Sujets et corrigés bac 2024, épreuve de spécialité, "Arts", Cinéma Audiovisuel, métropole, centres étrangers, DOM-TOM

Specialite cinema

Epreuve : BAC Général

Matière : Arts, Cinéma audiovisuel

Classe : Terminale

Centre : Métropole

Date : 2024

Durée : 3h30

 

Spécialité Cinéma-Audiovisuel

Durée de l’épreuve : 3 h 30

 

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Sujet métropole 2024


Première partie (10 points) : Analyse 

analyse Federico Fellini, I Vitelloni,

1953 01 :06 :30 à 01 :09 :58

Vous analyserez de manière précise et argumentée l’extrait proposé.

 

Deuxième partie (10 points)

Vous traiterez l’un des deux sujets suivants :

 

Sujet A : Réécriture

Vous proposerez une réécriture cinématographique de l’extrait proposé en première partie de l’épreuve à partir de la consigne suivante :

Vous imaginerez que les trois personnages ont l’impression que la statue s'anime au moment où ils quittent le monastère.

Votre note d’intention sera accompagnée des éléments visuels et sonores de votre choix (extraits de scénario, fragment de découpage, éléments de story-board, plans au sol, schémas, indications sonores et musicales, etc.).

OU

Sujet B : Essai

Dans quelle mesure le film I Vitelloni est-il une comédie ?

A partir de votre connaissance de l’œuvre, du questionnement associé « Un cinéaste au travail » et de l’exploitation des documents ci-joints, vous répondrez à cette question de manière précise et argumentée.

 

Corrigé bac 

"I Vitelloni", réalisé par Federico Fellini en 1953, est un film qui se situe à la croisée des genres, mêlant comédie, drame et critique sociale. Le film dépeint la vie de cinq jeunes hommes désœuvrés dans une petite ville italienne, explorant leur passage de l’adolescence à l’âge adulte. Bien que le film soit souvent classé comme une comédie, son humour est teinté de mélancolie et de réflexion sur la condition humaine. À travers ce mélange des registres, Fellini propose une vision nuancée de la vie de ses personnages, qui oscillent entre légèreté et gravité. Dans quelle mesure peut-on dire que "I Vitelloni" est une comédie ? Pour répondre à cette question, nous examinerons d'abord les éléments typiquement comiques du film, puis nous analyserons la manière dont la comédie est utilisée pour aborder des thèmes plus profonds, et enfin, nous explorerons le rôle de l'humour dans la construction de la vision fellinienne du monde.

I. Les éléments comiques du film

Les personnages caricaturaux : Les cinq protagonistes, Alberto, Fausto, Leopoldo, Moraldo et Riccardo, sont chacun un archétype de la jeunesse désœuvrée : Alberto, l’immature et paresseux ; Fausto, le séducteur irresponsable ; Leopoldo, l'intellectuel rêveur ; Moraldo, le jeune homme désabusé ; et Riccardo, le bon vivant sans ambition. Ces personnages sont présentés avec une exagération qui les rend comiques. Par exemple, Alberto, interprété par Alberto Sordi, est souvent tourné en dérision pour son manque de maturité, comme dans la scène où il se déguise en femme pour animer une fête de carnaval, un moment typiquement burlesque qui rappelle la comédie italienne traditionnelle.

Les situations humoristiques : Le film regorge de situations comiques, souvent liées aux tentatives maladroites des personnages pour échapper à leur vie monotone. Fausto, par exemple, est constamment pris dans des situations embarrassantes à cause de ses infidélités. L'une des scènes les plus mémorables est celle où il essaie de séduire une vendeuse dans un magasin de meubles, pour finalement être surpris par son patron, ce qui donne lieu à une scène burlesque où Fausto tente de se dérober. Ce type d'humour de situation, qui met en lumière la vanité et l’ineptie des personnages, est un ressort classique de la comédie.

Le ton léger et ironique : Fellini adopte un ton léger et souvent ironique pour raconter les péripéties de ses personnages. Le dialogue est ponctué de répliques spirituelles et de jeux de mots qui ajoutent une dimension comique à la narration. Par exemple, les interactions entre Alberto et sa mère montrent un humour doux-amer, où l’affection familiale est dépeinte avec une touche d’ironie. Cet humour verbal contribue à alléger le ton général du film, même lorsque les thèmes abordés sont plus sombres.

