La poésie du Moyen-Âge au 18e. Histoire, lexique, versification. Vers le bac, initiation commentaire, dissertation, repérage des procédés littéraires
- Le 30/06/2023
- Dans Le français en seconde
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Séquence poésie
Qu'est-ce que la poésie? Histoire et lexique de la poésie. Fiches sur la versification
La poésie est un genre littéraire très ancien, aux formes variées, écrites généralement en vers mais qui admettent aussi la prose, et qui privilégient l'expressivité de la forme, les mots disant plus qu'eux-mêmes par leur choix (sens et sonorités) et leur agencement (rythmes, métrique, figures de style). Sa définition se révèle difficile et varie selon les époques, au point que chaque siècle a pu lui trouver une fonction et une expression différente, à quoi s'ajoute l'approche propre à la personnalité de chaque poète.
Le terme « poésie » et ses dérivés « poète », « poème » viennent du grec ancien ποίησις (poiesis), le verbe ποιεῖν (poiein) signifiant « faire, créer » : le poète est donc un créateur, un inventeur de formes expressives, ce que révèlent aussi les termes du Moyen Âge trouvère et troubadour. Le poète, héritier d'une longue tradition orale, privilégie la musicalité et le rythme, d'où, dans la plupart des textes poétiques, le recours à une forme versifiée qui confère de la densité à la langue. Le poète recherche aussi l'expressivité par le poids accordé aux mots comme par l'utilisation des figures de style et au premier chef des images et des figures d'analogie, recherchées pour leur force suggestive.
La poésie s'est constamment renouvelée au cours des siècles avec des orientations différentes selon les époques, les civilisations et les individus. On peut par exemple distinguer le poète artiste soucieux d'abord de beauté formelle, le poète « lyrique » qui cultive le « chant de l'âme », le poète prophète, découvreur du monde et « voyant », ou le poète engagé, sans cependant réduire un créateur à une étiquette simplificatrice. Le poète, la poète (rare), poétesse ou femme poète est une personne qui possède l'art de combiner les mots, les sonorités, les rythmes pour évoquer des images, suggérer des sensations, des émotions.
Dans l’Antiquité grecque, toute expression littéraire est qualifiée de poétique, qu’il s’agisse de l’art oratoire, du chant ou du théâtre : tout « fabricant de texte » est un poète comme l’exprime l’étymologie. Les philosophes grecs cherchent à affiner la définition de la poésie et Aristote dans sa Poétique identifie trois genres poétiques : la poésie épique, la poésie comique et la poésie dramatique. Plus tard les théoriciens de l’esthétique retiendront trois genres : l’épopée, la poésie lyrique et la poésie dramatique (incluant la tragédie comme la comédie), et l’utilisation du vers s’imposera comme la première caractéristique de la poésie, la différenciant ainsi de la prose. Le mot poésie évoluera encore vers un sens plus restrictif en s’appliquant aux textes en vers qui font un emploi privilégié des ressources rhétoriques, sans préjuger des contenus : la poésie sera descriptive, narrative et philosophique avant de faire une place grandissante à l’expression des sentiments.
Poésie versifiée et poème en prose
La mise en page du texte poétique est traditionnellement fondée sur le principe du retour et de la progression dans la reprise que figure l’utilisation du vers (régulier ou non), même s’il existe des formes métissées comme le poème en prose ou la prose poétique qui reprennent les caractéristiques du texte poétique. La naissance du genre du poème en prose en tant que tel est généralement associée à la publication par Aloysius Bertrand de Gaspard de la Nuit. c'est ensuite Charles Baudelaire, avec les Petits Poèmes en prose, qui « imposa le poème en prose comme une forme poétique reconnue »
Les poètes modernes se libèrent peu à peu de ces règles : par exemple les poètes français introduisent dans la deuxième moitié du xixe siècle le vers libre puis le verset, et en remettant aussi en cause les conventions classiques de la rime qui disparaît largement au xxe siècle. Ex, Apollinaire, Calligrammes
Musicalité et rythme
L’origine orale et chantée de la poésie qu’évoquent la lyre d’Orphée ou la flûte d’Apollon marque l’expression poétique qui se préoccupe des rythmes avec le compte des syllabes (vers pairs / vers impairs, « e muet »…) et le jeu des accents et des pauses (césure, enjambement…). La poésie exploite aussi les sonorités particulièrement avec la rime (retour des mêmes sons à la fin d’au moins deux vers avec pour base la dernière voyelle tonique) et ses combinaisons de genre (rimes masculines ou féminines), de disposition (rimes plates, croisées ou embrassées) et de richesse (rimes pauvres, suffisantes ou riches). Elle utilise aussi les reprises de sons dans un ou plusieurs vers (allitérations et assonances), le jeu du refrain (comme dans la ballade ou le Pont Mirabeau d’Apollinaire) ou la correspondance entre le son et le sens avec les harmonies imitatives (exemple fameux : « Pour qui sont ces serpents… », Racine) ou les rimes sémantiques (automne/monotone).
