Cours et exercices niveau seconde. L'argumentation directe, indirecte, le thème, la thèse, les arguments
- Le 07/08/2023
- Dans Le français en seconde
- 0 commentaire
Cours, exercices
L'argumentation peut-être directe ou indirecte
Il faut savoir distinguer l'argumentation directe de l'argumentation indirecte
- Après lecture du cours, fais le quiz
- Quiz sur le vocabulaire de l'argumentation
- Fiche sur le vocabulaire de l'argumentation
Définir l’argumentation directe
Présenter un ensemble d'arguments pour soutenir, étayer une idée. Dans un texte argumentatif, l'auteur exprime son point de vue sur un thème dans le but de dénoncer ou de défendre une idée. La thèse de l'auteur est explicite
Dans le cas d'une argumentation directe, l'auteur s'adresse directement au lecteur, c'est-à-dire, qu'il n'y a pas de personnage, d'histoire. L'auteur parle en son nom en faisant usage du pronom personnel "je".
Exemples d'argumentation directe
Le discours, la lettre, l'essai, la préface
Le discours de Victor Hugo prononcé à l'Assemblée sur la misère dans le but de dénoncer la misère du peuple au 19e
Dans un lettre au président de la République, il publie "J'accuse" pour défendre l'affaire Dreyfus dans le journal Aurore
Comme exemple d'essai, on peut citer les Essais de Montaigne
La préface (en début d'une oeuvre) permet à l'auteur de défendre sson ouvrage. Exemple, la préface de Thérèse Raquin de Zola
L'argumentation indirecte
Dans l'argumentation indirecte, l'auteur utilise la fiction pour mettre en avant ses idées. L'idée est implicite, le lecteur doit la déduire. L'argumentation s'effectue à travers les paroles d'un narrateur ou d'un personnage;
Exemples d'argumentation indirecte
c'est le genre de la poésie, de la fable, du roman, du conte philosophique
La fable :
Les Fables de La Fontaine - Histoire fictive, présence d'un narrateur, texte divertissant (plaire et instruire sont les deux fonctions de la fable) qui permet de contourner la censure afin d'affirmer les idées, les dénoncer sans risque de sanction.
Le conte philosophique
On peut citer Candide de Voltaire, récit fictif, divertissant qui dénonce la société et le pouvoir en place, la religion, l'esclavage...
L'utopie :
L'utopie est un lieu imaginaire qui, en littérature, offre l'image d'une vie parfaite et idéale dans le but de faire réfléchir le lecteur.
Mais l'argumentation indirecte peut également se retrouver dans un extrait d'une pièce de théâtre, de roman, un poème.
A retenir
Définitions :
Une thèse / un thème
- La thèse : la position de l'auteur, ce qu'en pense l'auteur
- Le thème : ce dont parle le texte
L'argumentation directe / indirecte
- - Un texte argumentatif développe une opinion et vise à faire adhérer le lecteur à cette opinion.
- - L'argumentation directe expose clairement et directement l'opinion de l'auteur, sans le détour de la fiction. Les discours, les lettres ouvertes, les pensées, les maximes sont des exemples d'argumentation directe.
- - L'argumentation indirecte atteint le lecteur en recourant à la fiction. La fable, le théâtre, le roman et le conte philosophique sont des genres de l'argumentation indirecte
Exercice l argumentation (135.74 Ko)
Correction de l'exercice
UN GENRE ARGUMENTATIF : l’essai
► L’essai fait partie des grands genres littéraires. Il est défini comme un texte d’idées. Son but n’est pas de construire un monde fictif, qu’il soit sous forme de récit ou de pièce de théâtre, mais de développer une réflexion sur un thème d’ordre littéraire, politique, religieux, scientifique, etc.
► La réflexion est personnelle : un « je » s’exprime, que l’auteur choisisse une énonciation à la première personne ou qu’il s’efface derrière les pronoms « nous » ou « on ».
► L’essai est l’exemple même du texte d’argumentation directe, il mobilise les éléments propres à cette forme de discours : thèse(s), arguments, exemples, connecteurs logiques .
Exemple célèbre : Les Essais de Montaigne (humaniste du XVIème siècle)
On peut opposer à l’essai selon Montaigne le traité et la dissertation qui, eux, proposent une réflexion exhaustive et organisée, en vue de démontrer une thèse ou d’expliciter un point de vue.
Autres formes de l’argumentation directe
Le pamphlet : c’est un texte assez court et très violent dans lequel l’auteur s’attaque au pouvoir en place ou à une position de pouvoir (personne connue, institution). L’auteur exprime son indignation et défend sa propre vérité.
La maxime est un texte très bref (quelques lignes) qui énonce une opinion au présent de vérité générale sans réellement argumenter. La maxime peut tracer une ligne de conduite, elle a une visée moraliste. Ex : La Rochefoucauld, moraliste du XVIIème siècle
La lettre, qu’elle soit réelle, fictive ou ouverte, peut être le support d’une argumentation. La lettre ouverte a un destinataire désigné mais s’adresse à un large public puisqu’elle est divulguée dans la presse ou sous forme de livre. Ce public est pris à témoin et doit prendre partie dans le débat. Le texte, souvent polémique, peut dénoncer une injustice.
La fable
Définition : Les termes fable (du latin fabula, «parole») et apologue (du grec apologos, «discours sur quelque chose, narration») sont employés de manière synonymique. On le voit dans cette définition de La Fontaine :
L’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le Corps, l’autre l’Âme. Le Corps est la Fable ; l’Âme, la Moralité.
Le récit s’organise autour d’animaux, de végétaux, ou d’hommes. Il peut être lu au premier degré, mais il a un sens second, souvent à caractère moral, que le lecteur doit déchiffrer. L’apologue a donc une visée didactique.
On analyse le récit (ou fable proprement dite) comme un exemple argumentatif et la moralité comme la thèse.
Les fabulistes
Les apologues du grec Ésope (VIe siècle av. J.-C.), sont écrits en prose. Le poète latin Phèdre s’en inspire et écrit des recueils de fables en vers.
La Fontaine puise chez eux la plupart de ses sujets mais aussi chez le fabuliste perse Pilpay. Il choisit le vers (souvent hétérométrique) et veut rendre les fables plaisantes tout en conservant leur caractère didactique.
Le conte philosophique
Comme le conte, c’est un texte court. Les personnages sans épaisseur psychologique incarnent une idée ou un comportement.
