Husserl 1

Suis-je le mieux placé pour me connaître ? Dissertation corrigée

Suis-je le mieux placé pour me connaître ?

Existe-t-il une situation idéale ou privilégiée pour se connaître soi-même ? Suis-je moi-même dans une telle position ? Quel rôle jouent les autres dans la connaissance de moi-même ?

 

 

Suis-je le mieux placé pour me connaître ?

 

À première vue, il semble évident que nul ne se connaît mieux que soi-même puisque nous sommes seuls à avoir accès à notre propre conscience. Inversement, un certain nombre d’expériences comme le fait de se mentir à soi-même ou de se faire des illusions sur nous-mêmes impliquent la possibilité de se tromper sur soi-même. De sorte que dans ces cas, seule une extériorité par rapport à ma conscience pourrait m’aider à mieux me connaître.

La question se pose donc de savoir si je suis ou non le mieux placé pour me connaître : existe-t-il une situation idéale ou privilégiée pour se connaître soi-même ? Suis-je moi-même dans une telle position ? Quel rôle jouent les autres dans la connaissance de moi-même ?

Pour répondre au problème, nous commencerons d’abord par fonder l’évidence selon laquelle personne d’autre que moi n’est en position privilégiée pour me connaître. Puis nous reviendrons sur ce privilège en en montrant les limites.

 

Hypothèse 1 :

Personne d’autre que moi ne peut savoir mieux que moi qui je suis

-Le sentiment de l’intériorité me donne l’évidence que je suis seul à me connaître du fait que j’ai accès à un monde interne à moi

-D’ailleurs, l’idée même d’avoir une identité repose sur ma conscience et, à travers elle, ma conscience (J. Locke). Comment pourrais-je en effet affirmer que j’ai une identité sans conscience de cette même identité ?

-Enfin, le phénomène de l’introspection me met dans une position privilégiée pour m’analyser, me juger, etc.

Objection :

cependant, si je suis seul à avoir accès à mes pensées, sont-elles pour autant toujours fidèles à qui je suis vraiment ? Ne puis-je pas me tromper sur moi-même du fait même que je suis seul ?

Hypothèse 2 :

je peux me tromper sur moi-même et donc mal me connaître

-À cause de l’intériorité, je manque logiquement d’extériorité : c’est pourquoi il me sera toujours difficile d’avoir la distance nécessaire pour établir une connaissance objective sur moi-même

-Dans cette optique, les autres peuvent parfois m’aider à me défaire de certaines illusions

-D’ailleurs, Kant établit à juste titre que « penser par soi-même » nécessite de « se mettre à la place de l’autre », et que l’on ne peut donc pas penser par soi-même sans intersubjectivité

Objection :

toutefois, si l’intersubjectivité offre une solution pour penser en général, peut-elle m’aider à mieux me penser moi-même et ainsi à mieux me connaître ?

Hypothèse 3 :

La connaissance de soi a besoin d’extériorité pour se réaliser

-Si la connaissance de soi passe par moi-même (hypothèse 1), elle ne peut s’effectuer qu’en relation aux autres

-D’où la nécessité d’admettre qu’une partie de moi-même échappe à ma conscience. Celle-ci pouvant être formée par mes relations concrètes aux autres, et aussi par mon inconscient. -L’hypothèse de l’inconscient (Freud) permet en effet d’expliquer pourquoi il existe en moi quelque chose d’autre que ma conscience : on ne peut, écrit Freud, tenir pour identique le psychique et le conscient. Mais là où j’ai l’impression que cette altérité est étrangère à moi, le dialogue avec mon inconscient (aidé par l’analyste) va m’apprendre que l’inconscient vient de moi (« rien d’étranger n’est entrer en toi » écrit Freud). En conséquence, il convient de se défaire de l’illusion que ma conscience est souveraine dans la connaissance de soi.

Le problème était de savoir si j’étais en position privilégiée pour me connaître. Après avoir montré que ma position était de fait privilégié, nous avons montré qu’en droit celle-ci pouvait toujours causer une méconnaissance de soi. Ainsi avons-nous établi qu’il était nécessaire d’admettre une forme d’extériorité (autrui, l’inconscient en soi-même) pour m’aider à mieux me connaître

Philosophie - méthode et repérage

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