Le poète exploite toutes les ressources de la langue en valorisant aussi les mots par leur rareté et leur nombre limité ainsi que les figures de style
Les figures de style
Une figure de style est un procédé qui consiste à rendre ce que l’on veut dire plus expressif, plus impressionnant, plus convaincant, plus séduisant…Elle est utilisée en littérature, dans les beaux discours mais aussi dans le langage courant. Autrement dit, une figure de style permet de créer un effet sur le destinataire d’un texte (écrit ou parlé).
Les figures de style (115.59 Ko)
Les genres et les courants orientés vers la forme
Le souci de la forme est bien sûr constant chez les poètes et des règles prosodiques s’élaborent peu à peu aux xvie et xviie siècles (compte du « e muet », diérèse/synérèse, césure, pureté des rimes…). Cette importance accordée au travail poétique passe par les Grands rhétoriqueurs de la fin du xve siècle puis la Pléiade et les classiques (« Beauté, mon beau souci », dira François de Malherbe), avant de réapparaître au xixe siècle en réaction aux effusions et aux facilités de la poésie romantique. Les théoriciens et praticiens de l'art pour l'art, partageant la conviction que « l'art naît de contraintes, vit de lutte et meurt de liberté », comme le dira au siècle suivant André Gide, défendront les règles traditionnelles (vers syllabique, rimes, poèmes à forme fixes comme le sonnet) avec Théophile Gautier ou les Parnassiens comme Théodore de Banville, Leconte de Lisle ou José-Maria de Heredia. Cette conception esthétique ira même avec Mallarmé jusqu’à un certain hermétisme en cherchant à « donner un sens plus pur aux mots de la tribu » et à relever des défis formels (comme le sonnet en -ixe/-yx de Mallarmé, les Calligrammes d’Apollinaire, etc.) que systématiseront au milieu du xxe siècle les jeux de l'Oulipo et de Raymond Queneau
Vocabulaire
- Un calembour :
- Jeu d’esprit fondé sur la différence de sens entre des mots qui se prononcent de la même manière. Ex : la Fée Lure, l’Ange Lure, synonyme jeu de mots
- une épître :
- Au XVIème s., poème à rimes plates qui constitue une lettre à un ami ou à un protecteur et traite sur un ton familier de sujets moraux ou littéraires souvent sur le ton de confidences personnelles.
- une épigramme :
- Poème assez court pour pouvoir constituer une inscription sur un monument (cf. étym. grecque) généralement terminé par un trait spirituel ou satirique. Dans un sens plus large = poème satirique bref (cf. Marot)
- un rondeau :
- Poème à forme fixe <Moyen Age composé de 3 stophes sur 15 vers jouant sur 2 rimes + un refrain qui reprend les derniers mots du dernier vers.
- un dizain :
- Poème de 10 octosyllabes ou décasyllabes.
- une églogue :
- Poème pastoral (cadre naturel) synonyme bucolique consistant en un dialogue entre deux bergers : répandu au seizième siècle surt
- une élégie :
- dans l’Antiquité = poème lyrique dans lequel s’expriment des sentiments mélancoliques provoqués par un deuil ou un amour malheureux.
- poème triste qui exprime la mélancolie.
- lyrique :
- à l’origine = poésie chantée avec accompagnement de la lyre.
- moderne = poème qui a gardé les thèmes du lyrisme antique càd qui exprime les sentiments que certains événements provoquent dans l’âme du poète. Le lyrisme exprime toujours une émotion.
- une ode : dans l’Antiquité = tout poème destiné à être mis en musique. Mais le mot s’est spécialisé pour désigner une forme de poésie lyrique caractérisée par : ses thèmes , son adresse à un personnage célèbre ou aimé, sa construction en strophes et la prédominance de certains rythmes.
- un sonnet : 14 vers formé de 2 quatrains et deux tercets sur 5 rimes : vient de la Renaissance italienne
Citations autour de la poésie
- - La poésie, on ne sait pas ce que c'est, mais on la reconnaît quand on la rencontre. (Jean L'Anselme)
- - La poésie est un monde enfermé dans un homme. (Victor Hugo)
- - La poésie, c'est ce qu'on rêve, ce qu'on imagine, ce qu'on désire et ce qui arrive, souvent. (Jacques Prévert)
- - La poésie, c'est de savoir dire qu'il pleut quand il fait beau et qu'il fait beau quand il pleut. (Raymond Queneau)
- - La poésie, c'est le langage dans le langage. (Paul Valéry)
- - La poésie est cette musique que tout homme porte en soi. (William Shakespeare)
- - La poésie est la rencontre de deux mots que personne n'aurait pu imaginer ensemble. (Federico Garcia Lorca)
Le lexique de la poésie
- Lexique à télécharger
- Poesie lexique (121.1 Ko)
- Fiches sur la versification
- Fiche versification retenir l essentiel (75.7 Ko)
- Fiche versification (267.92 Ko)
1)longueur des vers
- _ un alexandrin : 12 syllabes
- _ un decasyllabe : 10 syllabes
- _ un octosyllabe : 8 syllabes
compte des syllabes : la règle du "e" muet
e est muet devant voyelle et en fin de vers
. Ex : “Sur ma jou(e) en riant ell(e) essui(e) une larm(e)” (Racine)
e compte pour une syllabe devant consonne.
