4e, se chercher, se construire, dire l'amour. Saisir et dire l'absence.Dire l’amour pour diviser et pour l’emporter
Rodin, Claudel, de la sculpture à la littérature-thèmes de la statue et de l’amour Baudelaire À une passante,Hymne à la Beauté-Rêver à travers l’être aimé-Célébration de l'amour, le thème du regard
Auguste Rodin et Camille Claudel -- la relation entre la sculpture et la littérature
- Présentation du questionnement sur Eduscol
- Présentation détaillée du questionnement
- Exploration lexicale
- Couples de tensions et faisceaux de problématiques
- Corpus et pistes de lectures cursives
- Tenter de saisir l'amour
- Exemples de mise en œuvre
- Séquence « Tenter de saisir l'amour »
lettre 11 dans Camille Claudel Correspondance "Je suis bien fâchée d’apprendre que vous êtes encore malade..."- "l y a toujours quelque chose d’absent qui me tourmente."
- Vous pouvez consulter aussi
- Sur l'académie des beaux-arts, dossier Claudel
- Camille Claude, la vérité d'une oeuvre
- Le musée Rodin
Cher ami,
Je suis bien fâchée d’apprendre que vous êtes encore malade. Je suis sûre que vous avez encore fait des excès de nourriture dans vos maudits dîners, avec le maudit monde que je déteste, qui vous prend votre santé et qui ne vous rend rien. Mais je ne veux rien dire car je sais que je suis impuissante à vous préserver du mal que je vois.
Comment faites-vous pour travailler à la maquette de votre figure sans modèle ? Dites-le moi, j’en suis très inquiète. Vous me reprochez de ne pas vous écrire assez long. Mais vous-même vous m’envoyez quelques lignes banales et indifférentes qui ne m’amusent pas.
Vous pensez bien que je ne suis pas très gaie ici ; il me semble que je suis loin de vous ! et que je vous suis complètement étrangère. Il y a toujours quelque chose d’absent qui me tourmente.
Je vous raconterai mieux ce que j’ai fait quand je vous verrai. Je vais jeudi prochain chez Miss Faucett, je vous écrirai le jour de mon départ d’Angleterre. D’ici là, je vous en prie, travaillez, gardez tout le plaisir pour moi. Je vous embrasse.
lettre 11
Camille Claudel
Camille Claudel a été l'élève, l'assistante, la maitresse et la muse de Auguste Rodin. on retrouve son visage dans différentes sculptures dont elle a été le modèle, comme le Buste de Camille Claudel (1884) en bronze ; L'Aurore (1885) en marbre ; Camille au bonnet (1885) en plâtre ; L'Adieu (1892) en plâtre ; La Convalescente (1892) en marbre ; La Pensée (1901) en marbre ; La France (1904) en bronze ;
Camille Claudel née à Fère-en-Tardenois (Aisne) le 8 décembre 1864, et morte à Montdevergues (Montfavet - Vaucluse) le 19 octobre 1943, est une sculptrice et artiste peintre française.
Son art de la sculpture à la fois réaliste et expressionniste s'apparente à l'art nouveau par son utilisation savante des courbes et des méandres4.
Collaboratrice du sculpteur Auguste Rodin5, sœur du poète, écrivain, diplomate et académicien Paul Claudel, sa carrière est météorique, brisée par un internement psychiatrique forcé et une mort quasi anonyme. Un demi-siècle plus tard, un livre (Une femme, Camille Claudel d'Anne Delbée, 1982) puis un film (Camille Claudel, 1988) la font sortir de l'oubli pour le grand public.
née à Fère-en-Tardenois (Aisne) le 8 décembre 1864, et morte à Montdevergues (Montfavet - Vaucluse) le 19 octobre 1943, est une sculptrice et artiste peintre française.
Son art de la sculpture à la fois réaliste et expressionniste s'apparente à l'art nouveau par son utilisation savante des courbes et des méandres.
Collaboratrice du sculpteur Auguste Rodin, sœur du poète, écrivain, diplomate et académicien Paul Claudel, sa carrière est météorique, brisée par un internement psychiatrique forcé et une mort quasi anonyme. Un demi-siècle plus tard, un livre (Une femme, Camille Claudel d'Anne Delbée, 1982) puis un film (Camille Claudel, 1988) la font sortir de l'oubli pour le grand public.