Le conte philosophique développe, en passant par le récit, des idées qui pourraient aussi bien faire l’objet d’un essai philosophique. Ainsi, dans Candide, Voltaire se moque du philosophe Leibniz et de sa conception de l’optimisme.
De plus, la trame narrative est prétexte à passer en revue les grands thèmes sur lesquels porte la réflexion des philosophes des Lumières : fanatisme, intolérance, monarchie, esclavage, religion…
L’utopie
En grec, topos signifie «lieu», u- peut renvoyer au préfixe privatif ou, ou au préfixe eu («bien») : l’utopie se définit donc comme un monde idéal et heureux dans un non-lieu, c’est-à-dire qui ne saurait exister.
L’utopie est un genre qui suit des règles précises. Le récit se déroule dans un lieu clos. Cette clôture permet de mettre en scène un monde isolé, autonome qui, privé du contact avec notre monde, a développé sa propre organisation, ses propres valeurs et ses propres règles.
Le monde de l’utopie inverse nos règles et nos valeurs pour mieux en démontrer l’inanité. Sa fonction est avant tout critique. Elle permet une réflexion philosophique et politique.
Thomas More fonde le genre en écrivant L’Utopie (1516). Du XVIe au XVIIIe?siècle, les utopies tendent à démontrer qu’il peut exister une organisation sociale autre, bénéfique à l’homme et dont il serait bon de s’inspirer (Rabelais, Montesquieu, Voltaire…).
Au XXe siècle, des auteurs comme Orwell et Huxley écrivent des contre-utopies. Les caractéristiques narratives sont les mêmes que dans l’utopie, mais le monde représenté est un monde totalitaire.
Exercices
Lisez les textes ci-dessous et précisez s'ils relèvent de l'argumentation directe ou indirecte. Justifiez à chaque fois vos réponses en suivant les modèles indiqués.
Texte 1 :
Le laboureur et ses enfants
Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds* qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût.
Creusez, fouiller, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Jean de La Fontaine, Fables, 1685
*Le fonds : la richesse
Correction du texte 1
Texte 1 Argumentation indirecte Fable Texte de fiction composé d'un récit (temps du récit aux passé simple et présent de narration au vers 13) et d'une morale exprimée au début et à la fin du récit. La valeur du présent est celle de présent de vérité générale.
Texte 2 :
Orgon, longtemps dupé par Tartuffe qui prenait l'apparence d'un dévôt sincère,
découvre, offusqué, son hypocrisie. Cléante, son beau-frère, tente de le raisonner.
ORGON
(…) C'en est fait, je renonce à tous les gens de bien.
1605 J'en aurai désormais une horreur effroyable,
Et m'en vais devenir, pour eux, pire qu'un diable.
CLÉANTE
Hé bien, ne voilà pas de vos emportements !
Vous ne gardez en rien les doux tempéraments.
Dans la droite raison, jamais n'entre la vôtre ;
1610 Et toujours, d'un excès, vous vous jetez dans l'autre.
Vous voyez votre erreur, et vous avez connu,
Que par un zèle feint vous étiez prévenu : Mais pour vous corriger, quelle raison demande
Que vous alliez passer dans une erreur plus grande,
1615 Et qu'avec que le cœur d'un perfide vaurien,
Vous confondiez les cœurs de tous les gens de bien?
Quoi! parce qu'un fripon vous dupe avec audace,
Sous le pompeux éclat d'une austère grimace,
Vous voulez que partout on soit fait comme lui,
1620 Et qu'aucun vrai dévot ne se trouve aujourd'hui ?
Molière, Le Tartuffe, Acte V, scène 1, 1664
Texte 3 :
La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable. C'est donc être misérable que de se connaître misérable, mais c'est être plus grand que de connaître qu'on est misérable.
Pascal, Pensées, 1669 (posthume)
Texte 4 :
Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfants, tous garçons; l'aîné n'avait que dix ans, et le plus jeune n'en avait que sept.
On s'étonnera que le bûcheron ait eu tant d'enfants en si peu de temps ; mais c'est que sa femme allait vite en besogne, et n'en avait pas moins de deux à la fois.
Ils étaient fort pauvres, et leurs sept enfants les incommodaient beaucoup, parce qu'aucun d'eux ne pouvait encore gagner sa vie. Ce qui les chagrinait encore, c'est que le plus jeune était fort délicat et ne disait mot : prenant pour bêtise ce qui était une marque de la bonté de son esprit.
Il était fort petit, et, quand il vint au monde, il n'était guère plus gros que le pouce, ce qui fit qu'on l'appela le petit Poucet. Ce pauvre enfant était le souffre-douleur de la maison, et on lui donnait toujours tort. Cependant il était le plus fin et le plus avisé de tous ses frères, et, s'il parlait peu, il écoutait beaucoup. Il vint une année très fâcheuse, et la famine fut si grande que ces pauvres gens résolurent de se défaire de leurs enfants.
Charles Perrault, Le Petit Poucet, 1697
Texte 5 :
Comme c'est le caractère des grands esprits de faire entendre en peu de paroles beaucoup de choses, les petits esprits au contraire ont le don de beaucoup parler, et de ne rien dire.
La Rochefoucauld, Maximes, 1678.
Texte 6 :
Il faut rire avant que d'être heureux, de peur de mourir sans avoir ri.
La Bruyère, Les Caractères, « Du coeur », 1688.
GÉNÉRATION TÉLÉPHONE
A peine sortis de l’école, ils continuent à parler, ont du mal à se quitter au coin de la rue.
Avant, ils faisaient le trajet ensemble. Maintenant, ils s’appellent.
Beaucoup de parents d’adolescents connaissent les mêmes scénarii, éprouvent le même agacement devant ce temps qu’ils passent, enfermés dans leur chambre, « à parler de tout et de rien » avec leurs copains. Le portable est pour l’adolescent un moyen d’échapper encore plus à ses parents. Quand il est à la maison et que le téléphone vibre dans sa poche ou sonne dans sa chambre à minuit, on ne sait qui l’appelle. On peut alors tout imaginer (« Qui peut donc l’appeler à cette heurelà ? ») et les parents anxieux imaginent des choses terribles.
Les parents ont peur aussi que le jeune, à cause du téléphone, ne se concentre plus sur ses devoirs. De toute façon, ils ne peuvent pas l’obliger à se concentrer, l’empêcher d’avoir des rêveries amoureuses. Le téléphone lui permet de s’autonomiser par la pensée, de sortir de la maison. Les parents connaissent les mêmes disputes autour de ces lignes indéfiniment occupées et de ces factures qui explosent à la fin du mois.