Ex : “Donne-lui tout de mêm(e) à boire, dit mon pèr(e)” (Hugo)
2)longueur des strophes
- _ un quatrain : strophe de 4 vers
- _ un tercet : strophe de 3 vers
- _ un distique : strophe de 2 vers
Un sonnet est un poème qui commence par deux quatrains et qui s'achève par deux tercets .
3)la disposition des rîmes
- _ AABB : rîmes suivies ou plates
- _ ABAB : rîmes croisées
- _ ABBA : rîmes embrassées
Rimes pauvres / suffisantes / riches
- Les rimes pauvres : un son en commun.
- Les rimes suffisantes : deux sons en commun.
- Le rimes riches : trois son ou plus en commun.
4)le rythme du vers
- a) Le bruit des cabarets , la fange des trottoirs
- b) Toits qui dégouttent , murs suintants , pavé qui glisse
- c) Au cel , au vent , au roc , à la nuit , à la brume
- d) Au fond , dans l'encoignure où quelque humble vaisselle
- Au planches d'un bahut vaguement etincelle .
- a) L'alexandrin est séparé en milieu de vers par une virgule que l'on appelle une césure :
- le rythme (6/6) est binaire
- b) Le vers ce décompose en trois parties égales :
- le rythme (4/4/4) ternaire est un trimètre .
- c) Le vers est décomposé en nombreuses parties :
- le rythme (2/2/2/3/3) saccadé
- d) Le sens de la phrase est sur deux vers :
- le rythme (2/10) enjambement
Allitération / Assonance pour jouer avec les sons
- Une allitération est la répétition d’un même son produit par une consonne.
- Exemple : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? (allitération en [s])
- Une assonance est la répétition d’un même son produit par une voyelle.
- Exemple: La houle roule et tourmente les flots, et les foule. (assonance en [ou])
- Formes poétiques
- On distingue la farce, la fable, le sonnet ou encore le poème en prose.
Vocabulaire : exercice
Rime = Même …..................... à la fin de deux ou plusieurs vers Vers = C'est un ensemble de ….............................. comme une …............................., caractérisé par un …..........................…........................................ à chaque fois. Plusieurs vers forment une …................................... .
Versification : Une …............................ est un groupe de vers. Plusieurs strophes forment un …........................... En fonction du nombre de vers qu'elles comportent, on peut nommer les strophes :
• monostiche pour une strophe d'1 vers ;
• distique pour une strophe de 2 vers ;
• t..........................pour une strophe de 3 vers ;
• q.......................... pour une strophe de 4 vers ;
• q........................... pour une strophe de 5 vers ;
• s................................ pour une strophe de 6 vers ;
Trouver le schéma de rimes
Soleils couchants
Paul Verlaine
Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon cœur qui s’oublie
Aux soleils couchants.
Et d’étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
À de grands soleils
Couchants sur les grèves.
Paul Verlaine, Poèmes saturniens
Corrigé du schéma de rimes
- Le schéma des rimes est alterné (ou croisé) : ABAB. Ce rythme crée une certaine monotonie propre à reprendre une berceuse mais dans les quatre derniers vers, les rimes sont embrassées (ABBA).
- Le son [ã] (« an ») apparaît à la rime mais également dans les vers (assonance). Cela crée un effet d’écho qui rythme le poème et lui donne une sonorité angoissante.
Contrôle sur la poésie
Document dubrevetaubac, site partenaire
1 - Les règles de la versification :
- - Qu'est ce qu'un vers libre?
- - Quelle est la règle du "e" muet?
- - Définir la diérèse et donner un exemple
- - Définir l'allitération
- - Définir l'enjambement
2 - Les poèmes à forme fixe
- - Définir le sonnet
- - Le quatrain
- - Le tercet
- - Le sizain
- - L'alexandrin
- - La césure
Le vocabulaire de la poésie
- - la poésie : genre littéraire associé le plus souvent à la versification et soumis à des règles prosodiques particulières, variables selon les cultures et les époques, mais tendant toujours à mettre en valeur le rythme, l'harmonie et les images. Le mot vient du grec « poiesis » qui signifie « l'action de créer » et plus particulièrement l'action de créer par le langage.
