Sujets corrigés philosophie bac général, centres étrangers, groupe 1 2023 - Consultez les corrections du site et entraînez-vous

Centres de baccalauréat ouverts à l’étranger - session 2023. Entraînez-vous avec les corrections proposées du site pour le jour J

Bac

Sujets du bac général 2023

Peut-on s'accorder sur ce qui est juste ? Le langage déforme-t-il la pensée ? Bergson, Conférence de Madrid sur l'âme humaine

Filière du bac : Voie générale
Epreuve : Philosophie
Niveau d'études : Terminale
Année : 2023
Session : Normale
Centre d'examen : Groupe 1

Date : 6 juin 2023
Durée de l'épreuve : 4 heures

 

 

Consultez les sujets en ligne

Épreuve de philosophie du baccalauréat voie générale Épreuve écrite (4 heures) 

6 juin 2023 Session 2023

Centres Etrangers Afrique

Le candidat traite, au choix, l’un des trois sujets suivants.

 

Lecture du sujet officiel, PDF 

 

 Sujets de philosophie

Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants.

Sujet 1
Peut-on s'accorder sur ce qui est juste ?

Correction ci-dessous

Sujet 2
Le langage déforme-t-il la pensée ?

Correction ci-dessous

Sujet 3

Explication de texte :

Il s'agit d'un extrait de Bergson, Conférence de Madrid sur l'âme humaine, 1916. 

Expliquer le texte suivant :

Il est évident que, dans la matière, c’est la nécessité qui domine. Dans le monde matériel tout arrive fatalement. Le monde matériel, comme la science nous le présente, est une immense machine, une sorte d’horloge, dont les pièces s’ajustent parfaitement les unes aux autres ; tout en elle est mécanisme. Et lorsque, avec les habitudes scientifiques, nous considérons l’homme, nous sommes forcément poussés à le voir comme un mécanisme au milieu d’autres mécanismes, comme un être qui fonctionne automatiquement. Toute liberté semble impossible. Bien sûr, le sens commun proteste et a toujours protesté contre cette idée que l’homme serait une sorte d’automate. Il nous semble évident que la volonté jouisse du pouvoir de choisir. En ce moment, je suis libre, apparemment, de me tourner vers la droite ou vers la gauche. Vers la droite ? Ou vers la gauche ? Je me décide pour la droite. Voilà, selon les apparences, quelque chose d’incalculable, quelque chose de totalement imprévisible ; et l’on aura beau dire et répéter que la science, si elle disposait de données suffisantes, pourrait calculer d’avance tout ce qui arrive dans le ce monde, cet acte semble écarter absolument le calcul et la prévision ; comme il serait également impossible de calculer une éclipse de Soleil si la Lune, au moment de se glisser entre le Soleil et la Terre, pouvait se dire : « Que vais-je faire ? Et si je faisais une face à l’astronome qui est là, à me guetter ? » La liberté, si elle existe, est précisément cela : la faculté de tromper la science.

Bergson, Conférence de Madrid sur l’âme humaine, 1916

 

 

 

 

 

Les corrigés bac

Le langage déforme-t-il la pensée ?

Le langage déforme-t-il la pensée ?

 Le logos est le propre de l’homme selon Aristote.

Créateur de sens et de significations, le langage est-il toujours fidèle à nos pensées ou peut-il se révéler être un mauvais outil ?

Le langage déforme t’-il la pensée ? Cette question philosophique interroge la capacité du langage à refléter de manière fidèle nos pensées. Sont-elles fidèlement exprimées ou le langage les déforment-elles ? Comment concevoir cet écart entre pensée et langage ? Dans quelle mesure le langage peut-il rester fidèle à mes pensées ?

  1. Le langage est l'expression même de la pensée, il ne la déforme pas

-La pensée n’existe pas sans le langage pour Hegel par exemple. Nous ne pouvons pas avoir l’idée si nous n’avons pas le mot pour en restituer le sens. Ce que je conçois clairement dirait Boileau, s’énonce clairement. Le langage exprime ma pensée sans la déformer - On ne peut pas attribuer au langage la responsabilité du mensonge, de la fausse promesse, ou de la confusion de la pensée. Dans tous ces cas, le langage est le reflet fidèle de la pensée, et remplit donc son rôle d’instrument docile de la pensée

- Le logos entendu au sens de raison et parole est aussi à la mesure de mes pensées dont il est inséparable. Par le langage, j’ai la capacité d’abstraction d’exprimer mes idées, de les coordonner, de les analyser. Par les mots mes idées générales se forment pour exprimer ma pensée de manière organisée. On peut donc dire, avec Hegel, que « c’est dans les mots que nous pensons », parce qu’il n’y a pas, pour la pensée rationnelle, d’alternative au langage.

