Annales bac de français 2006, Pondichéry, série L. Objet d'étude, le théâtre, texte et représentation

Lycee francais de pondichery

Les sujets du baccalauréat de français 

Pondichéry 2006, série L 

 

 

 

Objet d'étude : Le théâtre, texte et représentation. Convaincre, persuader, délibérer. 


Textes 

Texte A - Marivaux, L'île des esclaves (1725), scène 1 et scène 2 (extrait)
Texte B - Jean Anouilh, Antigone (1944), extrait
Texte C - Jean-Paul Sartre, Les Mains sales (1947), 6ème tableau, scène 2 (extrait)
Texte D - Bernard-Marie Koltès, Le Retour audésert (1988), extrait.

 

 

 

Texte A - Marivaux (1688-1763), L'île des esclaves (1725).

[La scène se passe sur une île; Iphicrate, citoyen
d'Athènes, vient d'y être jeté par la tempête en compagnie de son esclave
Arlequin. Ils sont apparemment les seuls survivants du naufrage. Nous sommes
dans une antiquité de convention.]

Scène 1 

IPHICRATE. Eh ! ne
perdons point de temps, suis-moi, ne négligeons rien pour nous tirer d'ici ; si
je ne me sauve, je suis perdu, je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes
dans l'île des Esclaves.
ARLEQUIN. Oh, oh ! Qu'est-ce que c'est que cette
race-là ?
IPHICRATE. Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs
maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois
que c'est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur
coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou
de les jeter dans l'esclavage.
ARLEQUIN. Eh ! chaque pays a sa coutume ; ils
tuent les maîtres, à la bonne heure, je l'ai entendu dire aussi, mais on dit
qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi.
IPHICRATE. Cela est vrai.

ARLEQUIN. Eh ! encore vit-on.
IPHICRATE. Mais je suis en danger de
perdre la liberté, et peut-être la vie ; Arlequin, cela ne te suffit-il pas pour
me plaindre ?
ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire. Ah ! je vous plains
de tout mon cœur, cela est juste.
IPHICRATE. Suis-moi donc.
ARLEQUIN
siffle. Hu, hu, hu.
IPHICRATE. Comment donc, que veux-tu dire ?

ARLEQUIN, distrait, chante. Tala ta lara.
IPHICRATE. Parle donc, as-tu
perdu l'esprit, à quoi penses-tu ?
ARLEQUIN, riant. Ah ! ah ! ah ! Monsieur
Iphicrate la drôle d'aventure ; je vous plains, par ma foi, mais je ne saurais
m'empêcher d'en rire.
IPHICRATE, à part les premiers mots. Le coquin abuse
de ma situation, j'ai mal fait de lui dire où nous sommes. Arlequin, ta gaieté
ne vient pas à propos, marchons de ce côté.
ARLEQUIN. J'ai les jambes si
engourdies.
IPHICRATE. Avançons, je t'en prie.
ARLEQUIN. Je t'en prie,
je t'en prie ; comme vous êtes civil1 et poli ; c'est l'air du pays qui fait
cela.
IPHICRATE. Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur
la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une
partie de nos gens ; et en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux.

ARLEQUIN, en badinant. Badin2 ! comme vous tournez cela !
Il chante.
L'embarquement est divin.
Quand on vogue, vogue, vogue,
L'embarquement
est divin.
Quand on vogue avec Catin3.
IPHICRATE, retenant sa colère.
Mais je ne te comprends point, mon cher Arlequin.
ARLEQUIN. Mon cher patron,
vos compliments me charment ; vous avez coutume de m'en faire à coups de gourdin
qui ne valent pas ceux-là, et le gourdin est dans la chaloupe.
IPHICRATE. Eh
! ne sais-tu pas que je t'aime ?
ARLEQUIN. Oui, mais les marques de votre
amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. Ainsi tenez,
pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse ; s'ils sont morts, en
voilà pour longtemps ; s'ils sont en vie, cela se passera, et je m'en goberge4.

IPHICRATE, un peu ému. Mais j'ai besoin d'eux, moi.
ARLEQUIN,
indifféremment. Oh ! cela se peut bien, chacun a ses affaires ; que je ne vous
dérange pas !
IPHICRATE. Esclave insolent !
ARLEQUIN, riant. Ah ! ah !
vous parlez la langue d'Athènes, mauvais jargon que je n'entends5 plus.

IPHICRATE. Méconnais-tu ton maître, et n'es-tu plus mon esclave ?