II. La comédie comme vecteur de critique sociale

La satire de la société provinciale : Fellini utilise la comédie pour critiquer la société provinciale italienne de l’après-guerre. Les vitelloni, littéralement "grands veaux", sont des personnages apathiques, incapables de s’émanciper de leur milieu et de prendre leur vie en main. Le film dépeint une société stagnante, où les jeunes hommes passent leur temps à flâner, rêvant d'une vie meilleure sans jamais rien entreprendre pour y parvenir. Cette critique est rendue plus mordante par le ton comique du film, qui fait ressortir le ridicule de leur condition.

L'humour au service de la dénonciation de l'immaturité : L'immaturité des personnages est un thème central du film, et Fellini l'aborde souvent avec humour. Les tentatives des vitelloni de se comporter en adultes sont généralement vouées à l'échec, et le spectateur est invité à rire de leur naïveté et de leur incapacité à grandir. Par exemple, la scène où Alberto tente de prendre soin de sa sœur est révélatrice de son immaturité : il essaie de jouer le rôle du protecteur, mais finit par se comporter comme un enfant gâté. Cet humour souligne la stagnation émotionnelle des personnages, tout en critiquant l’infantilisation prolongée des jeunes adultes dans la société italienne de l’époque.

La comédie comme masque du désespoir : Derrière l’humour, "I Vitelloni" dissimule une profonde mélancolie. Les rires que le film suscite sont souvent teintés de tristesse, car ils proviennent de situations où les personnages échouent à trouver un sens à leur vie. La comédie sert ici de masque pour dissimuler le désespoir latent des personnages. L’humour apparaît ainsi comme une manière de faire face à la vacuité de leur existence, de masquer leur incapacité à changer leur situation. Fellini utilise la comédie pour souligner le contraste entre l’apparence légère de la vie des vitelloni et la réalité plus sombre de leur condition.

III. L'humour fellinien : une vision du monde

L'humour comme expression de l'absurde : Fellini adopte une vision du monde où l’absurde occupe une place centrale, et l’humour en est une manifestation. Les personnages de "I Vitelloni" sont souvent placés dans des situations absurdes, où leurs actions semblent dénuées de sens. Cette absurdité est soulignée par le montage et la mise en scène, qui accentuent le côté dérisoire de leurs tentatives de s’échapper de leur quotidien. Par exemple, la scène où les vitelloni errent sans but dans les rues désertes la nuit souligne l’inanité de leur existence, un vide que l’humour permet de rendre palpable.

L'humour mélancolique : L’humour de Fellini est souvent mélancolique, imprégné d’une certaine nostalgie pour un monde en train de disparaître. Cette mélancolie transparaît dans la manière dont les personnages sont représentés : ils sont à la fois ridicules et attachants, leurs échecs sont à la fois comiques et tragiques. Le personnage de Moraldo, le seul à finalement quitter la ville, est peut-être le plus révélateur de cette mélancolie. Son départ est à la fois une libération et un adieu à un monde qu’il ne peut plus supporter, mais auquel il est pourtant profondément attaché.

La comédie comme moyen de réconciliation : Enfin, pour Fellini, la comédie n’est pas seulement un outil de critique, mais aussi un moyen de réconciliation avec les faiblesses humaines. En riant des vitelloni, le spectateur est invité à accepter les imperfections de ces personnages, et par extension, les siennes propres. Fellini ne cherche pas à condamner ses personnages, mais plutôt à les comprendre, à travers l’humour. Cette approche humaniste de la comédie permet au film de dépasser la simple satire pour devenir une réflexion plus profonde sur la condition humaine.

Conclusion

"I Vitelloni" est une comédie au sens large, où l'humour, loin de n’être qu’un simple divertissement, devient un moyen d’explorer des thèmes universels tels que la jeunesse, l’immaturité, la fuite des responsabilités et le passage à l’âge adulte. Les choix de Fellini en matière de mise en scène et de montage, ainsi que sa capacité à manier un humour à la fois léger et profond, font de "I Vitelloni" un film qui dépasse le simple cadre de la comédie pour devenir une réflexion sur la vie elle-même. L’humour chez Fellini est un outil de connaissance du monde, une manière de voir et d’interpréter la réalité.

Ouverture

Le travail de Fellini dans "I Vitelloni" peut être comparé à celui de réalisateurs comme François Truffaut dans "Les 400 coups" ou Éric Rohmer dans "Le Genou de Claire", où la comédie est également utilisée pour explorer les complexités de l’existence humaine. Ces films, bien qu’appartenant à des styles et des époques différents, partagent une même ambition : celle de révéler, par le biais de l’humour, les vérités profondes qui se cachent derrière les apparences de la vie quotidienne.