Que les parents se rassurent : qu’un adolescent soit pris de « téléphonite »aiguë est en effet tout à fait « normal ». C’est même… le signe qu’il est devenu un adolescent, si on en croit le psychiatre et psychanalyste Didier LAURU. « Le téléphone fait un peu office de rite de passage.
Quand votre enfant vous réclame un mobile et surtout l’utilise, prévient-il, c’est qu’il entre dans l’adolescence ! ».
Depuis que cet outil existe, il a rencontré un gros succès auprès des adolescents, en particulier des jeunes filles. Mais, l’époque où les adolescents se contentaient de « squatter »
l’appareil familial au milieu du salon, la famille profitant largement de leurs conversations est dépassée. Avec le développement des mobiles et autres « sans fil », leur permettant de couper le
cordon avec leurs parents, le téléphone est devenu un objet personnel, intime. Les opérateurs l’ont compris, et ont « attrapé subtilement le marché » comme le fait remarquer le sociologue Michel CHAUVIERE, « en envahissant l’espace adolescent… qui s’est laissé aisément capter ».
Si le téléphone rencontre un tel succès auprès des adolescents, c’est d’abord parce qu’il est à l’image de cet âge intermédiaire où on expérimente l’indépendance, où on veut prendre ses distances
par rapport à ses parents tout en restant proches d’eux. Il s’agit d’un outil transitionnel qui permet de prendre une relative indépendance par rapport à ses parents, tout en maintenant un minimum de liens avec eux.
Tout comme ils ont besoin de se rencontrer entre eux. « Quand on devient adolescent, explique Didier LAURU, on a envie de parler de soi, on commence à vouloir parler avec d’autres et on a besoin de le faire. On en parle plus facilement par téléphone parce qu’on est à l’abri du regard de l’autre et qu’on peut se dire des choses plus intimes quand le corps n’est pas là. Et cette communication entre adolescents même si elle paraît banale, anodine, est essentielle pour eux ».
Que le contenu de ces conversations échappent pour l’essentiel aux parents est souvent ce qui les dérange. Certains fantasment sur ces conversations interminables, ou à répétition. Plus
généralement, ils ont l’impression (souvent justifiée, cette fois-ci) qu’ils se disent entre eux des choses qu’ils ne veulent que leurs parents entendent. « Il est toujours un peu douloureux de sentir
que leurs enfants leur échappent », souligne Didier LAURU. Il est important que les parents fixent un cadre et des limites. Car le téléphone ne doit pas couper la communication entre parents et
enfants : il peut même l’enrichir. A condition de fixer un minimum de règle : on ne répond pas, par exemple, au téléphone quand on discute ensemble ou pendant le repas. Les parents peuvent euxmêmes s’en servir pour parler davantage avec leurs enfants. Mais, ils doivent leur laisser leur espace intime, leur jardin secret, et quand ils téléphonent dans la pénombre de leur chambre, se retirer publiquement, sur la pointe des pieds.
Christine LEGRAND, « La Croix », 18 décembre 2002.
Questions
1. Reformulez en une phrase la thèse de l’auteur.
2. Précisez la valeur du pronom « on »
3. Expliquez l’expression : « le téléphone fait un peu office de rite de passage. »
4. Retrouvez deux procédés différents indiquant que l’argumentation vise à convaincre.
5. Étayez l’idée selon laquelle : « Le portable est pour l’adolescent un moyen d’échapper encore un peu plus à ses parents. »
Correction de l'exercice
PROPOSITION DE CORRIGE
Questions
1. L’auteur soutient la thèse selon laquelle le téléphone est pour l’adolescent un outil pour se libérer de l’autorité des parents.
2. - Aux lignes 6 à 8 « on » désigne les parents qui s’inquiètent de l’emploi que leurs enfants adolescents font du portable. Ces « on » sont des substituts de « ils »désignant la catégorie de parents inquiets face à l’usage du portable par leurs enfants adolescents. Ils ont donc une valeur exclusive.
- Aux lignes 29- à 31, « on » renvoie uniquement aux adolescents éprouvant un besoin de communiquer entre eux. Ces « on » sont aussi des substituts de « ils », et ont une valeur exclusive.
3. L’intérêt et la possession d’un téléphone responsabilisent l’adolescent dans une certaine mesure et prouvent qu’il n’est plus enfant. C’est une sorte de passage du monde de l’enfance au monde adulte.
4. L’argumentation développée par l’auteur cherche à convaincre à travers deux procédés faisant effectivement appel à la raison notamment l’usage des arguments d’autorité « En envahissant l’espace adolescent…laissé aisément capter » (l.) ; « Il est toujours un peu douloureux de sentir que leurs enfants leur échappent. » (l.), puis, un exemple illustratif «Quand il est à la maison (…) dans sa chambre à minuit » (l.), et un exemple argumentatif : « On ne répond pas…pendant le repas ». (l.)
Travail d’écriture
Étayer l’idée selon laquelle : « Le portable est pour les adolescents un moyen d’échapper encore un peu plus à ses parents. »
Formulation de la problématique
Quelles incidences l’usage du téléphone portable par les adolescents a-t-il sur les relations avec leurs parents ?
Plan du développement
I. Le portable confère aux adolescents une très grande liberté par rapport aux parents.
(Arguments favorables à la thèse)
1. Les adolescents sont désormais ouverts au monde extérieur en permanence.
2. Le secret total entoure désormais les conversations téléphoniques des adolescents.
II. Le portable ne doit pas constituer pour les parents un outil de contrôle des adolescents.
(Critique des arguments défavorables à la thèse défendue)
1. Les parents ne doivent pas consulter systématiquement les portables de leurs enfants.
2. Le statut de parents ne signifie pas dénier aux adolescents le droit à l’intimité.
COMMENT ÉTAYER UNE THÈSE ?
Étayer une thèse c’est la justifier, la développer. Il s’agit de défendre la thèse de l’auteur du texte (même si nous ne la partageons pas). Pour ce fait, on développe de nouveaux arguments et on les illustre par de nouveaux exemples. Pour étayer une thèse, deux plans sont possibles :
- Première possibilité : chaque partie développe une idée et l’illustre par des arguments et des exemples
- Deuxième possibilité :
a) Partie I : Développer les arguments favorables à la thèse qu’on doit défendre.
b) Partie II : Faire la critique des arguments défavorables à la thèse qu’on soutient
Texte :
L’entrée en seconde est une étape difficile à franchir, d’abord parce que les élèves sont plus libres d’entrer et de sortir du lycée et se laissent parfois griser par cette liberté au point d’oublier la
contrainte d’y assister au cours et d’y travailler ; ensuite parce que le travail demandé change de nature et qu’une réflexion approfondie est exigée dans toutes les disciplines là où l’apprentissage systématique d’une leçon suffisait souvent au collège.