ARLEQUIN, se reculant d'un air sérieux. Je l'ai été, je le confesse à ta
honte ; mais va, je te le pardonne : les hommes ne valent rien. Dans le pays
d'Athènes j'étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu
disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort : eh bien,
Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ; on va te faire esclave à ton
tour ; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras
de cette justice-là, tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. Quand tu
auras souffert, tu seras plus raisonnable, tu sauras mieux ce qu'il est permis
de faire souffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te
ressemblent recevaient la même leçon que toi. Adieu, mon ami, je vais trouver
mes camarades et tes maîtres. (Il s'éloigne.)
IPHICRATE, au désespoir,
courant après lui l'épée à la main. Juste ciel ! peut-on être plus malheureux et
plus outragé que je le suis ? Misérable, tu ne mérites pas de vivre.

ARLEQUIN. Doucement ; tes forces sont bien diminuées, car je ne t'obéis
plus, prends-y garde.

Scène 2 

TRIVELIN avec cinq ou six
insulaires arrive conduisant une Dame et la Suivante, et ils accourent à
IPHICRATE qu'ils voient l'épée à la main.
TRIVELIN. Arrêtez, que voulez-vous
faire ?
IPHICRATE. Punir l'insolence de mon esclave.
TRIVELIN. Votre
esclave ? vous vous trompez, et l'on vous apprendra à corriger vos termes. (Il
prend l'épée d'Iphicrate et la donne à Arlequin.) Prenez cette épée, mon
camarade, elle est à vous.

1. civil : courtois, poli.
2. badiner,
badin : plaisanter, plaisantin.
3 catin : diminutif de Catherine.
4. je
m'en goberge : je m'en moque.
5. entends : comprends.



Texte B - Jean Anouilh (1910-1987), Antigone (1944).

[Œdipe a eu deux fils,
Etéocle et Polynice, ainsi que deux filles, Antigone et Ismène. A sa mort ses
deux fils se sont entretués pour prendre le pouvoir. Leur oncle, Créon, refuse
d'enterrer Polynice qu'il considère comme un traître. Antigone décide de lui
rendre malgré tout les honneurs funèbres. Ismène tente de l'en dissuader.]


ISMÈNE – Tu sais, j'ai bien pensé, Antigone.
ANTIGONE – Oui.

ISMÈNE – J'ai bien pensé toute la nuit. Tu es folle.
ANTIGONE – Oui.

ISMÈNE – Nous ne pouvons pas.
ANTIGONE, après un silence, de sa petite
voix. – Pourquoi ?
ISMÈNE – Il1 nous ferait mourir.
ANTIGONE – Bien sûr.
A chacun son rôle. Lui, il doit nous faire mourir, et nous, nous devons aller
enterrer notre frère. C'est comme cela que ç'a été distribué. Qu'est-ce que tu
veux que nous y fassions ?
ISMÈNE – Je ne veux pas mourir.
ANTIGONE,
doucement – Moi aussi j'aurais bien voulu ne pas mourir.
ISMÈNE – Écoute,
j'ai bien réfléchi toute la nuit. Je suis l'aînée. Je réfléchis plus que toi.
Toi, c'est ce qui te passe par la tête tout de suite, et tant pis si c'est une
bêtise. Moi, je suis plus pondérée. Je réfléchis.
ANTIGONE – II y a des fois
où il ne faut pas trop réfléchir.
ISMÈNE – Si, Antigone. D'abord c'est
horrible, bien sûr, et j'ai pitié moi aussi de mon frère, mais je comprends un
peu notre oncle.
ANTIGONE – Moi je ne veux pas comprendre un peu.
ISMÈNE
– II est le roi, il faut qu'il donne l'exemple.
ANTIGONE – Moi, je ne suis
pas le roi. Il ne faut pas que je donne l'exemple, moi... Ce qui lui passe par
la tête, la petite Antigone, la sale bête, l'entêtée, la mauvaise, et puis on la
met dans un coin ou dans un trou. Et c'est bien fait pour elle. Elle n'avait
qu'à ne pas désobéir !
ISMÈNE – Allez ! Allez !... Tes sourcils joints, ton
regard droit devant toi et te voilà lancée sans écouter personne. Écoute-moi.
J'ai raison plus souvent que toi.
ANTIGONE – Je ne veux pas avoir raison.

