le bonheur, remettant en question l’idée que celui-ci soit une simple décision.

Les influences culturelles et sociales : Les normes sociales et culturelles façonnent nos conceptions du bonheur et peuvent limiter notre liberté de le définir par nous-mêmes. La pression pour se conformer à certains standards de succès ou de bonheur peut rendre difficile une décision authentique d’être heureux.

Citation : Rousseau, dans Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, écrit : « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. »

Argument : Le poids des attentes sociales peut contraindre notre définition du bonheur et ainsi influencer notre capacité à le choisir librement.

III. Le rôle de la volonté dans la quête du bonheur : entre choix et résilience

La résilience comme forme de décision : La résilience, c'est-à-dire la capacité à rebondir après les épreuves, peut être vue comme une forme de décision d'être heureux. Les personnes résilientes choisissent de trouver un sens et une satisfaction même dans l’adversité, illustrant la possibilité de décider d'être heureux malgré les obstacles.

Citation : Viktor Frankl, dans Man's Search for Meaning, écrit : « Tout peut être pris à un homme sauf une chose : la dernière des libertés humaines – choisir son attitude dans n’importe quelles circonstances, choisir son propre chemin. »

Argument : Le bonheur peut alors être vu comme une décision active de trouver un sens, même dans la souffrance, plutôt qu’une simple réaction à des circonstances favorables.

Le bonheur comme processus plutôt que résultat : Le bonheur peut être perçu non pas comme un état final, mais comme un processus de choix continus, une quête d'équilibre et de satisfaction dans la vie quotidienne. Décider d’être heureux implique alors de faire de petits choix quotidiens qui mènent à un sentiment global de contentement.

Citation : Matthieu Ricard, dans Plaidoyer pour le bonheur, affirme : « Le bonheur n’est pas une destination, mais une manière de voyager. »

Argument : La décision de rechercher le bonheur à travers des actes quotidiens, même simples, démontre que le bonheur est autant dans le cheminement que dans l’atteinte d’un but précis.

La liberté intérieure face aux circonstances extérieures : Finalement, il est possible d’affirmer que le bonheur réside dans la liberté intérieure, c’est-à-dire la capacité à choisir sa réaction aux circonstances extérieures. Même si l'on ne peut contrôler les événements, on peut décider de la manière dont on les interprète et y réagit, ce qui permet de préserver son bonheur.

Citation : Sénèque, dans De la vie heureuse, écrit : « Le bonheur est ce que nous en pensons. »

Argument : Ainsi, décider d’être heureux repose sur la capacité à exercer sa liberté intérieure, à orienter ses pensées et ses émotions vers une perspective positive malgré les épreuves.

Conclusion

La question de savoir si l’on décide d’être heureux révèle la complexité du bonheur en tant que concept à la fois subjectif et influencé par des facteurs extérieurs. Si des penseurs comme les stoïciens ou Aristote voient le bonheur comme un choix rationnel et éthique, d’autres soulignent les limites imposées par les circonstances extérieures, les déterminismes psychologiques ou les influences sociales. Toutefois, la résilience et la liberté intérieure montrent qu’il est possible, dans une certaine mesure, de décider d’être heureux en adoptant une attitude active face à la vie. En somme, bien que le bonheur ne soit pas toujours un choix facile ou pleinement conscient, il reste en grande partie une quête personnelle et un processus de décision continu, enraciné dans notre capacité à donner du sens à notre existence.

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Epreuve : Bac  technologique

Matière :Philosophie

Classe : Terminale

Centre : Polynésie française

Date :  juin 2024

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