 

 

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Spécialité Cinéma-Audiovisuel

Durée de l’épreuve : 3 h 30

Secret Beyond the Door (Le Secret derrière la porte), Fritz Lang, 1947

 

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Sujet métropole 2023

Cinema audiovisuel sujet 2023Cinema audiovisuel sujet 2023 (3.97 Mo)

Corrigé bac métropole 2023

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Première partie (10 points) : Analyse

Secret Beyond the Door (Le Secret derrière la porte), Fritz Lang, 1947

Extrait : 01:12:29 à 01:15:53

Vous analyserez de manière précise et argumentée l’extrait proposé.

 

Deuxième partie (10 points)

Vous traiterez l’un des deux sujets suivants :

 

Sujet A : Réécriture

Vous proposerez une réécriture cinématographique de l’extrait proposé en première partie de l’épreuve à partir de la consigne suivante :

Vous proposerez un traitement parodique de cet extrait.

Votre note d’intention sera accompagnée des éléments visuels et sonores de votre choix (extraits de scénario, fragment de découpage, éléments de story-board, plans au sol, schémas, indications sonores et musicales, etc.).

 

OU

 

Sujet B : Essai

Comment Fritz Lang, cinéaste travaillant à Hollywood, joue-t-il, dans Le Secret derrière la porte, avec des références culturelles européennes ?

A partir de votre connaissance de l’œuvre, du questionnement associé « Transferts et circulations culturelles » et de l’exploitation des documents ci-joints, vous répondrez à cette question de manière précise et argumentée.

le sujet d’arts, cinéma audiovisuel pour l'Amérique du Nord Bac 2024

SESSION 2024

ARTS

Cinéma Audiovisuel

 

 

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Sujet  2024

Sujet Amérique du nord, Arts, Cinéma AudiovisuelSujet Amérique du nord, Arts, Cinéma Audiovisuel (2.14 Mo)

 

Première partie (10 points):

analyse Frederick Wiseman, High School, 1968

Vous analyserez de manière précise et argumentée l’extrait proposé.

Deuxième partie (10 points)

Vous traiterez l’un des deux sujets suivants :

Sujet A : réécriture

Vous proposerez une réécriture cinématographique de l’extrait proposé en première partie de l’épreuve à partir de la consigne suivante :

Vous imaginerez que pendant l’un des deux cours, des élèves se mettent à chahuter.

Votre note d’intention sera accompagnée des éléments visuels et sonores de votre choix (extraits de scénario, fragment de découpage, éléments de story-board, plans au sol, schémas, indications sonores et musicales, etc.).

OU

Sujet B : essai

Dans quelle mesure peut-on dire que chez Wiseman les choix de montage donnent sens au film ?

A partir de votre connaissance de l’œuvre, du questionnement associé « Un cinéaste au travail » et de l’exploitation des documents ci-joints, vous répondrez à cette question de manière précise et argumentée

 

Corrigé bac 

Frederick Wiseman est un réalisateur documentaire emblématique, connu pour son style d’observation directe qui évite les commentaires explicites et laisse les images parler d'elles-mêmes. Son film "High School" (1968) est un exemple frappant de cette approche. Tourné dans une école secondaire de Philadelphie, le film expose les rouages du système éducatif américain de l’époque, sans voix off ni interviews. Pourtant, le message du film est clair, et cela tient en grande partie aux choix de montage opérés par Wiseman. Ce travail d’assemblage des séquences ne se contente pas de structurer le récit : il le façonne, il le charge de sens. Dans quelle mesure peut-on dire que chez Wiseman, les choix de montage donnent sens au film ? Pour répondre à cette question, nous examinerons d’abord comment le montage structure le récit, ensuite comment il met en lumière les thèmes centraux du film, et enfin, comment il engage le spectateur à une réflexion critique.

I. Le montage comme structure narrative

Une absence de linéarité apparente : Wiseman refuse une narration chronologique classique. "High School" ne suit pas un parcours d’élève ou d’enseignant sur une période précise, mais présente plutôt une série de vignettes apparemment disjointes. Le montage se charge ainsi de donner une cohérence à ces fragments de vie scolaire, tissant un récit implicite qui émerge des contrastes et des répétitions entre les scènes. Ce procédé rappelle que le montage est un outil de narration aussi puissant que le scénario dans un film de fiction.