ISMÈNE – Essaie de comprendre au moins !
ANTIGONE – Comprendre... Vous
n'avez que ce mot-là dans la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il
fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher à l'eau, à la belle eau fuyante et
froide parce que cela mouille les dalles, à la terre parce que cela tache les
robes. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout à la fois, donner
tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre, courir, courir dans
le vent jusqu'à ce qu'on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner
quand il est trop tôt ou trop tard, mais pas juste quand on en a envie !
Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre. Je comprendrai
quand je serai vieille. (Elle achève doucement.) Si je deviens vieille. Pas
maintenant.

1. Créon.



Texte C - Jean-Paul Sartre, Les Mains sales (1947), 6ème tableau, scène 2 (extrait).

[Hugo, jeune
communiste idéaliste, est devenu secrétaire de Hoederer dirigeant du parti
considéré par certains comme trop modéré. Hugo a pour mission de le tuer et
Hoederer l'a compris.]

HOEDERER – De toute façon, tu ne pourrais pas
faire un tueur. C'est une affaire de vocation.
HUGO – N'importe qui peut
tuer si le Parti le commande.
HOEDERER – Si le Parti te commandait de danser
sur une corde raide, tu crois que tu pourrais y arriver ? On est tueur de
naissance. Toi, tu réfléchis trop : tu ne pourrais pas.
HUGO – Je pourrais
si je l'avais décidé.
HOEDERER – Tu pourrais me descendre froidement d'une
balle entre les deux yeux parce que je ne suis pas de ton avis sur la politique
?
HUGO – Oui, si je l'avais décidé ou si le Parti me l'avait commandé.

HOEDERER – Tu m'étonnes. (Hugo va pour plonger la main dans sa poche mais
Hoederer la lui saisit et l'élève légèrement au–dessus de la table.) Suppose que
cette main tienne une arme et que ce doigt-là soit posé sur la gâchette...

HUGO – Lâchez ma main.
HOEDERER sans le lâcher. – Suppose que je sois
devant toi, exactement comme je suis et que tu me vises...
HUGO – Làchez-moi
et travaillons.
HOEDERER – Tu me regardes et au moment de tirer, voilà que
tu penses : « Si c'était lui qui avait raison ? » Tu te rends compte ?
HUGO
– Je n'y penserais pas. Je ne penserais à rien d'autre qu'à tuer.
HOEDERER –
Tu y penserais : un intellectuel, il faut que ça pense. Avant même de presser
sur la gâchette tu aurais déjà vu toutes les conséquences possibles de ton acte
: tout le travail d'une vie en ruine, une politique flanquée par terre, personne
pour me remplacer, le Parti condamné peut-être à ne jamais prendre le pouvoir...

HUGO – Je vous dis que je n'y penserais pas !
HOEDERER – Tu ne pourrais
pas t'en empêcher. Et ça vaudrait mieux parce que, tel que tu es fait, si tu n'y
pensais pas avant, tu n'aurais pas trop de toute ta vie pour y penser après. (Un
temps). Quelle rage avez-vous tous de jouer aux tueurs ? Ce sont des types sans
imagination : ça leur est égal de donner la mort parce qu'ils n'ont aucune idée
de ce que c'est que la vie. Je préfère les gens qui ont peur de la mort des
autres : c'est la preuve qu'ils savent vivre.
HUGO – Je ne suis pas fait
pour vivre, je ne sais pas ce que c'est que la vie et je n'ai pas besoin de le
savoir. Je suis de trop, je n'ai pas ma place et je gêne tout le monde ;
personne ne m'aime, personne ne me fait confiance.
HOEDERER – Moi, je te
fais confiance.
HUGO – Vous ?
HOEDERER – Bien sûr. Tu es un môme qui a
de la peine à passer à l'âge d'homme mais tu feras un homme très acceptable si
quelqu'un te facilite le passage. Si j'échappe à leurs pétards et à leurs
bombes, je te garderai près de moi et je t'aiderai.



Texte D : 
Bernard-Marie Koltès, Le Retour au désert (1988), extrait.


[Pendant !a guerre d'Algérie, Mathilde revient en France avec son fils Édouard dans
l'intention de récupérer la maison familiale et de régler des comptes. Une
violente dispute l'oppose à son frère Adrien devant les serviteurs, Aziz et
Madame Queuleu.]

