Rousseau 5

Peut-il être juste de désobéir aux lois ? Dissertation philosophique corrigée

Peut-il être juste de désobéir aux lois ?

 

Peut-on parler de désobéissance légitime ? L’obéissance aux lois de l’Etat est-elle toujours juste ? Est-elle le tout de la justice ? D’un point de vue juridique le premier devoir du citoyen est d’obéir. Celui qui désobéit enfreint la loi, viole le contrat social. Le code civil n’admet la désobéissance que si l’ordre est manifestement illégal. Dans ce cas, la responsabilité de l’exécutant est entière. Néanmoins cette idée d’une désobéissance légitime garde un sens pour la conscience qui peut vivre un conflit de loyauté entre le respect qu’elle doit à la loi et les principes moraux auxquels elle peut être attachées. Toutefois la conscience peut-elle être autre chose qu’une instance subjective ? Cette idée apparait donc d’emblée comme problématique : si la loi est injuste alors il semble juste de lui désobéir, et y obéir serait commettre une injustice. Mais, en même temps, il par définition injuste de désobéir aux lois. Le principe de la loi étant que tous la respectent, la loi mettant tout le monde à égalité. Or désobéir c’est rompre cette égalité, s’octroyer un régime de faveur. Le principe même de la loi est ainsi que l’on renonce à être juge. C’est ce que dit Pascal lorsqu’il affirme qu’on doit obéir à la loi parce que c’est la loi, et non parce qu’elle est juste. Sans la loi, chacun déciderait de ce qui est juste ou pas (selon les valeurs auxquelles il est attaché, à la liberté plus qu’à l’égalité). Est-il juste de désobéir ? Au nom de quelle valeur ? (la conscience, la foi, la morale ?). Il y a une discussion infinie. La loi dit clairement à chacun ce qu’il doit faire, ce qui n’est pas toujours le cas de la morale. Mais si la loi ne nous laisse pas le pouvoir de décider, elle requiert néanmoins une obéissance intelligente, éclairée, nullement aveugle. Ce qui est juste, c’est que l’obéissance soit intelligente. Ce qui laisse donc une place pour l’examen, la critique, la contestation et la révolte. Quand la loi est en contradiction manifeste avec les principes fondamentaux de respect de la dignité ou quand la loi est criminelle, l’obligation de désobéir en conscience devient pensable et légitime

Proposition de plan

I) Il est par définition injuste de désobéir à la loi

- L’essence de la loi est d’être obéie

- L’imperfection des lois n’est pas une raison pour leur désobéir

II) La loi n’est pas toujours juste, le légal ne se confond pas avec le légitime. La désobéissance peut sembler plus juste que l’obéissance

- L’infraction est injuste par définition, même si l’on peut établir une distinction entre ce qui est légal (droit positif) et légitime (droit naturel ou idéal de justice) : exemple d’Antigone

- Or, si le droit n’est que l’effet de la force alors désobéir peut devenir un devoir

III) La désobéissance à la loi n’est juste qu’à condition d’être le dernier recours exceptionnel du sujet conscient de son devoir de citoyen.

- La désobéissance civile (légitime) doit être adossée, au-delà de principes moraux, à un droit international qui codifie ce que sont les droits fondamentaux (droits de l’homme)

-  J. Rawls pour qui la désobéissance civile ne peut se réduire à un « caprice » mais renvoie à la conscience morale et citoyenne

- La raison universelle, les lois de la conscience, les grands principes, sont presque toujours en réalité des produits de la paix civile et implique donc le rôle de l’Etat lui-mêm

Philosophie - méthode et repérage

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