- - Poème : ouvrage de poésie généralement en vers (mais il existe des poèmes en prose)./ ouvrage littéraire présentant les caractéristiques propres à la poésie
- - Poète : écrivain qui s'adonne à la poésie, auteur de poèmes en vers par oppsoition au prosateur. Mais le terme peut désigner un créateur par excellence, ainsi qu'un écrivain ou un romancier dont l'œuvre témoigne d'une rare activité créatrice. Ainsi put-on dire que Balzac fut un incroyable poète (alors qu'il était romancier). Enfin le poète peut désigner une personne qui se laisse emporter par son imagination ou son idéalisme.
- - Poétique : du grec « poiein » qui signifie « faire ». dans son acception moderne, le terme désigne ce que l'on pourrait appeler la théorie des genres littéraires (étude des formes littéraires en vue d'établir une classification et de décrire les fonctionnements des différents genres). Le terme désigne également l'ensemble des caractéristiques de la création littéraire d'une époque ou d'un auteur précis (la poétique du romantisme/ la poétique de Rousseau). Le terme désigne aussi art de composer des vers ou ce qui relève de la poésie.
- Attention à la différence entre LA poétique/ LE poétique. - Vers vient du latin « versus » qui signifie « action de retourner » par opposition à la prose qui est censée aller tout droit.
- Le vers est un segment d'énoncé constituant une unité d'ordre rythmique et phonique (règles de quantité - syllabes - et d'accentuation). Il s'écrit sur une ligne, commence généralement par une majuscule et voit sa fin marquée par un blanc typographique.
- - Vers blanc : vers qui n'est relié à aucun autre par une rime (soit isolé dans un texte en vers, soit inséré dans un texte en prose).
- - Vers libre : il est apparu au XIX° (Laforgue, Khan et surtout Rimbaud) : vers de rythme et de longueur variable qui ne sont pas obligatoirement reliés par la rime (mais souvent assonances et allitérations).
- - Poème en prose : il fut surtout mis à l'honneur au XIX°, d'abord par Aloysus Bertrand dans Gaspard de la nuit, 1842. Baudelaire, Rimbaud et Mallarmé contribuèrent à sa diffusion. Les strophes disparaissent au profit du paragraphe, la longueur est variable/ C'est une structure qui forme un tout, fondée non sur des phénomènes prosodiques et métriques mais sur des recherches de rythme, de sonorités, d'images propres à la prose dont l'utilisation cependant n'est plus comparable à celle que peut en faire la prose (importance de l'harmonie visuelle et rythmique).
- - Prose poétique : on distingue généralement prose et poésie. La prose remplit les lignes en continu. Mais de nombreux « prosateurs » s'inspirent de la langue poétique (lexique, syntaxe, réseaux d'images et de sonorités) pour enrichir leur prose et viser une meilleure expression de leur sensibilité (ex : Rousseau, Chateaubriand, Gracq). La prose poétique relève souvent du lyrisme, présente un rythme musical, joue des métaphores...
Proposez après lecture du document sur le vocabulaire en poésie, une définition sur :
- - La poésie
- - Le vers libre
- - Le poème en prose
- - La prose poétique
Quelles sont les différentes fonctions de la poésie?
la fonction du poète entre le Beau et l'Utile :
S'interroger sur les fonctions du poète revient également à s'interroger sur celles de la poésie. Le rôle du poète a pu varier selon les époques (varie en fonction de l'évolution historique et sociale, contexte politique problématique ou non par ex), selon son statut (poète de cour au service d'un prince par ex), mais il demeure toujours celui qui use du langage comme d'un outil, d'une arme ou d'un laboratoire (poésie comme champ d'exploration du langage) et qui accorde la priorité à la force des mots.
I - Les grandes voies de la poésie :
La poésie, généralement associée à la lyre, accorde une place prépondérante à la dimension esthétique du langage et à sa musicalité. Souvent conçue comme l'art de faire des vers, elle a vu ses formes varier jusqu'au poème en prose ou encore le calligramme.
- v Poésie lyrique : vise à l'expression des sentiments (souvent sentiments personnels du poète qui peuvent cependant prétendre à une universalité). Le poète est alors concentré sur son ressenti (voir Du Bellay, et Musset ; cette poésie correspond parfois à l'image du poète « exilé », reclus dans sa tour d'ivoire).
- Les grands thèmes : la mort, l'amour, le temps, le voyage
- v Poésie engagée : associe travail sur le langage, la musicalité et l'harmonie à une dénonciation, une accusation. Le poète, au cœur de son temps, peut ainsi user d'une parole médiatrice pour dénoncer des travers et chercher à faire évoluer l'humain, à transformer le monde. (voir Eluard, Prévert, Paz, Celaya mais aussi Hugo ou Godel).
- v Poésie centrée sur elle-même et sur le Beau. Perspective de « L'art pour l'art » rencontrée chez les Parnassiens (Gautier, Banville). La poésie se voit alors coupée de toute idée d'utilité.
- v Poésie didactique : la poésie peut se mettre au service de la pensée et chercher à véhiculer les acquis de savoir (on rencontre cette poésie au XVIII° notamment).