"Je t'aime avec fureur" - Lettre d'Auguste Rodin à Camille Claudel:La passion amoureuse. Lien amour construction/destruction : l’affirmation du risque de la folie et de la destruction de soi
Ma féroce amie,
Ma pauvre tête est bien malade, et je ne puis plus me lever le matin. Ce soir, j'ai parcouru (des heures) sans te trouver nos endroits. que la mort me serait douce ! et comme mon agonie est longue. Pourquoi ne m'as-tu pas attendu à l'atelier. où vas-tu ? à quel douleur, j'étais destiné. J'ai des moments d'amnésie où je souffre moins, mais aujourd'hui, l'implacable douleur reste. Camille ma bien aimée malgré tout, malgré la folie que je sens venir et qui sera votre oeuvre, si cela continue. Pourquoi ne me crois-tu pas ? J'abandonne mon Salon [ou : Dalou ?] la sculpture ; Si je pouvais aller n'importe où, un pays où j'oublierai, mais il n'y en a pas. Il y a des moments où franchement je crois que je t'oublierai. Mais en un seul instant, je sens ta terrible puissance. Aye pitié méchante. Je n'en puis plus, je ne puis plus passer un jour sans te voir. Sinon l'atroce folie. C'est fini, je ne travaille plus, divinité malfaisante, et pourtant je t'aime avec fureur.
Ma Camille sois assurée que je n'ai aucune femme en amitié, et toute mon âme t'appartient.
Je ne puis te convaincre et mes raisons sont impuissantes. Ma souffrance tu n'y crois pas, je pleure et tu en doute [sic]. Je ne ris plus depuis longtemps, je ne chante plus, tout m'est insipide et indifférent. Je suis déjà mort et je ne comprends plus le mal que je me suis donné pour des choses qui me sont si indifférentes maintenant. Laisse-moi te voir tous les jours, ce sera une bonne action et peut-être qu'il m'arrivera un peu mieux, car toi seule peut me sauver par ta générosité.
Ne laisse pas prendrai à la hideuse et lente maladie mon intelligence, l'amour ardent et si pur que j'ai pour toi enfin pitié ma chérie, et toi-même en sera récompensée.
Rodin
Je t'embrasse les mains mon amie, toi qui me donne [sic] des jouissances si élevées, si ardentes, près de toi, mon âme existe avec force et, dans sa fureur d'amour, ton respect est toujours au dessus. Le respect que j'ai pour ton caractère, pour toi ma Camille est une cause de ma violente passion. ne me traite pas impitoyablement je te demande si peu.
Ne me menace et lais toi voir que ta main si douce marque ta bonté pour moi et que quelques fois laisse là, que je la baise dans mes transports.
Je ne regrette rien. Ni le dénouement qui me paraît funèbre, ma vie sera tombée dans un gouffre. Mais mon âme a eu sa floraison, tardive hélas. Il a fallu que je te connaisse et tout a pris une vie inconnue, ma terne existence a flambé dans un feu de joie. Merci car c'est à toi que je dois toute la part de ciel que j'ai eue dans ma vie.
Tes chères mains laisse les sur ma figure, que ma chair soit heureuse que mon cœur sente encore ton divin amour se répandre à nouveau. Dans quelle ivresse je vis quand je suis auprès de toi. Auprès de toi quand je pense que j'ai encore ce bonheur, et je me plains. et dans ma lâcheté, je crois que j'ai fini d'être malheureux que je suis au bout. Non tant qu'il y aura un peu d'espérance si peu une goutte il faut que j'en profite la nuit, plus tard, la nuit après.
Ta main Camille, pas celle qui se retire, pas de bonheur à le toucher si elle ne m'est le gage d'un peu de ta tendresse.
Ah! divine beauté, fleur qui parle, et qui aime, fleur intelligente, ma chérie. Ma très bonne, à deux genoux, devant ton beau corps que j'étreins.
R
exploration du thème de la passion :
lettre 18 de Rodin à C. Claudel
La passion amoureuse. Lien amour construction/destruction : l’affirmation du risque de la folie et de la destruction de soi en parallèle de la construction d’une œuvre.
Histoire des arts :
Comment représenter l’amour par la sculpture ?