1. Questions :
a) Quel est le thème de ce texte ?
b) Quel est le but de l’auteur ?
c) Quelle est l’opinion exposée par l’auteur, appelée aussi thèse ? (elle est en général présentée au début du texte) :
d) Repère les deux arguments, c’est-à-dire les justifications, les preuves, que donne l’auteur pour défendre sa thèse (les paragraphes, les connecteurs logiques peuvent t’aider à les repérer) et essaye de les reformuler avec tes propres mots :
Correction de l'exercice
Texte :
L’entrée en seconde est une étape difficile à franchir, d’abord parce que les élèves sont plus libres d’entrer et de sortir du lycée et se laissent parfois griser par cette liberté au point d’oublier la
contrainte d’y assister au cours et d’y travailler ; ensuite parce que le travail demandé change de nature et qu’une réflexion approfondie est exigée dans toutes les disciplines là où l’apprentissage systématique d’une leçon suffisait souvent au collège.
1. Questions :
a) Quel est le thème de ce texte ?
Le thème est « l’entrée en seconde au lycée».
b) Quel est le but de l’auteur ? Le but de l’auteur est d’exprimer son avis, son opinion sur « l’entrée en seconde » et de convaincre ses lecteurs.
c) Quelle est l’opinion exposée par l’auteur, appelée aussi thèse ? (elle est en général présentée au début du texte) :
L’entrée en seconde est vécue comme une étape difficile pour les lycéens.
d) Repère les deux arguments, c’est-à-dire les justifications, les preuves, que donne l’auteur pour défendre sa thèse (les paragraphes, les connecteurs logiques peuvent t’aider à les repérer) et essaye de les reformuler avec tes propres mots :
- 1er argument : (d’abord) La liberté dont les lycéens peuvent jouir au lycée leur fait parfois oublier l’essentiel : être présents et travailler en cours ;
- 2ème argument : (ensuite) Ils doivent fournir un travail qui fait appel à plus de réflexion qu’au collège.
On dit que ce texte est un texte argumentatif dans la mesure où il défend une opinion
2. Définition :
- Un texte argumentatif est un texte qui expose une opinion et qui la développe au moyen d’arguments et d’exemples.
- Il a pour but de convaincre le lecteur.
- L’argument est une idée générale qui va permettre de justifier son opinion et l’exemple est un cas particulier qui illustre l’argument. L’argument est souvent abstrait alors que l’exemple est généralement concret.
Exemple :
Thème : La ville
Thèse : Il est plus avantageux de vivre en ville qu’à la campagne.
Argument : La ville facilite la vie quotidienne.
Exemple : Les services comme la poste, les administrations et les commerces sont regroupés.
- Les arguments sont en général séparés les uns des autres par des paragraphes. Ils sont situés les uns par rapport aux autres grâce à des connecteurs logiques (d’abord, ensuite, en effet, voici pourquoi, la raison en est que, donc, enfin…) ;
- Ils utilisent un vocabulaire abstrait, comme dans le texte plus haut : liberté, contrainte, réflexion, apprentissage.
- On trouve partout ce type de texte : presse, lettre, discours politique, roman, théâtre…
Exercices :
1) Voici une série d’arguments sur le transport en avion. Indique s’ils sont pour (P) ou contre (C) le transport en avion :
a) L’avion permet de parcourir de grandes distances en peu de temps : Pour
b) L’avion consomme énormément d’énergie : Contre
c) Les passagers ne voient rien des régions et pays qu’ils survolent : Contre
d) On peut regarder des films pendant le trajet : Pour
e) Les aéroports sont loin des villes : il faut du temps pour s’y rendre : Contre
f) L’avion réalise le vieux rêve de l’homme : voler. Pour
2) De chacune de ces trois phrases ci-dessous, indique celle qui exprime la thèse et celles qui sont un argument qui la défend :
a) La lecture est concurrencée par la télévision et par internet :
b) La lecture attire moins les jeunes qu’autrefois
c) La lecture demande un effort qui décourage certains adolescents
Correction de l'exercice
2) De chacune de ces trois phrases ci-dessous, indique celle qui exprime la thèse et celles qui sont un argument qui la défend :
- a) La lecture est concurrencée par la télévision et par internet :
- 2ème Argument
- b) La lecture attire moins les jeunes qu’autrefois :
- Thèse = opinion
- c) La lecture demande un effort qui décourage certains adolescents :
- 1er Argument
3) Trouve trois arguments différents pour défendre l’intérêt de l’ordinateur pour les jeunes et trois autres pour montrer ses dangers :
Pour : 1. : L’ordinateur facilite les recherches documentaires ;
2. : L’ordinateur peut être un outil de création (photos, vidéo…) ;
3. : L’ordinateur est surtout un outil de communication (mails, tchats…) ;
Contre : 1. : L’ordinateur, utilisé avec excès, peut nuire à la santé (yeux, dos…) ;
2. : L’ordinateur isole le jeune, limitant le vrai dialogue avec ses camarades ;
3. : L’ordinateur peut nuire à la concentration car les jeunes passent souvent d’un écran à un autre (tablettes, portables…)
4) Le texte argumentatif ci-dessous est présenté dans le désordre.
Réécris le texte selon un ordre logique : thème, thèse, argument, exemple et conclusion (les connecteurs peuvent y aider).
La pratique d’une activité sportive présente donc de nombreux avantages pour votre équilibre. Faites du sport car les activités sportives vous maintiennent en bonne santé. Ainsi, après un match ou une heure de marche rapide, on se sent bien dans son corps et dans sa tête. En effet, le sport développe la capacité respiratoire, tonifie les muscles et assure un bon équilibre psychologique
Correction de l'exercice
Thème + thèse : Faites du sport car les activités sportives vous maintiennent en bonne santé.
Argument : En effet, le sport développe la capacité respiratoire, tonifie les muscles et assure un bon équilibre psychologique.
Exemple : Ainsi, après un match ou une heure de marche rapide, on se sent bien dans son corps et dans sa tête.