AZIZ – Qu'ils se tapent donc, et, quand ils seront
calmés, Aziz ramassera les morceaux.
Entre Édouard.
MADAME QUEULEU –
Édouard, je t'en supplie, je vais devenir folle
Édouard retient sa mère,
Aziz retient Adrien.
ADRIEN – Tu crois, pauvre folle, que tu peux défier le
monde ? Qui es-tu pour provoquer tous les gens honorables ? Qui penses-tu être
pour bafouer les bonnes manières, critiquer les habitudes des autres, accuser,
calomnier, injurier le monde entier ? Tu n'es qu'une femme, une femme sans
fortune, une mère célibataire, une fille-mère, et, il y a peu de temps encore,
tu aurais été bannie de la société, on te cracherait au visage et on
t'enfermerait dans une pièce secrète pour faire comme si tu n'existais pas. Que
viens-tu revendiquer ? Oui, notre père t'a forcée à dîner à genoux pendant un an
à cause de ton péché, mais la peine n'était pas assez sévère, non. Aujourd'hui
encore, c'est à genoux que tu devrais manger à notre table, à genoux que tu
devrais me parler, à genoux devant ma femme, devant Madame Queuleu, devant tes
enfants. Pour qui te prends-tu, pour qui nous prends-tu, pour sans cesse nous
maudire et nous défier ?
MATHILDE – Eh bien, oui, je te défie, Adrien; et
avec toi ton fils, et ce qui te sert de femme. Je vous défie, vous tous, dans
cette maison, et je défie le jardin qui l'entoure et l'arbre sous lequel ma
fille se damne, et le mur qui entoure le jardin. Je vous défie, l'air que vous
respirez, la pluie qui tombe sur vos tètes, la terre sur laquelle vous marchez ;
je défie cette ville, chacune de ses rues et chacune de ses maisons, je défie le
fleuve qui la traverse, le canal et les péniches sur le canal, je défie le ciel
qui est au-dessus de vos tètes, les oiseaux dans le ciel, les morts dans la
terre, les morts mélangés à la terre et les enfants dans le ventre de leurs
mères. Et, si je le fais, c'est parce que je sais que je suis plus solide que
vous tous, Adrien.
Aziz entraîne Adrien, Édouard entraîne Mathilde.
Mais
ils s'échappent et reviennent.
MATHILDE – Car sans doute l'usine ne
m'appartient-elle pas, mais c'est parce que je n'en ai pas voulu, parce qu'une
usine fait faillite plus vite qu'une maison ne tombe en ruine, et que cette
maison tiendra encore après ma mort et après celle de mes enfants, tandis que
ton enfant se promènera dans des hangars déserts où coulera la pluie en disant :
C'est à moi, c'est à moi. Non, l'usine ne m'appartient pas, mais cette maison
est à moi et, parce qu'elle est à moi, je décide que tu la quitteras demain. Tu
prendras tes valises, ton fils, et le reste, surtout le reste, et tu iras vivre
dans tes hangars, dans tes bureaux dont les murs se lézardent, dans le fouillis
des stocks en pourriture. Demain je serai chez moi.
ADRIEN – Quelle
pourriture ? Quelles lézardes ? Quelles ruines ? Mon chiffre d'affaires est au
plus haut. Crois-tu que j'ai besoin de cette maison ? Non. Je n'aimais y vivre
qu'à cause de notre père, en mémoire de lui, par amour pour lui.
MATHILDE –
Notre père ? De l'amour pour notre père ? La mémoire de notre père, je l'ai mise
aux ordures il y a bien longtemps.
ADRIEN – Ne touche pas à cela, Mathilde.
Respecte au moins cela. Cela au moins, ne le salis pas.
MATHILDE – Non, je
ne le salirai pas, cela est déjà très sale tout seul.
 

I- Après avoir lu tous les textes du corpus, vous répondrez â la question suivante (4 points) :

Après avoir rapidement défini l'enjeu de l'affrontement dans chacune de ces scènes, vous direz laquelle vous paraît la plus intense. Vous justifierez votre choix..

II. Vous traiterez ensuite, au choix, l'un des sujets suivants (16 points) :

Commentaire
Vous commenterez l'extrait de la pièce de Koltès, Le retour au désert (texte D).

Dissertation
En vous appuyant sur le corpus, vos lectures et éventuellement votre expérience de spectateur, vous vous demanderez de quelles ressources spécifiques dispose le théâtre pour représenter les conflits, les débats, les affrontements qui peuvent exister dans les rapports humains..

Invention 
Un metteur en scène s'adresse à l'ensemble de son équipe (acteurs, scénographe, costumiers, éclairagistes...) pour définir ses choix d'interprétation de l'extrait d'Antigone (texte B) et donner ses consignes pour qu'elle devienne, lors du spectacle, une grand scène d'affrontement.
Vous rédigerez son intervention.

 


 

 
 

Date de dernière mise à jour : 22/04/2021

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