Comment tenter de fixer le mouvement dans la sculpture ?
Observation de sculptures de Camille Claudel et Auguste Rodin :
- des bustes : Buste d’Auguste Rodin, fonte, 1892, Camille Claudel, et Masque de Camille, Auguste Rodin, - des statues de plus grande envergure : Galathée, Auguste Rodin et L’Âge mûr, les première et deuxième versions, Camille Claudel, Vertume et Pomone, Camille Claudel.
- Prolongement :
Analyse filmique de Camille Claudel de Bruno Nuytten, 1988
séquence de la sculpture d’un buste par Auguste Rodin avec Camille pour modèle : prise de conscience de la matérialité de la sculpture, manière de filmer le fait de sculpter, et la relation à la fois professionnelle et sensuelle entre les amants. (de 1 :11 :50 à 1 : 14 : 27, d’abord champ/ contre-champ avec alternance de Camille et des doigts de Rodin modelant la glaise, puis plan large de profil avec feu en arrière-plan, musique accélérateur d’émotions, et enfin plan très large des deux endormis, couchés en long par terre, isolés l’un de l’autre, cendres encore chaudes dans la cheminée, avec au fond dans une autre pièce une autre statue, et à gauche, le buste sur un piédestal, avec zoom progressif sur la statue, sur un œil qui pleure et la droite dans l’ombre).
l’expression poétique autour des thèmes de la statue et de l’amour : Lecture cursive : Baudelaire, « À une passante », « La beauté »
- Lecture cursive :
- l’expression poétique autour des thèmes de la statue et de l’amour :
- Baudelaire, « À une passante », « La beauté » : l’expression de l’amour entre fugacité et fixité.
Charles Baudelaire, "A une passante"
A une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! Trop tard ! Jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
« A une passante », dernière section du recueil, « les tableaux parisiens » met en scène une de ces muses qui fascinent Baudelaire en même temps qu’elle le tue.
- Sonnet écrit en alexandrins
Thèmes = Souffrance du poète – La femme fatale
Héroïne anonyme à qui le poème est dédiée : « A une passante »
« Une femme passa » : Entrée en scène retardée au vers 3. Rejet de la proposition principale.
« Noble » ; « fastueuse » « majestueuse » : Une héroïne de tragédie est noble. Champ lexical de la noblesse.
Femme fatale, elle devient l'archétype de la poésie baudelairienne, femme fantasmée, muse qui empêche le poète de créer et le conduit au désespoir. Idole, divinité, intouchable inaccessible, qui rend fou.
La cruauté de la femme est mise en avant
« Une femme passa » : Indifférence de la femme. Elle ne fait que de passer
« Fugitive beauté » : Apostrophe désespérée à l’inconnue
« ô toi qui le savais ! » : en croisant le regard du poète, elle avait deviné qu’il l’aimait. Elle a choisi de l’ignorer.
« Jamais » : peut-être du discours indirect libre, un mot définitif qu’elle aimait prononcer.
La femme et l'idéal de Baudelaire
« jambe de statue » : Baudelaire compare la femme (comparé) à une œuvre d’art (comparant) car il préfère l’art à la nature.
« ouragan » « éclair » : si la nature est évoquée c’est une surnature, très puissante.
« dont le regard m’a fait soudainement renaître » : elle est une allégorie de la beauté idéale et elle peut faire revivre comme une déesse. Pouvoir de vie et de mort sur lui. (cf. Hymne à la beauté)
La souffrance du poète
« le plaisir qui tue »
« je buvais […] la douceur […] le plaisir » : métaphore de l’ivresse. Il souffre et boit pour oublier sa souffrance.
« moi […] crispé » : recroqueville. Dénote le malaise physique et psychique.
« Statue »/ « tue » : la rime embrassée montre que Baudelaire est victime de cette beauté
Baudelaire donne l'image du poète maudit, d'un artiste incompris
comme dans son autre poème « Hymne à la Beauté », Baudelaire est en quête de cet idéal même s’il sait que ce dernier peut le malmener
Hymne à la Beauté, Baudelaire - Problématique = en quoi cette allégorie de la Beauté incarne une nouvelle esthétique dont la modernité à la fois fascine et détruit le poète.
Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.