- Le rapport du langage et de la raison se retrouve dans la philosophie de Descartes pour qui les animaux ne parlent pas, non pas parce qu’ils n’ont pas les organes manquants mais parce qu’ils ne sont pas dotés d’esprit. Ils ne sont pas « substance pensante ».

II – Le langage humain n’est pas toujours fidèle à la pensée, il la déforme parfois du fait de ses limites.

- Mais le langage comme outil nous éloigne de la perspective idéaliste de Descartes, c’est du langage qu’il nous faut partir et prendre en compte son évolution qui forme peu à peu l’esprit et la pensée.

- Le langage déforme la pensée pour Bergson, il est simplificateur, il ampute le réel de sa complexité, c’est un de ses défauts. Il permet d’exprimer et de communiquer mais en déformant notre pensée car il consiste en un ensemble de mots, d’idées générales qui appauvrissent nos pensées. Ainsi, si je parle de colère, j’évoque seulement un ressenti singulier qui peut être différent de la colère d’une autre personne. Nous utilisons le terme générique « colère » pour restituer ce que nous ressentons. La singularité de nos pensées est déformée par le langage qui ne restitue que de manière simplifiée la réalité. Le ''moi intérieur'' est trahi par le langage, qui en réduit et généralise le sens intime (chaque sentiment de tristesse est irréductible au mot générique ''tristesse'')

- L’homme est prisonnier de ses représentations langagières. Comment en sortir pour exprimer l’indicible ? L’au-delà des mots ? Ces préoccupations font l’objet d’une parole analytique par la présence des épanorthoses dans Juste la fin du monde de Jean Luc Lagarce, on retrouve également chez Nathalie Sarraute ce même jeu sur les codes de la psychanalyse qui s’attache à saisir les non-dits et les sentiments cachés derrière l’apparente banalité des conventions sociales. L’ineffable peut aussi être un concept qui dépasserait les possibilités du langage des hommes, par exemple Dieu que Spinoza tente de définir mais comment dire l’indicible autrement que par le langage ?

III – Une réappropriation du langage au-delà de ses limites

- Le langage est par essence limité au point de déformer parfois la pensée mais comment traduire et exprimer ses pensées autrement que par le langage ?  Monde duquel l’homme ne peut pas sortir.

- Il revient à chacun de s’approprier le langage car il y en a des usages divers. On pourrait citer l’art d’écrire et de créer un univers par le langage pour sortir des formules convenues et vides de sens. Il nous faut nous approprier le langage « cru » de Robert Desnos par opposition au « langage cru ». Notre rapport aux mots doit être inventif, créatif.

- Il nous faut malgré tout reconnaître les limites du langage par rapport aux phénomènes inconscients, rêves, actes manqués, lapsus sont interprétés comme une dimension inconsciente, refoulée qui nous échappe et que les mots ne peuvent clairement exprimer. L’expérience du lapsus, que Freud analyse, est un autre exemple de la trahison du langage. Le langage déforme et trahit la conscience en faveur de l’inconscient.

Peut-on s'accorder sur ce qui est juste ?

Peut-on s'accorder sur ce qui est juste ?

Ce qui est juste : ce qui est conforme au droit et à l’égalité des  hommes.

Etre juste c’est agir avec vertu au sens d’une disposition à faire le bien = la conscience morale « Je me fais plus d’injure en menant que je n’en fais à celui à qui je mens » Montaigne, les Essais.

le sujet présuppose qu’il est impossible de s’accorder sur ce qui est juste, « peut-on » ?

 

I – Ce qui est juste est une notion relative à chacun

  • Il revient à l’homme de décider de ce qui est juste

L’homme doit s’accorder sur ce qui est juste car la loi n’est juste que pour autant qu’elle est conforme « au droit naturel » qui lui est antérieur. C’est le jusnaturalisme, théorie philosophique qui défend l’idée selon laquelle la légitimité de la loi se mesure à l’aune de sa conformité « au droit naturel » donc à des règles morales qui existeraient par nature, avant l’instauration de l’Etat et de la loi. Mais l’homme en est-il capable ?

  • L’idée de ce qui est juste : une disposition  naturelle et culturelle 

L’homme est dotée d’une certaine conscience morale, il a un sens inné du bien et du mal  selon Rousseau, « l’homme est bon naturellement » et  les valeurs intériorisées du surmoi dès l’enfance nous familiarisent avec ce qu’il est autorisé et bien de faire ou au contraire, ce qu’il ne faut pas faire sous peine de faire ce qui est mal. On pourrait ainsi penser que les hommes auraient des dispositions à s’entendre sur ce qui est juste.  Mais le sens moral diffère selon notre appartenance sociale qui nous conditionne et nous pousse parfois au calcul, à la compétition sociale, à défendre nos intérêts particuliers plutôt qu’au souci de ce qui est juste. Si l’homme est naturellement doté d’une conscience morale, elle se déprave progressivement le plus souvent au contact des autres pour une reconnaissance sociale exigée et inhérente à la vie en société.