- v Poésie ludique : se concentre sur la fonction poétique du langage, cherche à explorer les jeux de langage. Cette poésie est souvent laboratoire du langage avec lequel elle s'amuse. (voir notamment certains poèmes de Prévert mais aussi de Michaux). Il reste évident qu'un même texte peut conjuguer plusieurs visées.
II - Les fonctions du poète :
De Platon aux sociétés africaines, les poètes ont souvent mauvaise réputation et suscitent la méfiance. Platon voulait d'ailleurs les bannir de sa société idéale. On disqualifie souvent l'activité poétique et le poète se voit écarté de la sphère sociale. On a longtemps pensé que le propre et la grandeur du poète était de se détourner de l'utilité immédiate et de refuser l'engagement social.
C'est ainsi que les Parnassiens, théoriciens de l'art pour l'art, ont affirmé que l'œuvre d'art doit se suffire à elle-même. Le poète, technicien de la beauté vise la perfection d'une forme difficile, vaincue par son travail d'artisan des mots et du langage (on peut parler de religion de l'art). Mais c'est sans doute oublier que l'art est aussi un phénomène social !
- v Poète messager divin : selon la tradition, le poète est l'héritier d'Orphée (médiateur du sacré et voyant privilégie). Prêtre d'Apollon, inspiré par les Muses, au chant de sa lyre il sait ravir les esprits, les apaiser. Grâce à son pouvoir de divination il peut déchiffrer l'invisible et accéder à l'univers des idées.
- On retrouve des traces de cette conception chez les Poètes de La Pléiade et chez les Romantiques, à ceci près que ces derniers font de ce poète mage un guide pour les peuples. On la retrouve également chez Baudelaire et chez Rimbaud, mais ce dernier associe également le poète à Prométhée, celui est puni pour avoir tenté de rivaliser avec les dieux et de leur « voler le feu ». Ce statut particulier et privilégié a parfois conduit le poète à se sentir en marge, exclu de la société, incompris, maudit (c'est à Verlaine qu'on doit l'expression poète maudit). Chez des poètes comme Rimbaud, Verlaine, Laforgue ou Mallarmé, l'écriture poétique témoigne en outre de leurs refus, déceptions et révoltes personnelles.
- v Le poète engagé : l'engagement est ce qui différencie la position d'Hugo de celle de La Pléiade. Le mage, pour lui, doit être un guide (mais Ronsard a su faire preuve d'engagement dans ses poèmes consacrés aux guerres de religion). La poésie se fait alors arme et accuse. Elle peut se présenter aussi comme une satire ou une parodie.
- v Le poète interprète de la vie et des sentiments humains : lorsque le poète lyrique exprime ses propres sentiments, il évoque des émotions susceptibles d'être vécues par tous. Il traduit ce que chacun a pu, peut ou pourra vivre et ressentir.
Après lecture du document, répondez aux questions suivantes :
- - Quelles sont les différentes formes de poésie?
- - Quelles sont les fonctions de la poésie et du poète?
Questionnaires de lecture, lectures cursives
Le Gymnaste de Ponge
- Biographie, analyse
- Entraînez-vous
Louise Labé, je vis, je meurs et Ronsard
Méthode et initiation au commentaire - Comment repérer les procédés littéraires, lier le fond et la forme pour faire un commentaire en poésie?
Les procédés d'écriture
Faire un repérage sur une poésie - Réviser en 15 leçons - Quiz
Pour réussir un commentaire, il faut lier le fond et la forme
– le fond et la forme
- Le fond = le thème
- La forme = les procédés d’écriture
- Il faut pour réussir son commentaire, mêler le fond et la forme
- Ne pas faire une liste des figures de style, des registres, des champs lexicaux…
- Montrer que ces figures de style, ces registres, ces champs lexicaux… sont évocateurs du thème
I - Le fond :
- Trouver le ou les thèmes
- Pour vous aider, observez le vocabulaire, relevez les champs lexicaux au brouillon et classez les, vous aurez ainsi une vue d’ensemble, une liste des thèmes abordés dans la poésie ou le thème essentiel et récurrent du texte en vers à analyser.
II – La forme
- Énonciation (qui parle ? De quoi (le thème) ? Quels pronoms sont utilisés ?)
- Procédés grammaticaux : temps des verbes, changement de temps
- Procédés lexicaux : registre littéraire, les champs lexicaux, ils sont à analyser dans votre commentaire, niveau de langage, figures de style, ne jamais lister mais en préciser les effets dans votre étude
- Rythme et ton
- Ponctuation, éventuellement mise en page
- Pensez à vous poser les questions suivantes :
- Qui ? Où ? Quand ? Pourquoi ? Comment ?