Tu contiens dans ton œil le couchant et l'aurore ;
Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.
Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.
Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.
L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.
Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?
De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine !
- L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?
Baudelaire, Hymne à la beauté
Un hémisphère dans une chevelure Charles Baudelaire - Le Spleen de Paris - Rêver à travers l’être aimé
Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.
Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique.
Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.
Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur.
Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.
Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco.
Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.
Charles Baudelaire - Le Spleen de Paris
Analyse
Ce sont les cheveux parfumés de l’être aimé qui invitent au voyage comme le suggère la comparaison : « Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source » (l. 1-3) et les variations métaphoriques « Dans l’océan de ta chevelure » (l. 13), « dans le foyer ardent de ta chevelure » (l. 21), « sur les rivages duvetés de ta chevelure » (l. 23-24). Enfin, la métaphore sur laquelle s’achève le poème établit un lien direct entre les cheveux et le voyage au cœur des souvenirs : « Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs » (l. 27-28). . L’écriture en prose convient bien à ce voyage rêvé et intérieur car le poète est libre de ses mouvements comme de son écriture. Le rythme lyrique, les phrases longues expriment le déroulement du voyage qui semble se dérouler sous nos yeux comme un rêve qui s’étend Ce titre métaphorique illustre bien le sujet du poème. Les élèves peuvent comprendre le sens du mot « hémisphère » à partir de sa formation : « hémi- » (moitié) et « sphère ». Le poète amoureux parcourt une partie du monde à travers l’être aimé
construction et déconstruction de son identité numérique autour des réseaux sociaux et de leur utilisation pendant et après relation amoureuse.
Séance autour de l’EMI (mais aussi dire et écrire) :
construction et déconstruction de son identité numérique (dans la non coprésence, l’absence de l’autre) dans le « dire l’amour » contemporain
autour des réseaux sociaux et de leur utilisation pendant et après relation amoureuse.
Thème « dire l’absence » autour du risque de slut shaming, de ses conséquences, des conséquences de ce que la parole amère publique peut avoir sur l’autre, mais aussi comment la correspondance intime à l’heure de l’immédiateté de la correspondance peut avoir lieu, et comment (de quelles manières, avec quels mots et quels supports images) et dans quels espaces media (sphères de l’intime, du privé et du public) dire l’amour ?
Visionnage par les élèves de la vidéo sur les règles de comportement sur Facebook
Vidéo humoristique (vieil écran ordinateur, machine à écrire pour taper, en anglais VOSTF, situation replacée dans les années 60) présentant une jeune femme qui se rend compte via Facebook que son ami a changé son statut amoureux (rupture n°1 des règles de bonne conduite sur Facebook), et qui elle-même, pour se venger, en vient à ne pas respecter d’autres règles (photos compromettantes de l’ami, méchancetés écrites sur lui sur une page).
Comment communiquer de manière numérique avec l’être aimé ?
Penser que ce qu’on peut supprimer peut être gardé par l’autre, comme avec un support papier.
Écriture d’une synthèse personnelle puis collective sur les usages pertinents et non pertinents des mails et réseaux sociaux dans le cadre d’une relation amoureuse et de sa rupture.
Comprendre ce que sont l’identité et la trace numériques / Se familiariser avec les notions d’espace privé et d’espace public / Pouvoir se référer aux règles de base du droit d’expression et de publication en particulier sur les réseaux.
Célébration de l'amour, le thème du regard, les yeux de l'aimé - L'amour et la poésie lyrique de la pléiade Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène-Paul Eluard, « La courbe de tes yeux »
L'amour et la poésie lyrique de la pléiade
Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène
Yeux, qui versez en l’âme, ainsi que deux Planètes,
Un esprit qui pourrait ressusciter les morts,
Je sais de quoi sont faits tous les membres du corps,
Mais je ne puis savoir quelle chose vous êtes.
Vous n’êtes sang ni chair, et toutefois vous faites
Des miracles en moi par vos regards si forts,
Si bien qu’en foudroyant les miens par le dehors,
Dedans vous me tuez de cent mille sagettes.
Yeux, la forge d’Amour, Amour n’a point de traits
Que les poignants éclairs qui sortent de vos rais,
Dont le moindre à l’instant toute l’âme me sonde.