La juxtaposition des scènes : Le choix de juxtaposer certaines scènes plutôt que d'autres est essentiel. Par exemple, une scène de discipline rigide peut être suivie immédiatement d’une séquence où des élèves sont encouragés à penser de manière créative. Ce contraste met en lumière l’hypocrisie et la complexité du système éducatif. Les choix de montage permettent ainsi de créer une tension narrative, une dialectique entre des éléments contradictoires, qui donne au film toute sa profondeur.

Un rythme imposé par le montage : Wiseman impose un rythme au film par le découpage des séquences. Des scènes plus longues et immersives alternent avec des moments plus courts et percutants, créant un rythme qui reflète à la fois la monotonie et les tensions sous-jacentes de la vie scolaire. Le montage rythme ainsi l'expérience du spectateur, lui permettant de ressentir physiquement les dynamiques de pouvoir à l'œuvre dans l'école.

II. Le montage comme révélateur de thèmes

Le contrôle et l'autorité : Le thème de l’autorité traverse tout le film, et c’est par le montage que Wiseman le rend omniprésent. En montrant à répétition des scènes où les élèves sont soumis à des règles strictes, où les enseignants exercent leur pouvoir sans contestation possible, le montage fait ressortir le caractère oppressif du système scolaire. Par exemple, des scènes de punition ou d'humiliation suivent souvent des moments de prétendue pédagogie, soulignant ainsi la violence institutionnelle sous-jacente.

L'individualité vs. la conformité : Wiseman oppose les rares moments où les élèves expriment leur individualité à la pression constante pour la conformité. Le montage met en exergue cette tension par des transitions abruptes entre des scènes où les élèves sont encouragés à s’exprimer librement et celles où ils sont rappelés à l’ordre. Cette opposition récurrente donne au spectateur une vision claire de l’ambivalence du système éducatif, qui prétend former des individus tout en les moulant dans un cadre rigide.

La critique sociale : Le montage participe également à la critique sociale que Wiseman propose. En sélectionnant certaines scènes et en les agençant de manière à créer des parallèles ou des oppositions, il expose les dysfonctionnements du système éducatif et, plus largement, de la société américaine de l'époque. Le montage devient ainsi un outil de subversion, un moyen de montrer sans dire, de critiquer sans explicitement dénoncer.

III. Le montage comme outil de réflexion critique

L'absence de commentaire explicite : L’une des particularités de "High School" est l’absence totale de commentaires explicites. Wiseman ne propose ni explication ni jugement direct. C’est au spectateur de construire du sens, guidé par le montage. Ce choix engage le spectateur à une réflexion active, à interpréter ce qu’il voit en fonction de l’ordre et du rythme imposés par le montage. Le montage devient ainsi un outil dialectique, incitant à une lecture critique du film.

La mise en abyme et l’ironie : Wiseman utilise le montage pour créer des effets de mise en abyme ou des situations ironiques qui renforcent la critique sous-jacente. Par exemple, une scène où un professeur vante les mérites de l’éducation peut être suivie d’une scène où un élève est ridiculisé pour sa non-conformité. Le montage crée ainsi une ironie que le spectateur ne peut ignorer, le poussant à questionner la sincérité des discours institutionnels.

L’engagement du spectateur : Enfin, le montage chez Wiseman ne se contente pas de structurer un récit ou de révéler des thèmes : il engage le spectateur dans un processus de déconstruction. En choisissant de montrer certaines scènes et pas d’autres, en établissant des parallèles ou des contrastes, Wiseman force le spectateur à prendre position, à réfléchir sur ce qu’il voit, et sur ce que cela dit du monde. Le montage devient ainsi un acte politique, un moyen de transformer le spectateur en citoyen critique.

Conclusion

Chez Frederick Wiseman, le montage est bien plus qu’un simple assemblage de scènes ; il est l’élément clé qui donne sens à son film "High School". En structurant le récit, en révélant les thèmes centraux et en engageant le spectateur dans une réflexion critique, le montage devient un véritable outil d’expression, servant à la fois la narration, la critique sociale et l’implication du public. Wiseman montre que le montage n’est pas seulement un procédé technique, mais un acte créatif et politique, essentiel pour faire du documentaire un outil de réflexion sur le réel.

Ouverture

Cette approche du montage chez Wiseman peut être comparée à celle de Jean Rouch ou Chris Marker, qui ont également utilisé le montage pour proposer des documentaires non linéaires, mêlant observation et réflexion critique, et où le spectateur est invité à devenir un participant actif dans la construction du sens.