- Qui ? On étudie l’énonciation
- Où ? Cadre spatial
- Quand ? Cadre temporel
- Pourquoi ? Quelles sont les intentions du poète ? Fait-il une critique, une dénonciation ? Une poésie engagée ? Est-ce un éloge ? ……
- Comment ? Etude de la forme
- Attention, il faut repérer
- Le mouvement littéraire
- La structure du poème
- Le type de vers
- Le type de strophes
- Les sonorités, (assonances, allitérations et rimes)
- Les rythmes (enjambement, rejet…)
Exemple d’étude pour les vers et les strophes
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l’Impair,
Plus vague et plus soluble dans l’air
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. (Verlaine)
Nous avons des vers impairs composés de 9 syllabes
C’est une strophe de 4 vers appelée un quatrain
Exemple d’étude pour le rythme
Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons (Hugo)
C’est un enjambement car la phrase se poursuit jusqu’à la moitié du vers suivant
Exemple d’étude pour les rimes
Marie, levez-vous, ma jeune paresseuse :
Là, la gaie alouette au ciel a fredonné,
Et là le rossignol doucement jargonné,
Dessus l’épine assis, sa complainte amoureuse. (Ronsard)
Nous avons dans ce quatrain, des rimes embrassées, ABBA
La rime « paresseuse/amoureuse » est féminine, elle se termine par un « e » muet et elle est suffisante car deux sons se répètent, EU et Z.
La rime « fredonné / Jargonné » est masculine et riche car trois sons se répètent, le O, le N et le É
Exemple
Le Pont Mirabeau d’Apollinaire
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Si on veut analyser cette strophe, on peut dire :
- Fond =
- le thème du temps qui passe, la fuite du temps
- Forme =
- Verbes de mouvement « coule », « venait », « vienne », « vont »
- Pas de ponctuation
- Vers irréguliers
- Métaphore eau/temps
Analyser le texte, c’est lier le fond et la forme
Comment faire ?
- Le poète évoque le temps qui passe (le fond) et c’est grâce aux procédés d’écriture qu’il va mettre en évidence ce thème
- La métaphore du temps avec « l’heure » et celle de l’eau avec « coule la Seine » permet au poète d’évoquer le temps qui passe.
- L’idée est encore suggérée par les verbes de mouvement « coule », « venait », « vienne », « vont », l’absence de ponctuation et les vers irréguliers.
- Tous les procédés (forme) sont exploités pour évoquer le temps qui passe (le fond).
L’horloge
Charles Baudelaire
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : » Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible,
Fond =
- Thème = la fuite du temps
Forme =
- Figure de style, personnification de l’horloge « dont le doigt nous menace et nous dit : «
- Prosopopée (le fait de faire parler un objet, un animal ou un mort)
- Enumération pour désigner l’horloge avec une succession d’adjectifs
- Champ lexical de la douleur et de l’effroi
Analyser le texte, c’est lier le fond et la forme
Comment faire ?
- Si on veut analyser cette strophe, on peut dire :
- Le thème du temps qui passe est source d’angoisse chez le poète comme en témoigne le champ lexical de la douleur « effrayant », « menace », « douleurs », « effroi ».
- Pour suggérer la puissance de la fuite du temps en contraste avec l’impuissance de l’homme, Baudelaire recourt à la personnification, prosopopée de l’horloge assimilée à dieu menaçant l’homme et cette menace est encore mise en avant par l’énumération du vers 1 « Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible »
Pour trouver un plan
Le Dormeur du val de Rimbaud
On sait que cette poésie décrit un soldat endormi dans la campagne. Le lecteur découvre à la fin qu’il est mort. C’est la chute du poème pour faire réfléchir aux atrocités de la guerre.
Tu peux ainsi proposer comme idées directrices :
- 1 – le poème fait la description d’un soldat endormi dans la campagne
- 2 – pour faire réfléchir le lecteur et dénoncer les atrocités de la guerre
- Une fois que tu as ton plan, tu peux commencer à étudier les procédés pour lier le fond et la forme.
– l’introduction
- Comment faire une phrase d'accroche?
- Plusieurs accroches possibles pour introduire votre commentaire
- A une passante, Baudelaire : exercice pour vous entraîner
- Amorce = replacer l’extrait étudié dans un contexte plus large
- Présentation de l’extrait, auteur, mouvement littéraire, titre en précisant le passage (incipit, excipit, scène, acte…)
- Thème
- Genre = théâtre, poésie, roman
- Registre = comique, tragique…
- Problématique
- Plan
– Conclusion
- Répondre à la problématique
- Synthèse
- Elargir = ouverture
A consulter
- Commentaire littéraire intégralement rédigé en poésie
- Chant d'amour VI, Lamartine Nouvelles Méditations poétiques
- Repérage en vue d'un commentaire littéraire Sensation, Rimbaud
- Vers l'étude linéaire
- S'entraîner au commentaire linéaire. Exercice bac, les repérages pour réussir l'analyse Le Dormeur du val Rimbaud
Les fables entre tradition et innovation en écho au combat des Lumières - Réécritures autour des fables, avatars et détournements
Comment étudier une fable?