Je suis, quand je les sens, de merveille ravi :
Quand je ne les sens plus en mon corps, je ne vis,
Ayant en moi l’effet qu’a le Soleil au monde.
La Courbe de tes yeux
La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Paul ELUARD, Capitale de la douleur, (1926)
- L'éloge des yeux
- Un blason = poème qui fait l'éloge d'une femme par un détail physique
Les yeux comme miroir de l'âme, idéalisation dans l'amour - Théophile Gautier, « À deux beaux yeux », La Comédie de la mort - J’ai fermé les yeux Paul ÉLUARD = Dire l'absence pour combler le vide
Vous avez un regard singulier et charmant ;
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;
Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;
Ils sont de plus belle eau qu’une perle parfaite,
Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu’à demi leur vif rayonnement.
Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s’y trouvent plus beaux,
Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu’ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l’on apercevrait à travers un cristal.
Théophile Gautier, La comédie de la mort
Recueil : "L'Amour la poésie"
J’ai fermé les yeux pour ne plus rien voir
J’ai fermé les yeux pour pleurer
De ne plus te voir.
Où sont tes mains et les mains des caresses
Où sont tes yeux les quatre volontés du jour
Toi tout à perdre tu n’es plus là
Pour éblouir la mémoire des nuits.
Tout à perdre je me vois vivre.
- Corpus et pistes de lectures cursives
- Évolution et permanence de l'amour au cours des siècles
- Dire l'absence
Corpus « Dire l’amour pour diviser et pour l’emporter »
(ou « Qu’est-ce qu’un séducteur ? »)
Le roman épistolaire - Le style dans Les Liaisons dangereuses,1796. Lettre 125 LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
Auteur du livre :
CHODERLOS DE LACLOS Pierre
Titre : Les Liaisons dangereuses
Date de publication :1782
- Corpus et pistes de lectures cursives
- Dire l'amour pour diviser et pour l'emporter (ou « Qu'est-ce qu'un séducteur ? »)
- Exemples de mise en œuvre
- Séquence « Dire l'amour pour diviser et pour l'emporter »
- "Les Liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos en lien avec les arts picturaux de son époque
- L'amour et la guerre: Mars et Vénus dans la peinture / L'amour, la chasse et la guerre dans le texte des Liaisons dangereuses
- L'amour, la chasse et la guerre dans le texte des Liaisons dangereuses
Définition du roman épistolaire
Il est l'expression privilégiée de la subjectivité ce qui nous renvoie au développement de la lettre et à la progression du roman au XVIIIème siècle. En effet depuis la fin du 17ème on accorde une place plus importante à la notion "d'individu", le concept de sujet est revalorisé depuis la mise en avant de la philosophie de Locke. De ce fait l'expérience sensible comme condition de possibilité d'appréhender le réel concret, la réalité qui nous entoure est reconnue comme fiable. L'empirisme en philosophie connait un vrai succès. Cela se retrouve en littérature et en particulier dans l'illustration du roman à la première personne. Le roman épistolaire repose sur la vraisemblance. Montesquieu a contribué à cet essort du roman épistolaire. Il présente les potentialités qu'offre ce genre de roman dans les réflexions sur les lettres persanes. "d'ailleurs, ces sortes de romans réussissent ordinairement, parce que l'on rend compte soi même de sa situation actuelle : ce qui fait plus sentir les passions que tous les récits qu'on en pourrait faire". Les lettres portugaises en 1669 sont le premier roman épistolaire qui disparaitra peu à peu avec le romantisme.
Le style dans Les Liaisons dangereuses,1796.
