Sidney Lumet, 12 hommes en colère. Analyse et séquence bac

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12 hommes en colère

États-Unis (1957)

Genre : Drame

Écriture cinématographique : Fiction

 

Fe 12 hommes en colere

 

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Un film en huis clos

Twelwe angry men (Douze hommes en colère), de Sidney Lumet (1957)


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Le film a été réalisé en 1957 par Sidney Lumet, avec Henri Fonda dans le rôle du personnage principal.


L’histoire
Un  homme émigré se voit accusé d'un meurtre, celui de son père. Parmi les membres du jury, onze votent coupable et un seul innocent. Les discussions autour de la culpabilité du jeune homme se poursuivent car pour le déclarer coupable, il faut l'unanimité. 


Profil du jury
Les membres du jury incarnent des hommes type comme l'agent publicitaire, le VRP, le self-made-man...
Henri Fonda, juré numéro 8  fait basculer l'histoire car il tente de convaincre les autres membres du jury. 


Un huis clos
Ce film est un huis clos, on a une impression d'enfermement encore accentuée autour de la chaleur dominante, c'est le "jour le plus chaud de l'année". Douze hommes en colère est un huis clos : il se déroule dans un seul et même lieu, la salle des délibérations, dans laquelle les personnages sont enfermés à clé. Pour pouvoir sortir de la pièce, ils vont devoir tous tomber d'accord, ce qui semble impossible


⦁     "Il s’agit d’un huis clos quasi parfait, puisque seules les scènes d’ouverture et de clôture du film, longues d’à peine cinq minutes, se déroulent à l’extérieur du décor principal, la pièce de délibération d’un jury dans un tribunal"  https://transmettrelecinema.com/
⦁    "Pour réussir un huis clos, il faut être un maître absolu du suspense. Douze hommes en colère en est empli: quand Henry Fonda se lève, seul contre tous, et subit la colère des autres jurés, il est difficile d’imaginer comment il arrivera à tous les convaincre. Sera-t-il, finalement, celui qui devra céder? Mais à mesure que l’argumentation du juré avance, d’autres vont céder, petit à petit, convaincus non pas de l’innocence de l’adolescent – ce point est très important –, mais qu’il existe effectivement un «doute légitime», des incohérences dans l’accusation, qui interdisent l’envoi d’un jeune garçon à la mort. Le suspense se tarissant au fur et à mesure des ralliements des jurés (un happy-end semble inévitable), Sidney Lumet en ravive le sentiment haletant et claustrophobique par un procédé extrêmement habile: alors que le film, au départ, multiplie les plans d’ensemble, la caméra se rapproche inévitablement des visages de chacun des jurés, pour finir sur des gros plans oppressants, en contre-plongée, à mesure que la tension grandit." 

Les éléments extérieurs rendent l'atmosphère du tribunal intenable au point que certains jurés aspirent à le quitter, des intentions contrariées par le juré 8 qui se positionne de manière conflictuelle par rapport aux autres membres démissionnaires.  


⦁    "Cette tension est accentuée par deux aspects: d’abord, la chaleur du «jour le plus chaud de l’année». Tous les jurés transpirent, se plaignent, veulent en finir. La plupart votent coupable pour pouvoir s’en aller le plus vite possible. Le ventilateur qui ne semble pas fonctionner apparaît souvent en arrière-plan, comme le rappel mortifiant qu’un homme pourrait mourir simplement parce qu’à la date de son procès, il faisait trop chaud. La chaleur accentue l’énervement des jurés, qui sont confrontés à l’impossible contrôle de leurs pulsions émotives, induites par l’absence de bien-être. C’est ce deuxième aspect qu’interroge brillamment Lumet. Chacun des jurés est désigné par un numéro: on ne connaît le nom d’aucun d’entre eux. Tous ont pourtant une individualité, discernée par leurs professions réciproques, mais aussi par leurs discours." 
La connotation biblique et littéraire du juré 8 dont on apprend le prénom à la fin du film, "Davis" est évidente : elle fait référence à David qui abat Goliath = métaphore du combat dans un duel à l'image d'un combat contre un système judiciaire injuste pour faire triompher la vérité. 
 

Les interprétations et les notions philosophiques - La notion de jugement : A quelles conditions un jugement peut-il être juste?