Conclusion : La pratique d’une activité sportive présente donc de nombreux avantages pour votre équilibre.
Candide de Voltaire, thème, thèse, schéma narratif et contrôles de lecture
Voltaire, Candide
12 questions réponses
- Thèmes :
- Le bonheur, la justice, l'esclavage, la liberté, la religion, l'amour....
- Thèse :
- Comment concilier l'existence de Dieu et la présence du mal?
- Thèse de Leibniz
- Si Dieu est parfait, le monde ne peut pas l'être, mais Dieu l'a créé le meilleur possible. Le mal existe ponctuellement, mais il est compensé ailleurs par un bien infiniment grand - Leibniz tente de concilier l’existence du mal et celle d’un Dieu créateur bon : Dieu étant bon n’a pu créer un monde totalement mauvais, il l’a créé le moins mauvais possible. D’où sa fameuse formule : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ».
- Thèse de Voltaire
- Voltaire voit dans cette philosophie un encouragement au fatalisme. Il oppose à cet optimisme qu'il juge béat, une vision lucide sur le monde et l'homme en qui il a confiance : C'est le sens de la conclusion de Candide : « Il faut cultiver notre jardin ».
- Critique de l'optimisme leibnizien
- les aventures malheureuses du héros s'accumulent au-delà de ce qui semble possible. Cette exagération invraisemblable veut démontrer toute l'absurdité de la thèse du meilleur des mondes possibles.
Le schéma narratif
- Situation initiale
- Le conte s’ouvre sur un lieu idéal, le château du baron de Thunder-ten-tronckh en Westphalie.
- Elément perturbateur
- Candide est chassé du château car il a embrassé Cunégonde sans permission du père
- Péripéties
- Hollande : les malheurs de Candide, ch. 2, 3, 4
- Lisbonne : les apprentissages de Candide, ch. 5, 6, 7, 8, 9
- Aux Amériques : ch 10 à 16
- L'arrivée dans l'utopie d'Eldorado : Candide s'émancipe de la philosophie de son maître à penser, Pangloss : ch 17 à 23
- Dénouement :
- ch 24 à 29. Candide retrouve Cunégonde
- Situation finale :
- ch. 30 "Il faut cultiver son jardin"
Voltaire, CandideCandide Voltaire
Introduction
Candide a été publié en 1759.
Voltaire est un pseudonyme, de son vrai nom François Marie Arouet, philosophe du siècle des lumières, 1994,1778, né et mort à Paris. Il est l'auteur de Candide, Micromégas, Zadig. Il a contribué à la diffusion du savoir, c'est un encyclopédiste. C'est un penseur engagé par ses écrits pour sa lutte contre l'injustice, l'intolérance, la cruauté et la guerre. Son courant littéraire repose sur la philosophie des lumières. Il combat l'obscurantisme pour développer l'esprit critique et lutter contre les formes de préjugés. Il représente l'idéal des lumières.
Le contexte historique :
C'est la guerre de 7 ans entre la France et la Prusse, il y a un tremblement de terre à Lisbonne en 1755 qui a marqué Voltaire.
De là, le philosophe réfléchit à l'existence du mal sur terre et à la question de l'existence de Dieu.
Il critique l'optimisme de Leibniz, philosophe allemand et la religion. L'optimisme est représenté par Pangloss et le pessimisme par Martin.
Le genre littéraire
Candide est un roman ou conte philosophique du siècle des lumières écrit par Voltaire, encyclopédiste du 18ème siècle.
Candide aborde plusieurs thèmes philosophiques comme la religion, le fanatisme, la connaissance, le bonheur, la fatalité, la liberté, l'esclavage.
Le personnage principal est Candide
Les personnages
Candide
C'est le personnage principal, il est naif, crédule, il adhère tout d'abord à la philosophie de Pangloss, son maître à penser, précepteur du château. Il faut attendre la fin du conte pour voir Candide penser par lui-même, se détacher de l'enseignement purement théorique de Pangloss. Le chapitre 30, dernière page du livre nous apprend qu'il «faut cultiver son jardin ». Candide découvre une philosophie théorique et pratique.
Cunégonde
C'est la fille du baron Thunder-ten-tronckh. Voltaire cherche à nous montrer que les femmes sont sources d'ennuis ainsi que le suggère le renvoi de Candide du château. Cunégonde sera vendue, Candide viendra la délivrer, il tue pour elle. A la fin du livre, le portrait d'elle est peu flatteur.
Pangloss
C'est le précepteur du château, il enseigne la vie et sa philosophie à Candide. Il est le porte parole de l'optimisme de Leibniz, illustré par la citation «tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Sa philosophie est purement théorique, redondante, il est présenté de manière amusante par Voltaire. Il croit pouvoir disserter sur tout, avancer des théories sur tout. Il est le personnage involutif, il est le plus pathétique parmi tous les personnages du roman.
Martin
Il représente le pessimisme, il est l'opposé de Pangloss. Il a vécu des expériences malheureuses. Il fait la rencontre de Candide au chapitre 19 au moment où Candide tente de retourner en Europe.
Cacambo
C'est un personnage important, ami et conseiller de Candide sachant toujours quoi faire en toutes circonstances.
Commentaire et questionnaire : l'incipit de Candide
Texte
Comment Candide fut élevé dans un beau château, et comment il fut chassé d’icelui.
Il y avait en Westphalie, dans le château de monsieur le baron de Thunder-Ten-Tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple ; c’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il était fils de la sœur de monsieur le baron, et d’un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste des son arbre généalogique avait été perdu par l’injure du temps.
Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres. Sa grande salle même était ornée d’une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son grand aumônier. Ils l’appelaient tous Monseigneur, ils riaient quand il faisait des contes.
Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s’attirait par là une très grande considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable. Sa fille Cunégonde, âgée de dix sept ans, était haute en couleur, fraiche, grasse, appétissante. Le fils du baron paraissait en tout digne de son père. Le précepteur Pangloss était l’oracle de la maison et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère.
Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie. Il prouvait admirablement qu’il n’y a point d’effetsans cause, et que dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux et madame la meilleure des baronnes possibles.
« Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement ; car tout étant faits pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pur porter des lunettes ; aussi avons-nous des lunette,. Les jambes sont visiblement instituées pur être chaussées, et nous avons des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées et pour en faire des châteaux ; aussi monseigneur a un très beau château : le plus grand baron de la province doit être le mieux logé ; et les cochons étant faits pour être mangés ; nous mangeons du porc toute l’année. Par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise ; il fallait dire que tout et au mieux
Problématique :
Avons-nous un incipit traditionnel ou atypique?