L'art du savoir-écrire
La lettre est dangereuse parce que compromettante, aussi convient-il pour les épistoliers de s'appliquer à se compromettre le moins possible. Dans ce domaine, Mme de Merteuil est experte, c'est pourquoi elle s'érige en censeur et se permet, non seulement de critiquer le style, mais de donner des conseils à ses différents correspondants : apprendre à écrire fait partie de l'éducation de Cécile. Il faut toujours savoir déguiser ses pensées et ses sentiments : " Voyez donc à soigner davantage votre style. Vous écrivez toujours comme une enfant. Je vois bien d'où cela vient : c'est que vous dites tout ce que vous pensez et rien de ce que vous ne pensez pas. [..] Quand vous écrivez à quelqu'un, c'est pour lui et non pour vous : vous devez donc moins chercher à lui dire ce que vous pensez, que ce lui plaît davantage." (lettre 105). Elle reproche à Cécile la spontanéité de ses confidences qui de fait écrit comme elle pense et de plus maladroitement. Elle n'est pas encore rompue à l'artifice de l'écriture : on remarque des intrusions de la langue orale dans ses écrits : " J'ai pleuré que ça ne finissait pas" (lettre 27) ; son expression est naïve : se demandant si la visite attendue est celle de son futur mari, elle écrit à Sophie son angoisse : " Si c'était le Monsieur", " la main me tremble et le coeur me bat" (lettre 1) ; la maladresse de son expression, les tournures vagues traduisent le trouble dû à son inexpérience : ainsi lorsqu'elle raconte comment Valmont eut raison de sa virginité : "celui-là (=le second baiser), je ne savais pas ce qui en était, mais il m'a toute troublée" (lettre97), "je sentais bien que je ne faisais comme je le disais". Sa pudeur lui interdit de nommer les faits, "Enfin, après..., vous m'exempterez de dire le reste." (lette 97) Cécile ne change de style que lorsqu'elle écrit sous la dictée de Valmont, de sorte que le rédacteur fictif n'a pas besoin de mentionner "écrit sous la dictée de Valmont" lorsqu'elle écrit à Danceny, le lecteur a bien reconnu qu'il ne s'agissait pas de son style : il suffit de comparer la déclaration d'amour de la lettre 30 à celle de la lettre 156 :
Lettre 30 -Lettre 156
"je vous aime bien de tout mon coeur" naïveté enfantine "Je compte avoir le plaisir de vous voir ce soir" formule banale de la conversation courante
"Je vous aime, je vous adore, je n'aimerai jamais que vous" rythme ternaire, gradation, envolée lyrique "Venez donc, mon ami, mon cher ami" tendre insistance
Mme de Merteuil maîtrise parfaitement cet art de la dissimulation et adapte ses propos à son destinataire. Ainsi, lorsqu'elle écrit à Mme de Volanges pour la dissuader de ne pas renoncer au mariage de sa fille avec Gercourt, elle adopte le style très conventionnel de la relation mondaine, elle la flatte, " Quoi ! vous m'honorez de votre entière confiance ! vous allez même jusqu'à me demander des conseils", elle use de précautions oratoires pour ne pas heurter son interlocutrice, "je vais donc (mais sans prétendre vous donner un avis) vous dire librement ma façon de penser." ; elle use et abuse du lexique de la vertu, elle vante les mérites des "principes inaltérables de pudeur, d'honnêteté et de modestie", elle parle "du lien indissoluble et sacré" du mariage, elle fait l'éloge des devoirs de la femme mariée, "Que serait la vertu, sans les devoirs qu'elle impose ? Son culte est dans nos sacrifices, la récompense dans nos cœurs", elle condamne la passion qui n'est qu'"un goût frivole", "une puissance illusoire", elle n'hésite pas à faire l'éloge de Gercourt, alors que c'est son pire ennemi (lettre 104) En revanche, quand elle écrit à Valmont à propos de cette lettre, elle ne déguise plus et elle dit le fond de sa pensée : " Je suis fâchée de n'avoir pas eu le temps de prendre copie de ma lettre, pour vous édifier sur l'austérité de ma morale. Vous verriez comme je méprise les femmes assez dépravées pour avoir un Amant ! [...] l'idée de nuire à Gercourt m'a donné le courage d'en dire du bien." (lettre 106)
Valmont use de la même technique : il écrit ce que le destinataire veut entendre : la rencontre avec Émilie est présentée comme fortuite à Mme de Tourvel, il est allé à l'Opéra pour rencontrer un ami "pour une affaire importante" et il croisa Émilie, mais à Mme de Merteuil, il avoue que cette rencontre ne doit rien au hasard, " sous un prétexte assez léger, je laissai ma Belle [...] Mais moi, j'allai tranquillement rejoindre Émilie à l'Opéra" ,ce qui constitue une preuve infaillible qu'il "n'est point amoureux" (lettre 138), bien qu'il affirme le contraire à Mme de Tourvel, "Mais quelle peine m'imposerez-vous, qui me soit plus douloureuse que celle que je ressens ? qui puisse être comparée au regret de vous avoir déplus, au désespoir de vous avoir affligée, à l'idée accablante de m'être rendu moins digne de vous ?" (lettre 137). Cependant, si Mme de Tourvel est persuadée de l'innocence de Valmont, Mme de Merteuil n'est pas dupe de Valmont, elle sait qu'il lui ment " Aussi suis-je bien sûre que vous vous êtes bien humilié, bien avili, pour rentrer en grâce avec ce bel objet" (lettre 141)
Lettre 125
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
La voilà donc vaincue, cette femme superbe qui avait osé croire qu'elle pourrait me résister ! Oui, mon amie, elle est à moi, entièrement à moi, et depuis hier, elle n'a plus rien à m'accorder.
