S'entraîner au commentaire linéaire. Exercice bac, les repérages pour réussir l'analyse Le Dormeur du val Rimbaud

Le 24/05/2023
Dans Les Cahiers de Douai, Rimbaud, parcours bac "Emancipations créatrices"- La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
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Quiz bac Rimbaud, "Cahiers de Douai",

Parcours bac, recueil, études linéaires, littéraires

Oeuvres renouvelées au bac de français 2024

Emancipations créatrices / Quiz

Grammaire

Citations "Les Cahiers de Douai"

Versification des 22 poèmes /Quiz

Thèmes des 22 poésies /Quiz

Les Cahiers de Douai d’Arthur Rimbaud.
Initiation au commentaire linéaire
"Le Dormeur du val"

Le Dormeur du Val, (1870) Arthur Rimbaud

Rimbaud 1 Lecture du poème :

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, lèvre bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud

Octobre 1870

Pour aller plus loin "Le Dormeur du val"

A consulter Rimbaud

Pour préparer ou réviser le commentaire linéaire "Le Dormeur du val"

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L'étude linéaire du Dormeur du val intégralement rédigée

Le dormeur du val el (637.84 Ko)

Le dormeur du val suite de l etude lineaire (683.81 Ko)

Introduction
Présenter le poème
Poésie de Rimbaud issue des Cahiers de Douai
Par cette poésie "Le Dormeur du val", Rimbaud dénonce l'absurdité de la guerre franco-prussienne de 1870
Il s'agit d'un tableau intimiste d'un soldat endormi dans une nature bucolique et paisible qui se révèle progressivement tragique dans le dernier tercet.
Formuler la problématique
En quoi le Dormeur du val est-il une dénonciation de la guerre?

Mouvements
Mouvement 1
Description d'un val merveilleux = le premier quatrain
Mouvement 2
Le repos d'un soldat = deuxième quatrain
Mouvement 3
Le regard porté par le lecteur sur la position étrange du soldat = premier tercet
Mouvement 4
La chute finale du sonnet = second tercet

Etape par étape Faire le repérage pour contruire l'étude linéaire Mouvement 1 Description d'un val merveilleux = Image d'une nature paisible

Pour faire le repérage du premier quatrain, répondez à la question :
Comment la présentation du val suggère t'-elle l'image d'une nature paisible et d'un cadre idyllique?

Description d'un cadre idyllique dès les premiers vers.
Vue d'ensemble du val + son de la rivière évoqué par le verbe "chante"
Personnification de la rivière "chante", "accrochant", "follement"
Assonnance en "AN"
Le cadre est merveilleux - l'effet rendu est encore accentué par le double rejet "D'argent" et "Luit".
Régularité de l'alexandrin puis rupture au dernier vers du quatrain de 11 syllabes "Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons."
Les éléments naturels dominent dans ce quatrain, "rivière", "herbes", "montagne".
"montagne" : elle est personnifiée "fière"
La description du val est enserré par la symétrie des vers 1 et 2 puis le vers 4 "c'est..."/"c'est".
Oxymore "mousse de rayons" qui connote les gouttelettes, la lumière

Mouvement 2 Le repos d'un soldat Le corps d'un soldat apparaît dans le second quatrain

Pour faire le repérage du second quatrain, répondez à ces questions :
Comment le soldat est-il décrit?
Comment le verbe "dort" est-il mis en valeur?

Le soldat est assimilé à un corps décrit par sa "bouche", sa "tête", sa "nuque". Le visage est seulement suggéré par l'adjectif qualificatif "pâle" au vers 8.
Le lecteur croit qu'il s'agit d'un soldat endormi, "la bouche ouverte", "la tête nue", il se repose dans "le frais cresson bleu". Il semble respirer ainsi, "la bouche ouverte" et cette idée est encore renforcée par l'enjambement à la césure du vers 5
"Un soldat jeune, lèvre bouche ouverte, tête nue,"
Le vers 6 met l'accent sur le paysage bucolique
Vers 7 : rejet "Dort", cela crée une rupture rythmique
Le champ lexical du repos domine "dort", "est étendu" dans une nature apaisante "dans l'herbe", "sous la nue"
Les couleurs des vers 6 et 8 "le vert", "le bleu" = l'herbe suggère la couleur verte, "la nue" connote le bleu
Elles contrastent avec la couleur "pâle" du soldat dormeur. La lumière du dernier vers se reflète en rayons dorés, "la lumière pleut". L'image de la pluie, la verticalité s'oppose à l'horizontalité de la position du soldat "son lit".
Allitération "pâle"/"pleut"

Mouvement 3 Le regard porté par le lecteur sur la position étrange du soldat = premier tercet

Pour faire le repérage du premier tercet, répondez à ces questions :
En quoi la position du soldat interroge t'-elle le lecteur? Pourquoi peut-on dire que le soldat est étange?
Que provoquent les répétitions et les oppositions présentes dans le premier tercet?