Annonce du plan :
Dans le but de conduire notre étude, nous verrons dans un premier temps comment Voltaire au-delà des aspects traditionnels du conte met en avant les composantes d’un conte philosophique, en second lieu, nous nous pencherons sur la dénonciation de la noblesse et de son pouvoir illusoire incarné par le baron et enfin, en dernier lieu, la critique virulente de l’optimisme leibnizien.
Plan
- I - Les caractéristiques du conte voltairien
- 1 - Les composantes traditionnelles
- 2 - Les composantes philosophiques
- Transition
- II - Dénonciation de la noblesse et son pouvoir illusoire
- 1 - Un projet critique : les personnages
- 2 - Un monde fondé sur les apparences
- Transition
- III - Dénonciation de l' optimiste de Leibniz
- 1-Discours tautologique et vide de sens de Pangloss
- 2-Satire des systèmes a priori incarnés par Pangloss
- Conclusion avec ouverture
Voltaire :
Voltaire est un philosophe et encyclopédiste du siècle des lumières contemporain de Diderot, Rousseau. Il est l’auteur de nombreux contes philosophiques comme Candide, Zadig, Micromégas. Ces apologues dénoncent, critiquent et mettent en avant l’idéal du siècle des lumières.
INTRODUCTION
Le texte que nous allons étudier est l'incipit de Candide, c'est à dire le début du premier chapitre. Cet apologue philosophique est son troisième conte publié alors anonymement en 1759. Il n’a subi aucune censure. L’incipit permet de situer l’action grâce à la description du château de Thunder-ten-tronckh. La description est celle d’une véritable société agréable à vivre, idyllique, « un paradis terrestre ». Notre héros évoluera tout au long du conte et d’admiratif de cet univers préalablement suggéré, nous le verrons se détacher progressivement pour affirmer sa solidarité pour un autre idéal de vie, une nouvelle philosophie. Le baron incarne l’ordre établi au niveau politique tandis que Pangloss le représente au niveau idéologique. Candide s’affranchira des idéaux premiers. Ce conte est en fait initiatique au sens socratique du terme, les initiés, donc Candide finissent par trouver en eux-mêmes la vérité en remettant en question l’ordre et les valeurs existants. L’autoréflexion, l’autocritique sont à l’œuvre tout au long du parcours du héros inaugurant ainsi le combat de Voltaire contre la noblesse et le pouvoir abusif, arbitraire des représentants de l’église, le dogmatisme intellectuel de l’optimisme leibnizien représenté par Pangloss.
Analyse du passage :
I/ Les caractéristiques du conte voltairien
1- Les composantes traditionnelles
La lecture de l’incipit nous familiarise avec les caractéristiques traditionnelles du conte.
En effet nous retrouvons un début de lecture qui s’apparente à un conte merveilleux, « il y avait » qui n’est pas sans nous rappeler l’ouverture des contes de fées faisant ainsi appel à l’imaginaire du lecteur, l’ouverture de Candide semble donc satisfaire aux exigences du conte. L’accès est facile et la lecture ouverte à tous, l’histoire cherche à plaire en premier lieu. Nous pénétrons ensuite dans le château du baron dès la première ligne, le rêve se poursuit dans l’imaginaire collectif, l’idéal de perfection se confirme, le monde que découvrons est parfait ainsi que le suggère l’usage récurrent des superlatifs comme « les mœurs les plus douces », « le plus beau des châteaux ». Les expressions hyperboliques renforcent donc l’idéal de bonheur de cette traversée imaginaire et riche en aventures extraordinaires. Nous retrouvons ainsi tous les stéréotypes du conte traditionnel auxquels s’ajoute celui des noms des personnages de l’histoire. Par exemple Candide est nommé par la qualité qui le représente. On remarque que les sonorités et l’étymologie sont annonciatrices du trait dominant. Candide du fait de sa grande naïveté se nomme Candide, il découvre le monde avec innocence acceptant tout sans jamais se remettre en question. Il est assimilé à une certaine pureté. L’intérêt est donc pour Voltaire de la confronter aux valeurs d’un monde dominé par le mal permettant de la sorte une confrontation intéressante dans les critiques et dénonciations. Le moteur de la contestation est en marche.
Les stéréotypes des personnages présents dans l’imaginaire et véhiculés dans les contes se retrouvent ici comme la princesse, le roi.
Questions sur le commentaire du site : Les réponses sont dans le commentaire
I - Les caractéristiques du conte voltairien :
1 - Les indices traditionnelles
- Quand ce conte philosophique a t’-il été publié?
- A t’-il subi des censures?
- Sous quel nom Voltaire l’a t’-il publié?
- Est-ce un conte initiatique?
- En quoi?
- En quoi peut-on dire que l’incipit nous familiarise avec les caractéristiques traditionnelles du conte?
- Relevez l’expression qui dès le début du passage rappelle le conte merveilleux
- Cela fait-il appel à l’imaginaire du lecteur?
- En ce sens l’ouverture de Candide satisfait-elle aux exigences du conte?
- La lecture est-elle facile et ouverte à tous?
- La fonction première est-elle de plaire?
- Comment le monde découvert progressivement par le lecteur apparaît-il?
- Relevez les superlatifs et expliquez leur fonction
- Analysez les hyperboles
- Quels sont les autres stéréotypes du conte traditionnel?
- Analysez le nom des personnages
- Quelle est la visée de Voltaire?