Je suis encore trop plein de mon bonheur, pour pouvoir l'apprécier, mais je m'étonne du charme inconnu que j'ai ressenti. Serait-il donc vrai que la vertu augmentât le prix d'une femme, jusque dans le moment même de sa faiblesse ? Mais reléguons cette idée puérile avec les contes de bonnes femmes. Ne rencontre-t-on pas presque partout une résistance plus ou moins bien feinte au premier triomphe ? et ai-je trouvé nulle part le charme dont je parle ? ce n'est pourtant pas non plus celui de l'amour ; car enfin, si j'ai eu quelquefois, auprès de cette femme étonnante, des moments de faiblesse qui ressemblaient à cette passion pusillanime, j'ai toujours su les vaincre et revenir à mes principes. Quand même la scène d'hier m'aurait, comme je le crois, emporté un peu plus loin que je ne comptais ; quand j'aurais, un moment, partagé le trouble et l'ivresse que je faisais naître : cette illusion passagère serait dissipée à présent ; et cependant le même charme subsiste. J'aurais même, je l'avoue, un plaisir assez doux à m'y livrer, s'il ne me causait quelque inquiétude. Serai-je donc, à mon âge, maîtrisé comme un écolier, par un sentiment involontaire et inconnu ? Non : il faut, avant tout, le combattre et l'approfondir.
Peut-être, au reste, en ai-je déjà entrevu la cause ! Je me plais au moins dans cette idée, et je voudrais qu'elle fût vraie.
Dans la foule de femmes auprès desquelles j'ai rempli jusqu'à ce jour le rôle et les fonctions d'amant, je n'en avais encore rencontré aucune qui n'eût, au moins, autant d'envie de se rendre que j'en avais de l'y déterminer ; je m'étais même accoutumé à appeler prudes celles qui ne faisaient que la moitié du chemin, par opposition à tant d'autres, dont la défense provocante ne couvre jamais qu'imparfaitement les premières avances qu'elles ont faites.
Ici, au contraire, j'ai trouvé une première prévention défavorable, et fondée depuis sur les conseils et les rapports d'une femme haineuse, mais clairvoyante ; une timidité naturelle et extrême, que fortifiait une pudeur éclairée ; un attachement à la vertu, que la religion dirigeait, et qui comptait déjà deux années de triomphe, enfin des démarches éclatantes, inspirées par ces différents motifs, et qui toutes n'avaient pour but que de se soustraire à mes poursuites.
Ce n'est donc pas, comme dans mes autres aventures, une simple capitulation plus ou moins avantageuse, et dont il est plus facile de profiter que de s'enorgueillir ; c'est une victoire complète, achetée par une campagne pénible, et décidée par de savantes manœuvres. Il n'est donc pas surprenant que ce succès, dû à moi seul, m'en devienne plus précieux ; et le surcroît de plaisir que j'ai éprouvé dans mon triomphe, et que je ressens encore, n'est que la douce impression du sentiment de la gloire. Je chéris cette façon de voir, qui me sauve l'humiliation de penser que je puisse dépendre en quelque manière de l'esclave même que je me serais asservie ; que je n'aie pas en moi seul la plénitude de mon bonheur ; et que la faculté de m'en faire jouir dans toute son énergie soit réservée à telle ou telle femme, exclusivement à toute autre.
Choderlos de Laclos - Lettre 125 (extrait) - Les Liaisons dangereuses
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Date de dernière mise à jour : 16/07/2021
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