A consulter :
- I – L'aspect narratif
- Temps, modes
- Enonciation, narrateur, point de vue
- Récit et discours
- Début du récit et fin
- Les paroles rapportées
- Le schéma narratif, les étapes
- II – le caractère didactique
- La finalité, quelle leçon
- Le ton
- Le registre
- Une leçon implicite ou explicite
- III – Le choix des personnages
- Personnes, animaux, catégories qu'ils incarnent
- Comportements
- Une généralisation
- IV – La mise en scène
- Cadre
- Situations
- Paroles rapportées, DI, DD
- Rythme
- V – Du récit à l'enseignement
- La construction de la fable, les étapes
- Les champs lexicaux
- thèse défendue
- arguments soutenant la thèse
- type de démonstration
L'intertextualité, définition, les enjeux, les jeux avec le texte. Réécriture autour des fables : avatars et détournements
- L'intertextualité, définition, les enjeux, les jeux avec le texte. Réécriture autour des fables : avatars et détournements
- Parodie, le pastiche, l'allusion sont des genres qui participent de l'intertexte - Réécriture autour des fables : avatars et détournements. La cigale et la fourmi
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Sujet à traiter
"Un romancier (...) ne peut donc se délivrer du mensonge qu'en exploitant les ressources multiples du mensonge. (De cette origine - accession à la vérité par le détour du mensonge - l'oeuvre tire ses contradictions et ses ambiguïtés.) Quand il donne au mensonge un corps et s'approprie son langage, ce ne peut être qu'à seule fin d'instituer un monde de vérité. Autrement dit encore, le langage romanesque n'assure sa fonction qu'en recourant aux moyens dont se sert le mensonge, et c'est même, paradoxalement, la seule fonction qu'il puisse accomplir en toute vérité. "
Louis-René des FORÊTS, Voies et détours de la fiction, Fata Morgana, 1985.
- En prenant appui sur des exemples précis, vous commenterez et discuterez cette réflexion.
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« Il y a longtemps que les fables ne nous intéressent plus pour leur moralité. N’importe quel gamin vous le dira : le plaisir, c’est l’histoire, et peu importe la leçon ! ». Peut-on aussi facilement amputer la fable de sa morale ? N’est-ce pas dénaturer l’apologue et le ravaler au rang d’histoire brève, d’anecdote ?
Entraînez-vous
Plan possible pour une dissertation
- I. Une affirmation contestable
- 1. Une affirmation qui aurait choqué La Fontaine
- 2. Deux éléments complémentaires
- 3. La célébrité des « morales » de La Fontaine
- II. Une affirmation pourtant justifiée
- 1. La morale n’est pas indispensable
- 2. Des morales stéréotypées
- 3. Le charme des fables
Dissertation n°2
Les traités, essais ou ouvrages théoriques peuvent paraître, a priori, la forme la plus apte à proposer une réflexion sur la condition de l’homme. Cependant, les œuvres littéraires, quel que soit leur genre, ont également une efficacité qui leur est propre pour interroger le lecteur sur cette question. Nous verrons donc comment elles mettent en œuvre des procédés rhétoriques efficaces et s’appuient sur la fiction et l’émotion pour faire passer un message convaincant.
Plan possible pour faire une dissertation
- 1. Efficacité des procédés rhétoriques
- A. Clarté de la pensée et du raisonnement
- B. Efficacité de l’énonciation
- C. Figures de style
- 2. Le recours à la fiction
- A. Une argumentation indirecte
- B. Une réflexion plaisante
- C. Incarnation des idées
- 3.Les émotions
- A. Le pathos Faire naître pitié, colère, indignation, admiration
- B. Le rire
- C. L’émotion esthétique
Dissertations intégalement rédigées
Le genre de la fable a t'il perdu sa vocation originelle?
- I. Vertus de la fable en tant qu’apologue.
- II. L’intérêt de la fable c’est son histoire
- III. Liens entre littérature et morale
- Correction en ligne
Sujet n° 2
Les fables de La Fontaine sont un miracle de la culture a écrit André Gide, expliquez.
"les fables de La Fontaine sont un miracle de la culture a écrit André Gide", voici une citation lourde de sens que nous tenterons d'examiner de façon à éclaircir les idées mises en avant par Gide.
Nous savons que les fables sont composées d'un récit appelé corps et d'une morale que le fabuliste appelle âme de la fable. La fable est un texte en vers ou en prose qui a recours à l'allégorie le plus souvent animale, pour donner une leçon de morale. On l'appelle aussi apologue. La Fontaine, auteur du 17 ème siècle s'est inspiré d'Esope, de Phèdre et de Pilpay; Il privilégie le récit plutôt que la morale dont il varie la place dans la fable. D'une façon générale, il observe son époque et la critique, y comprois le pouvoir royal. Nous devons donc admettre que l'apologue en tant que récit allégorique, une histoire, met en scène des animaux, des végétaux, parfois des hommes dont le lecteur peut tirer une leçon morale ou un enseignement. Nous pouvons donc parler des fables en ce sens qu'elles sont des oeuvres à teneur didactique, à visée pédagogique que la morale soit explicite ou implicite. C'est à ce niveau sans dout que nous retrouvons Gide qui considère que les fables sont des miracles de la culture. Nous allons tenter de voir en quoi ces fables à but didactique peuvent être considérées comme des miracles de la culture. En quoi et comment véhiculent elles un enseignement?