2 - Les composantes philosophiques
Les caractéristiques du contes ne sont cependant pas que traditionnelles, car il s’agit au-delà de la forme, d’un conte philosophique qui n’épouse pas toutes les singularités de la tradition du genre. Au-delà de l’histoire, intrigues, péripéties, Voltaire dépasse l’aspect divertissant et plaisant de la lecture, il instruit et nous transmet en seconde fonction de l’apologue une vision philosophique donc remise en question du monde et de la société de son époque. Il cherche à éveiller l’esprit critique du lecteur, nous retrouvons ainsi les aspects réalistes nécessaires, voire indispensables à la configuration philosophique du fond de l’histoire. La toile de la réflexion s’ouvre au niveau géographique dans une province du nom de Westphalie,province allemande réelle qui nous ramène à la réalité la plus évidente : « il y avait en Westphalie». L’incitation à la réflexion trouve son point d’ancrage dans la réalité également suggérée par le ridicule des personnages, l’aspect grotesque est d’emblée souligné par les allitérations en « t » du nom du roi, « Thunder-ten-tronckh ». Le philosophe accentue l’aspect ridicule de la lignée du roi en faisant de ce nom à prononcer une véritable cacophonie. On pourrait en outre citer Pangloss, nom composé qui signifie Pan : Tout et Glossa : langue, ridiculisé dans sa fonction de philosophe ennuyeux qui parle sans cesse, cherchant à tout justifier par le discours. Cunégonde est un autre personnage tourné de manière paroxystique au ridicule, elle est en effet réduite à une friandise et servira les intentions critiques de Voltaire. Seul Candide trouvera en lui la force et l’intelligence de devenir par le pouvoir de la raison, lui-même, il est évolutif par opposition aux autres, involutifs. L’esprit critique du penseur s’exerce de manière ironique, l’antiphrase, figure de rhétorique qui consiste à dire le contraire de ce que l’on pense permet de mettre en avant les idées au second degré. Il tourne ainsi en ridicule Pangloss lorsqu’il affirme « qu’il prouvait admirablement qu’il n’y avait point d’effet sans cause » mettant ainsi en avant avec l’adverbe de manière l’inutilité de ses constats. Nous constatons que l’ironie se manifeste ainsi tout au long de l’incipit, ainsi dans l’expression « le fils du baron paraissait en tout digne de son père », faisant de la sorte ressortir non la dignité du personnage mais ses défauts.
2 - les indices philosophiques : questionnaire
- Voltaire dépasse t’-il l’aspect divertissant et plaisant de la lecture?
- Remplit-il la seconde fonction de l’apologue?
- Instruit-il?
- De quel ordre la remise en question est-elle?
- Quels sont les aspects réalistes et nécessaires de l’incipit?
- Que soulignent les allitérations en « T »?
- Que signifie Pangloss?
- Quel autre personnage est-il tourné en ridicule?
- Quel est le message de Voltaire?
- En quoi Candide s’oppose t’-il aux autres personnages?
- Analysez l’ironie du passage
Transition :
Ainsi au-delà des personnages stéréotypés et du décor propres au conte traditionnel, nous retrouvons par le réalisme et l’ironie les composantes d’un conte philosophique, on le remarque également au niveau de la critique du pouvoir illusoire de la noblesse.
II - Dénonciation de la noblesse et de son pouvoir illusoire
1- Un projet critique : les personnages
Dans un premier temps, la critique de la noblesse et de son pouvoir absolu et illusoire prend forme dans dans le passage en revue des personnages. Candide, le baron ainsi que sa famille, à savoir, Cunégonde, on constate cependant que l’ordre de présentation des membres de la famille Thunder-ten-tronckh ne respecte pas le protocole attirant ainsi l’attention sur la remise en cause de la légitimité du pouvoir. Voltaire insiste d’emblée sur le fait que tout repose sur les apparences.
II - Dénonciation de la noblesse et de son pouvoir illusoire : Questionnaire
1 - Un projet critique : les personnages
- Comment se manifeste dans l’incipit la critique de la noblesse et de son pouvoir absolu et illusoire?
- Citez pour justifier votre réponse
- Quel est l’ordre de présentation des membres de la famille?
- Cela respecte t’-il le protocole?
- Quel est le message principal?
2- Un monde fondé sur les apparences
Le monde auquel s’attaque Voltaire est celui de la noblesse et sa toute puissance fondée sur les mondanités et les apparences, prétentions et préjugés sont également visés. Il semblerait que même l’orgueil des nobles injustement justifié par les généalogies soit visé, on apprend que Candide est un bâtard puisque son père n’a « pu prouver que soixante et onze quartiers » de noblesse comparativement aux Thunder-ten-tronckh qui en ont un de plus. Le snobisme et la vanité aristocratiques ne reposent que sur des titres, ils n’ont aucune consistance, rien ne semble justifier aux yeux du philosophe les biens et la puissance de cette classe sociale : « Monsieur le baron était l’un des plus grands seigneurs de Westphalie ».. « Car son château avait une porte et des fenêtres ». La considération que suscite la baronne ne vient pas de ses qualités humaines mais de ses « trois cents cinquante livres », à son poids impressionnant. Les signes extérieurs de richesse et de noblesse seraient les seules justifications possibles de leur pouvoir. Tout dans ce monde est futile et illusoire. Les valets, autres personnages importants du monde aristocrate renforcent cette idée, leurs flatteries attestent de l’aspect dérisoire de la supériorité infondée du noble et de la noblesse : « ils l’appelaient tous Monseigneur », titre réservé aux princes ou aux ducs.
2 - Un monde fondé sur les apparences : questionnaire
- Quelle classe sociale Voltaire attaque t’-il?
- Quels aspects en particulier?
- L’orgueil des nobles est-il visé?
- Relevez les expressions qui traduisent le snobisme et la vanité aristocratiques
- Sur quoi reposent-ils?
- Citez pour justifier votre réponse
- Comment le pouvoir est-il justifié?
- Quel autres personnage joue t’-il un rôle important dans le jugement de Voltaire?
Transition :
La critique devient de plus en plus virulente, Voltaire réserve la force de son ironie pour dénoncer la philosophie optimiste de Leibniz à travers Pangloss qui le représente dans le conte.
III/ Dénonciation de l’optimisme leibnizien
1- Discours tautologique et vide de sens de Pangloss
Pangloss incarne le philosophe Leibniz et son optimisme injustifié et ridicule selon Voltaire. Sa critique se poursuit donc dans ce sens. Il dénonce les faux rapports logiques de Pangloss dont les démonstrations reposent sur des causalités remises en questions et abusives. Nous avons une critique à son paroxysme avec l’exemple du nez et des lunettes. En effet, il explique comment « les nez sont faits pour porter des lunettes » et en conclut que « aussi avons-nous des lunettes ». IL s’octroie le monopole de la vérité et c’est cet abus d’autorité intellectuel qui est visé par le penseur. Les raisonnements de Pangloss sont en fait vides de sens et redondants, ils n’ont que l’apparence de la logique et servent de fait à justifier tout et n’importe quoi. L’optimisme leibnizien est en outre remis en cause et est illustré dans Candide à travers la citation « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Ce qui permet à Voltaire d’illustrer le contraire de cette prétention à la perfection et au bonheur. Des catastrophes, morts, tremblements de terre sont-ils mis en évidence dans l’apologue philosophique pour ouvrir l’esprit du lecteur attentif à une telle remise en cause.