Les interprétations et les notions philosophiques 


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- La notion de jugement : A quelles conditions un jugement peut-il être juste? 
Le droit et la justice


On distingue des jurés qui souhaitent voir le jeune homme inculpé sans aucune raison si ce n'est par préjugé raciste. Comment être impartial? Les jugements sont purement subjectifs, non fondés et s'apparentent davantage à une punition, le motif du jugement étant subjectif. Le jugement manque de rectitude et d'objectivité. 
La justice comme institution humaine est en cause, le film en souligne les faiblesses.
Le suspect risque la peine de mort et le jugement ressemble plus à une vengeance qu'à un jugement fondé sur la vérification des faits.
 Le jury populaire contredit la notion de droit au sens où il laisse libre cours à ses désirs de vengeance. 


- La culture juridique (l'institution de la justice) est cause. Qui est apte à juger, du juge et des jurés? 
Comment choisir un juré impartial? Comment s'assurer de la justesse de son bon jugement? 
Quelle est la compétence requise d'un bon jury populaire en matière de droit et d'application des peines? 
On reconnait le sens inné de la justice de chacun, celui du sens commun comme critère d'un jugement d'un juré. De ce sens naturel de la justice suit la délibération
 

 

La question de la vérité

La question de la vérité se pose sous la forme d'un examen possible des faits qui suffirait à l'établir 

 

«— Pourquoi voter non coupable? — Vous étiez onze à voter coupable. Je ne peux pas lever la main et envoyer un gosse à la mort sans en discuter. » Juré n°8


Dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité et jurer. L'injonction à dire la vérité au tribunal est ainsi exigée. Mais le fait suffit-il à fonder la vérité? D'où l'importance du ou des témoins. Mais l'illusion peut déformer un jugement, voire transformer les faits car on peut-être de bonne foi et se tromper malgré tout. 
Le juré 8 semble prendre parti en faveur de l'innocence du jeune homme accusé, il peut aussi sembler neutre puisqu'il évoque "le doute légitime". 
Il se dévoile être le seul soucieux de s'approcher le plus de la vérité. Le dialogue des jurés est donc en fait basé sur une confrontation d'opinions, celles des uns et des autres jurés rapportés comme ce qu'ils pensent être le fondement d'une certaine vérité. 
Le juré 8 est tel Socrate qui dans ses dialogues avec ses enseignés tente de leur faire prendre conscience de leur ignorance car savoir c'est savoir qu'on ignore. 


⦁    "Par l’intermédiaire d’Henry Fonda, le juré réfractaire, Sidney Lumet pose cette question quasiment insoluble: est-il possible de rendre une décision véritablement juste, c’est-à-dire totalement extérieure à des considérations personnelles? C’est tout le sens de ces apartés entre les jurés, qui, lorsque les débats s’éternisent ou semblent bloqués, lient connaissance, parlent de leur vie, de leur parcours ou de leur éducation… Sidney Lumet s’applique à décrire l’individualité de chacun des personnages, en les plaçant toujours adroitement dans le cadre. Chaque plan n’inclut en effet que le ou les jurés qui vont faire avancer le récit, soit par leurs déclarations, soit par leurs attitudes ou encore par un visage muet et consterné qui marquent un revirement ou un doute dans l’esprit du personnage…"
⦁    "Chacun des douze jurés est représentatif d’une certaine Amérique. Pas de femmes, encore moins de minorités (et pourtant, ces Blancs vont statuer sur le sort d’un homme de couleur, détail également important), mais des classes sociales et des origines différentes. Sidney Lumet rend d’abord hommage à la justice de son pays, qui n’autorise l’envoi d’un homme à la mort que s’il est unanimement déclaré coupable. Le système du «doute légitime» et de la nécessité pour l’accusation de prouver la culpabilité de l’accusé (à l’inverse d’autres systèmes où c’est à la défense de prouver l’innocence), n’est pas remis en cause. Ce que Sidney Lumet attaque en profondeur n’a pas grand-chose à voir avec les lois, mais avec ce qui les entourent: comme, par exemple, l’incompétence d’un avocat commis d’office, non convaincu de l’innocence d’un « client » trop pauvre pour rémunérer un meilleur défenseur…"
⦁    "Douze hommes en colère n’est pas un plaidoyer immédiat contre la peine de mort. Mais le film pose l’une des pierres à l’interminable édifice de l’abolition: comment douze jurés tirés au sort, qui ne connaissent pas l’accusé, à qui l’on n’a donné qu’une vision souvent partielle des faits et qui n’ont pas directement assisté à la scène, peuvent-ils déclarer qu’un homme mérite d’aller mourir sur une chaise électrique? Comment peut-on être certain de la culpabilité ou même de l’innocence d’un homme (cette dernière ne sera d’ailleurs jamais prouvée dans le film)?" https://transmettrelecinema.com/
 

L’enseignement de spécialité, "Arts", cinéma-audiovisuel. Classe de terminale

Date de dernière mise à jour : 08/02/2024

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