  • L’idée du juste : corruption d’un sentiment d’intérêt personnel 

L’homme n’est juste que parce qu’il est impuissant à agir injustement. C’est l’anneau de Cygès, République, II, Gygès riche d’un anneau rendant invisible ne peut que constater son pouvoir et servir ses intérêts sans crainte de se faire prendre : « donnant à chacun le pouvoir de faire ce qu'il veut, au juste aussi bien qu'à l'injuste, suivons-les ensuite attentivement pour voir où son désir (hè epithumia) conduira chacun. Nous prendrions sans doute le juste en flagrant-délit de suivre la même voie que l'injuste, du fait du besoin d'avoir plus que les autres que toute nature est par nature poussée à rechercher comme un bien, mais qui, par la loi et la force, est détourné vers la vénération de l'égalité. La licence dont je parle serait telle au plus haut point si leur était donné un pouvoir tel que celui qui jadis, [359d] dit-on, fut donné à l'ancêtre de Gygès le Lydien ». L’intérêt personnel domine, l’homme ne se soumet aux lois que pour son intérêt, que par sentiment de légitimité subjective. 

La conscience morale ne suffit pas à savoir ce qui est juste car l’homme se laisse bien souvent guider par ses intérêts personnels. Savoir ce qui est bien et mal ne permet pas à l’homme de s’entendre sur ce qui est juste dans la pratique. Si l’Etat ne décide pas de la morale, il est pourtant de son ressort de la faire appliquer.

II – Les hommes s’accordent sur ce qui est juste en renonçant à leur liberté personnelle

  • L’Etat de droit pour s’accorder sur ce qui est juste :

Le rôle de l’État est d'assurer la sécurité des citoyens. Dans le Léviathan, Hobbes explique que les hommes, pour sortir d'un état de conflit et d'insécurité permanents, se défont de leurs libertés et s'en remettent à l’État pour assurer leur sécurité. L’État a tous les droits, et même l'obligation de décider de ce qui est juste, de la loi qui permettra le mieux de protéger les sujets.

  • L’Etat décide de ce qui est juste et  les hommes s’accordent sur l’idée de ce qui est juste

Il revient à l’État de décider de ce qui est juste, puisque non seulement il est de son rôle de garantir la sécurité des sujets, mais que c'est lui qui est le plus sage. Dans la République Platon théorise un État qui serait gouverné par des philosophes-roi. La loi explique ce qu'il est juste de faire et tente de l'imposer à tous.

  • Une juste répartition des droits entre les citoyens

La loi répartie les droits entre les citoyens par exemple tous les citoyens majeurs français inscris sur les listes électorales et pouvant voter. Elle répartie aussi les devoirs par exemple un travailleur doit être déclaré, elle décrit et répartie également les peines, par exemple, l'homicide volontaire peut entraîner jusqu'à 30 ans de réclusion. Cette répartition cherche à être juste, c'est-à-dire, non pas égale mais proportionnelle. Par exemple, l'impôt sur le revenu est fixé en fonction des revenus.

III – « Le bien vivre ensemble » suppose que l’Etat veille au respect de ce qui est juste

-  Séparation des pouvoirs : chaque institution doit s’accorder à ce qui est juste, faire la loi, appliquer la loi, juger des infractions à la loi

 Montesquieu, dans L'Esprit des lois, théorise que la séparation des pouvoirs (judiciaire, législatif, exécutif) est la meilleure manière de s'assurer de la justice de l’État. Pour que l’État fasse respecter au mieux la justice, il faut justement que ce ne soient pas les mêmes institutions qui : fassent la loi ; jugent des infractions à la loi ; appliquent la loi.

- Le peuple souverain s’accorde à ce qui est juste

Pour que l’État reste juste, il faut que la souveraineté demeure aux mains de la société. Dans le Contrat Social, Rousseau explique qu'un État où les citoyens seraient privés de leur liberté de participation à la vie politique est fondamentalement injuste. Un État où le peuple est souverain est un État juste.

- Le peuple a un droit de résistance

Et dans les cas où l’État se met à agir contre ce qui est le plus juste pour le peuple, Locke écrit que le peuple, dans ce cas là, à le droit de résister. Un État qui veille à prendre des décisions justes est donc un État qui permet les contre-pouvoirs, et qui accepte que ses décisions soient parfois contestées par un peuple essentiellement souverain.

 

 

 

Les annales de philosophie bac 2023, sujets corrigés le jour J. bac général, bac technologique, métropole, DOM-TOM, à l'étranger

Les annales de philosophie bac 2022, sujets corrigés le jour J. bac général, bac technologique, métropole, DOM-TOM, à l'étranger

Date de dernière mise à jour : 12/06/2023

Ajouter un commentaire