III - Dénonciation de l’optimisme leibnizien : questionnaire
1 - Discours tautologique et vide de sens de Pangloss
- Que représente Pangloss?
- Quelle est la philosophie de Leibniz?
- Que dénonce Voltaire relativement à Pangloss?
- Que montre l’exemple du nez et des lunettes?
- Quel abus Voltaire dénonce t’-il?
- Comment l’optimisme leibnizien est-il illustré dans Candide?
- Relevez les citations qui le prouvent dans l’ouvrage
2- Critique des systèmes « a priori » incarnés par Pangloss
Au-delà du système défendu par Pangloss, Voltaire en tant que philosophe dénonce tous les systèmes « a priori » car selon lui ces façons de penser ne font que calquer des catégories préexistantes sur le monde de manière systématique sans jamais remettre le système en question en fonction des faits. Ils sont estimés dangereux pour leurs explications et tentatives d’analyse relatives et approchantes de la vérité, on retrouve le danger en philosophie de ces systèmes de pensées chez Pangloss qui incarne Leibniz. L’absurde de la situation s’étend davantage lorsque l’on comprend que celui-ci dans le conte a pour rôle d’enseigner « la métaphysico-théologico - cosmolo nigologie », nom à rallonge et pédant permettant à Voltaire de traiter la question de manière ironique ainsi que le suggère l’homonyme de nigaud dans l’expression, « nigologie ». Nous avons dans notre cas de figure une caricature de ce qu’un enseignant doit remplir comme responsabilités face à ses enseignés. La métaphysique est l’étude de Dieu, la théologie, celle des grandes questions liées à la religion et à l’au-delà, la cosmologie, celle des lois de notre monde. Le message de Voltaire est le suivant : il ne faut jamais négliger contrairement aux adeptes des systèmes à priori, les faits au risque de n’avoir qu’une vision abstraite de l’étude du monde.
2 - Critique des systèmes apriori incarnés par Pangloss : questionnaire
- Pourquoi Voltaire dénonce t’-il les systèmes apriori?
- Qui incarne ces systèmes?
- Comment l’absurde de la situation est-elle traduite dans le passage par Voltaire?
- Analysez l’ironie et les figures de style la faisant valoir
- Quel est le message du penseur?
- Montrez dans votre réponse que l’esprit des lumières se reflète déjà dans l’incipit de Candide
CONCLUSION
L’incipit de Candide nous offre un début de conte original qui mélange les composantes traditionnelles et innovantes du conte car ce début de lecture de l’apologue est une invitation à nous faire partager un roman initiatique à connotation philosophique évidente. L’esprit critique et l’idéal du siècle des lumières dominent l’œuvre et à travers le personnage de Candide, l’apprentissage des vraies valeurs se découvre et se dévoile très progressivement. Chaque personnage, le baron, Cunégonde, Pangloss a son importance et un rôle à remplir. La lecture se veut donc philosophique, le récit se révèle divertissant et instructif. Nous verrons notre Candide, héros très attachant se détacher de la philosophie de Pangloss au fur et à mesure de l’histoire affirmant ainsi au final sa propre philosophie et ses propres valeurs. La vraie philosophie s’affirme ainsi, celle de Voltaire qui représente l’idéal philosophique des lumières. L’incipit est donc annonciateur de la suite de l’histoire.
L'évolution des personnages de Candide de Voltaire entre le premier et le dernier chapitre
L'évolution des personnages de Candide de Voltaire entre le premier et le dernier chapitre
Tous les personnages principaux de Candide se trouvent rassemblés dans le chapitre 30 de Candide de Voltaire, dans le jardin, il y a Pangloss, Cunégonde, le baron et Candide.
Candide se termine sur une situation heureuse pour tous les personnages.
Les qualités de chacun sont mises en avant : « chacun se mit à exercer ses talents ».
Voltaire emploie également des superlatifs pour renforcer encore leurs qualités : « Cunégonde […] devint une excellente pâtissière », « Giroflée […] fut un très bon menuisier ».
La morale du conte
« Il faut cultiver notre jardin ».
A la fin, les personnages s'installent dans une métairie et Candide de naif qu'il était au début a progressé et est devenu son propre maître à penser. Il n'est plus sous l'influence de Pangloss qui représente la philosophie optimiste de Leibniz
En quoi consiste cette évolution ?
Pangloss est le représentant de Leibniz et de sa philosophie optimiste mais dans le chapitre 30 il ne semble pas avoir changé. Il est toujours amoureux de ses longs discours faussement savants, son optimisme reste le même, « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ».
Qu'en est-il des autres personnages ?
Candide a séduit la femme désirée, Cunégonde mais elle se révèle bien laide renversant ainsi les valeurs du conte. Elle exerce un métier, pâtissière, qui est une forme de dégradation sociale
Mais notre héros a grandi, il s'est débarassé de son maître à penser Pangloss et il sait aujourd'hui ce que sont les vraies valeurs, « cultiver son jardin », travailler la terre. Sa philosophie n'est pas que théorique elle est aussi pratique. Dans l'incipit, il buvait les paroles de Pangloss et il lui coupe la parole dans l'excipit et n'hésite pas à s'opposer à lui « mais il faut cultiver notre jardin. »
C’est Candide qui a le mot de la fin et l'élève dépasse le maître qui reconnaît que Candide à raison.
Donc dans cet excipit tous les personnages n'évoluent pas, seul Candide sort plus grand, plus philosophe, plus sage. Il représente l'esprit des Lumières qui voyait en l'homme un être capable de penser par lui-même.
Le travail est source de bonheur = c'est la morale de Candide. «Il faut cultiver son jardin ». Dans la métairie, chacun a sa place et accomplit sa tâche=Cunégonde comme cuisinière, Paquette comme brodeuse, Martin comme jardinier, etc.
Réflexion : L'argumentation directe est-elle le moyen le plus efficace de critiquer l'homme et la société?
Sujet de réflexion :
L'argumentation directe est-elle le moyen le plus efficace de critiquer l'homme et la société?
Sujet dissertation: L'argumentation directe/ indirecte
Sujet de réflexion (103.91 Ko)
Le français en seconde
-
Cours et exercices niveau seconde. L'argumentation directe, indirecte, le thème, la thèse, les arguments
- Le 07/08/2023
- Dans Le français en seconde
- 0 commentaire
Cours, exercices
Ajouter un commentaire