Du visage "pâle" aux "pieds" du soldat, Rimbaud force le lecteur à prendre du recul par rapport à la position du soldat.
Le regard part des "pieds", ils sont "dans les glaïeuls"
Répétition du verbe dormir, "il dort", vers 9
"Souriant/sourirait" : participe présent/conditionnel. Comparaison à un "enfant malade". Image suggestive qui interpelle le lecteur et suscite l'interrogation tout en créant un effet paisible
Cependant l'immobilité du soldat, sa pâleur, l'image de "l'enfant malade" sont sujets à interprétation pour le lecteur. Les termes deviennent ambivalents.
Champ lexical de l'endormissement et du sommeil, "il dort", "un somme", "berce-le"
Le sommeil devient ambigu, le champ lexical du sommeil est omniprésent et dès le titre "Le Dormeur du val".
La nature devient Mère nature, ce tercet renvoie l'image d'un enfant malade bercé par sa mère
L'opposition du dernier vers "Nature, berce-le chaudement : il a froid." éveille l'inquiétude du lecteur. La Nature est une entité à part entière ainsi que le suggère la majuscule. L'idée est encore suggérée par l'impératif "berce-le" et l'apostrophe. L'ambivalence des termes est encore renforcée, à présent certains détails laissent penser que le soldat est tombé là sans avoir choisi de faire un somme au sein de la nature, "il a froid" : cela évoque l'idée désagréable qu'il n'a pas choisi d'être là.

Mouvement 4 La chute finale du sonnet = second tercet

Pour faire le repérage du deuxième tercet, répondez aux questions suivantes :
Comment la mort est-elle paradoxalement évoquée?
Analysez la chute finale et montrez comment elle force une nouvelle lecture du poème pour en donner une nouvelle interprétation

Négation : "Les parfums ne font pas frissonner sa narine". Elle est annonciatrice de la fin de la vie du soldat; c'est une litote.
Vers 13 "il dort", cinquième occurrence
"Tranquille", épithète liée à "poitrine".
Dernier vers : la chute
Le lecteur comprend que le soldat est mort après avoir reçu deux balles dans le coeur "du côté droit"
La mort est évoquée par cet euphémisme
Le lecteur accède alors à une autre lecture de la poésie, la deuxième interprétation lui fait comprendre que le soldat ne dort pas, il est mort. La Nature se fait tombeau et le corps du soldat baigne dans les fleurs de deuil, "Les pieds dans les glaïeuls".
L'ambiguité est levée. L'effet de surprise est total.
Enjeu : dénonciation de la guerre
Le soldat est mort à la guerre. Rimbaud en fait une description presque picturale. C'est un soldat inconnu, resté anonyme et représentatif de tous les sacrifiés, tués pendant la guerre, ici la guerre franco-prussienne.

Conclusion
Cette poésie est une dénonciation de la guerre, la tonalité est intimiste et permet de dévoiler par la chute du dernier vers du dernier tercet, l'absurdité de la guerre soulignant ainsi l'antimilitarisme de Rimbaud.
Ouverture possible
On retrouve dans le poème "Le Mal" une dénonciation de la guerre

Exercice Grammaire Les formes verbales du premier tercet

Relevez les verbes présents dans le premier tercet, les verbes conjugés à un mode personnel et le participe (mode impersonnel).
Indiquez les modes et les temps des verbes relevés
Justifiez l'emploi des modes personnels
- Indicatif + conditionnel + impératif -
Comment expliquez-vous la présence de l'indicatif?
Qu'exprime le conditionnel?
Que traduit l'impératif?

Lecture du premier tercet
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Exercice Le Dormeur du val en lien avec le parcours bac

C'est une poésie d'une grande modernité. Pour le montrer, relevez les rejets et contre-rejets présents dans le sonnet et montrez qu'ils révèlent le refus de l'harmonie traditionnelle et l'ambition de créer une poésie nouvelle chez Rimbaud.
Les audaces de l'écriture sont révélatrices de son "émancipation créatrice"
*** Emancipation poétique, cf le parcours bac "Emancipations créatrices"

Rejets = « d'argent », « luit », « Dort » « tranquille »

LE REJET est un élément bref placé en début de vers qui se trouve étroitement lié par la construction au vers précédent et est mis en valeur par sa position particulière :
Exemple : Rimbaud, « Le Dormeur du val »
« Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. »
 le rejet au vers suivant de l’adjectif « tranquille » le met en valeur, c’est un indice de la mort du personnage.
Contre-rejet = « souriant comme.... enfant malade »