Nous savons en tant que lecteurs de La Fontaine adultes et enfants que pour éduquer, on a souvent recours à des histoires comme des fables même si elles ont moins de crédibilité aux yeux des adultes en ce qui concerne l'argumentation. La Fontaine tout comme Voltaire ont bien vu l'intérêt de travailler sur de tels récits. La Fontaine pensait qu'une morale seule était ennuyeuse alors conjuguée à un récit, nous retrouvons les deux fonctions de l'apologue, plaire et instruire. L'aspect didactique est ainsi mis en évidence. Tout peut être dit ainsi. Nous pouvons prendre l'exemple du pouvoir des fables, VIII, 4 du fabuliste dans laquelle un orateur tente dans l'antiquité de capter l'attention d'un public distrait, mais en vain et finalement, en leur racontant une histoire, il parvient à se faire écouter. On peut donc convaincre par une histoire car l'histoire est amusante et capte l'attention des lecteurs et auditeurs. La vivacité du récit fait appel au goût pour les histoires, le récit touche un large public et de tous les âges, les fables ne sont donc pas idéales que pour les enfants. Elles permettent l'évasion, admettent le merveilleux, évitent le discours théorique, il n'y a donc pas de ton didactique apparent même si le message suit toujours le récit. Le récit parle à l'imagination, nous pouvons citer, la cigale et la fourmi, avant même de parler à l'esprit et le lecteur suit le récit sans penser à la morale, il se laisse entrainer et surprendre même par la logique du raisonnement. Finalement et paradoxalement, le récit finit par obliger le lecteur à faire un effort d'interprétation, il doit en effet réfléchir et dépasser le récit car lorsqu'il devient critique, c'est la morale
Nous nous retrouvons avec des publics confondus, jeune public, tout public, public spécialisé, et pourtant il existe pour chaque public une stratégie différente pour convaincre. A chaque époque, il y a une sensiblité différente, le 18 ème siècle est friand des démonstrations indirectes et ironiques, des contes philosophiques, à la fin du 19ème siècle, on est plus tourné vers les essais et philosophies positivistes, mais la fable ne passe pas de mode car derrière le récit se cache comme un miracle que l'on n'attend pas, l'enseignement qui fait dire à Gide, "les fables sont un miracle de la culture".
Dans le loup et l'agneau, La Fontaine met en avant la philosophie du plus fort, la raison du plus fort est toujours la meilleure, il nous donne sa vision du monde et rapports de force dans la société. C'est une conception très lucide et juste mais un peu pessimiste. L'affirmation est ainsi concentrée en un seul vers, au présent de vérité générale et renforcée par l'adverbe toujours. Il décrit ainsi le comportement odieux de celui qui, exerce sa violence sur plus faible que lui , prétend la justifier par des arguements spécieux, inverse les rôles et se fait victime pour pouvoir être bourreau.
Le message est à ce niveau philosophique, cela signifie que l'homme est un loup pour l'homme. Seul La Fontaine parvient à véhiculer des idées aussi profondes et existentielles pour l'homme en ayant l'air de raconter une simple histoire anodine. C'est en cela que consiste le miracle. La culture est ainsi sauvgardée dans la mémoire des hommes; Il développe dans cette même fable une argumentation différente pour chaque animal, le loup est ainsi assimilé à un dictateur, interdisant à la population de se plaindre des sévices dont elle est victime. souffre et tais toi. Loup incarne l'homme biensûr, on retrouve dans la transposition de l'allégorie animale, le monde des hommes, la philosophie à tirer de nos actes. L'argumentation de l'agneau va à l'inverse du loup.
Ainsi qu'il le dit dans sa dédicace à "Monseigneur Le Dauphin" du premier recueil des fables, La Fontaine rappelle le principe qui inspire les fables, "je me sers d'animaux pour instruire les hommes"; Le miracle est réussi. La réussite des fables tient à ce que les animaux sont humanisés, et cette métamorphose s'inscrit dans une logique, ce qui rend les fables encore plus convaincantes.
Il n'y a pas d'époque pour lire les fables, elles sont toujours et ont toujours été contemporaines. Derrière le loup et l'agneau, se cachent des individus que La Fontaine côtoie, il élargit la fable à des situations qui dépassent de simples rapports individuels pour refleter les relations internationales,lorsque par exemple les petits états sont agressés et menacés par les plus gros. Il en va de même pour l'agneau face au loup.
Culture est le mot qui correspond le mieux aux fables, miracle car elles sont à la portée de tous, sans pour autant être ennuyeuses
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