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  • Sujet B : essai Polynésie française 
  • Dans quelle mesure la mise en scène des différentes formes de spectacle et de moments festifs dans I Vitelloni nous éloigne–t–elle de la chronique d’une réalité quotidienne ?
  • A partir de votre connaissance de l’œuvre, du questionnement associé « Un artiste au travail » et de l’exploitation des documents ci-joints, vous répondrez à cette question de manière précise et argumentée.

 

Le film I Vitelloni (1953) de Federico Fellini est souvent perçu comme une chronique sociale des années 1950 en Italie, dépeignant la vie monotone et sans but d’un groupe de jeunes hommes dans une petite ville côtière. Cependant, la mise en scène de Fellini, notamment à travers l’usage récurrent de spectacles et de moments festifs, semble brouiller les frontières entre la réalité quotidienne et un univers plus fantasque et théâtral. Ces séquences, loin de se contenter de refléter la réalité brute, créent un contraste frappant avec la monotonie de la vie des personnages et introduisent une dimension onirique et symbolique qui nous éloigne de la stricte chronique sociale. Dans quelle mesure ces éléments festifs et spectaculaires nous éloignent-ils donc de la réalité quotidienne des personnages ?

I. Le rôle des spectacles et moments festifs dans la structure narrative

Les spectacles comme échappatoire à la réalité :

Les moments festifs et les spectacles dans I Vitelloni servent souvent de parenthèses dans la narration, offrant aux personnages une échappatoire temporaire à leur vie quotidienne morne et sans direction. Par exemple, la scène du carnaval, avec ses costumes et ses masques, permet aux personnages de se déguiser et d'oublier, ne serait-ce qu'un instant, la vacuité de leur existence.

Citation : La scène de la couronne de fleurs pour le concours de beauté, où les Vitelloni se moquent des concurrentes, est un moment de dérision et de déconnexion totale de la réalité qui montre leur immaturité et leur incapacité à affronter la vie sérieusement.

Argument : Ces scènes festives fonctionnent comme des bulles d’irréalité qui suspendent le temps et éloignent les personnages – et le spectateur – du quotidien pesant.

La théâtralisation de la vie quotidienne :

Fellini utilise les moments festifs pour théâtraliser la vie des personnages, transformant des scènes banales en spectacles visuels qui transcendent la réalité. Par exemple, la scène où les Vitelloni participent à la fête locale et défilent en costumes exagérément décorés, illustre cette tendance à la théâtralisation.

Citation : « La fête n'est pas dans la réalité, mais dans l'illusion qu'on s'en fait. » Cette idée, qui pourrait résumer la philosophie de Fellini, se manifeste dans la manière dont les fêtes deviennent des moments de suspension du réel.

Argument : La mise en scène accentue ainsi l'écart entre la réalité sociale des personnages et leur désir d'évasion, contribuant à créer une atmosphère où la réalité se mêle à l'illusion.

L'ironie et la distanciation à travers le spectacle :

Les scènes de spectacles dans le film, souvent teintées d'ironie, permettent à Fellini de distancier le spectateur de la réalité représentée. Par exemple, la scène où Fausto tente de séduire une femme pendant une cérémonie religieuse est empreinte d'ironie, montrant le contraste entre le sérieux de l'événement et le comportement infantile du personnage.

Citation : « La vie est une farce, et les hommes sont des clowns. » Cette idée transparaît dans la manière dont Fellini traite les moments festifs, souvent ridiculisés ou exagérés pour souligner le caractère dérisoire des ambitions des personnages.

Argument : En soulignant le caractère factice et théâtral de ces moments, Fellini nous éloigne de l’idée d’une chronique réaliste, transformant ces scènes en métaphores de la vacuité de la vie des Vitelloni.

II. La symbolique des spectacles dans la construction des personnages

Les spectacles comme reflet des désirs inassouvis :

Les moments festifs dans le film sont souvent le reflet des désirs inassouvis des personnages. La scène du théâtre où Fausto travaille comme accessoiriste, par exemple, est symbolique de son rêve de grandeur qui se heurte à la réalité de son existence banale.

Citation : Dans cette scène, Fausto regarde les acteurs sur scène avec une envie à peine dissimulée, révélant ainsi son aspiration à une vie plus excitante et grandiose.

Argument : Ces spectacles révèlent les aspirations des personnages, mais aussi leur incapacité à les réaliser dans la réalité quotidienne, soulignant ainsi l'écart entre leurs rêves et leur réalité.

Les moments festifs comme révélateurs de la vacuité de l'existence :

Les moments festifs, loin d'être des moments de réelle joie ou d'accomplissement, sont souvent dépeints comme des actes vains, illustrant la vacuité de l'existence des Vitelloni. Par exemple, la scène de la fête de fin d'année, où les personnages dansent et font la fête, semble masquer une profonde mélancolie.

Citation : Cette fête, avec ses rires forcés et ses gestes mécaniques, illustre bien la phrase de Fausto : « On fait la fête parce qu'il n'y a rien d'autre à faire. »

Argument : En ce sens, ces moments festifs sont des masques qui cachent le vide existentiel des personnages, renforçant le contraste entre la façade joyeuse et la réalité morne.

La représentation des spectacles comme critique sociale :

Fellini utilise les moments festifs pour critiquer la société italienne de l'après-guerre, en montrant comment les rituels sociaux sont devenus des formes vides de sens. Par exemple, le concours de beauté, qui devrait célébrer la jeunesse et la beauté, est tourné en dérision, montrant la superficialité des valeurs sociales.

Citation : « Tout n'est que spectacle dans cette société qui a perdu son âme. » Ce constat transparaît dans la manière dont Fellini traite les spectacles, comme des reflets d'une société qui préfère l'apparence à la substance.

Argument : En faisant des moments festifs des critiques voilées de la société, Fellini nous éloigne d’une simple chronique de la réalité quotidienne pour offrir une réflexion plus profonde sur les mœurs de son époque.

III. L'esthétique fellinienne et l'éloignement de la réalité quotidienne

L'onirisme dans la mise en scène :

L’esthétique de Fellini, avec ses cadrages stylisés et son utilisation de la musique, confère aux scènes festives un caractère onirique qui les détache du réel. Par exemple, la scène du carnaval est filmée comme une sorte de rêve éveillé, avec des couleurs vives et des personnages qui semblent flotter dans un autre monde.

Citation : « La réalité est un rêve auquel on croit. » Cette idée se reflète dans la manière dont Fellini filme les fêtes, transformant la réalité en un rêve coloré et distordu.

Argument : Ces choix esthétiques éloignent le spectateur de la réalité quotidienne des personnages et créent un univers où la frontière entre rêve et réalité est floue.

L’usage du grotesque pour déformer la réalité :

Fellini utilise souvent le grotesque pour déformer la réalité et en faire une caricature, ce qui est particulièrement visible dans les scènes festives où les personnages sont exagérément ridicules. Par exemple, le personnage de Moraldo, qui se retrouve à la fin d'une fête avec un groupe d'enfants déguisés, est une figure grotesque qui symbolise son incapacité à entrer dans l'âge adulte.

Citation : « Le grotesque est la vérité de la réalité. » Fellini utilise cette esthétique pour montrer la fausseté des apparences et révéler les vérités sous-jacentes des personnages.

Argument : En accentuant le caractère grotesque des moments festifs, Fellini nous éloigne encore plus de la réalité quotidienne et crée une vision déformée, mais révélatrice, du monde des Vitelloni.

Le contraste entre la banalité du quotidien et l'extravagance des fêtes :

Le contraste entre la vie quotidienne des personnages, marquée par l'ennui et l'inertie, et l'extravagance des moments festifs est un élément central de la mise en scène de Fellini. Les fêtes apparaissent ainsi comme des ruptures brusques dans la narration, qui déstabilisent le spectateur et le détachent de la réalité des personnages.

Citation : Fausto, après une fête : « On retourne à la vie réelle, comme on se réveille d'un rêve. »

Argument : Ce contraste renforce l'idée que les moments festifs sont des illusions temporaires qui éloignent les personnages – et le spectateur – de la réalité quotidienne, en les plongeant dans un univers de fantasmes et de divertissements éphémères.

Conclusion

La mise en scène des spectacles et moments festifs dans I Vitelloni de Fellini joue un rôle central dans l'éloignement de la réalité quotidienne. Ces scènes, par leur théâtralité, leur caractère onirique et grotesque, ainsi que par leur fonction d'échappatoire, créent un univers qui dépasse la simple chronique sociale pour offrir une réflexion plus complexe et symbolique sur la condition des personnages. Fellini

Vous pouvez aussi consulter les sujets des centres étrangers et des DOM-TOM, bac 2023, Cinéma Audiovisuel

 

L’enseignement de spécialité, "Arts", cinéma-audiovisuel. Classe de terminale

Date de dernière mise à jour : 25/08/2024

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