Commentaire littéraire, "Mes forêts" Hélène Dorion "Une chute de galets". Des dissonances intimes à la réconciliation par les sensations réparatrices
- Le 15/04/2023
- Dans Hélène Dorion, Mes forêts /parcours : la poésie, la nature, l'intime
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"Une chute de galets"
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Commentaire littéraire, "Mes forêts" Hélène Dorion
"Une chute de galets"
"Une chute de galets" : comment du désordre, la traversée de l'intime se fait promesse d'un accord avec le monde dans une quête de sens, seul espoir d'un recommencement.
"Une chute de galets" P. 45 49
"Mes forêts sont un long passage/pour nos mots d'exil et de survie". Par cette citation, Hélène Dorion, écrivaine contemporaine, fait naître son histoire en écho avec celle de l'humanité. Dans son receuil "Mes forêts" paru en 2021, les forêts sont l'habitation poétique du monde qui portent en elles tous les secrets de la vie, le jour, la nuit, le temps passé, présent, à venir, les clartés, les ombres... L'accord avec soi n'est possible que dans la fusion avec la nature. Cette relation d'osmose, indissoluble est la condition d'une création continuée. Ce recueil est le témoignage d'une quête, d'un accord de paix possible dans la grande histoire du monde, celle d'une humanité souffrante, blessée devant se reconstruire.
Notre poésie est tirée du second mouvement du recueil, "Une chute de galets", poème évocateur de la fragmentation. Cette partie est constituée d'une longue poésie non titrée dont la dynamique est la musicalité sont suggérées par la récurrence de strophes ou de vers qui en assure la progression malgré l'apparente discontinuité de la poésie. La typographie, blancs entre les mots, décalage de strophes par rapport à la marge gauche et l'apparition d'une flêche vers la fin du texte font de cette poésie un texte libre et libéré de toutes contraintes formelles tant par la forme que le fond. L'expérience poétique partagée de l'écrivaine associe le lyrisme et la poésie de l'intime pour la quête du sens. Elle doit nous faire "ressentir la terre" car la poésie est une manière d'être et de vivre.
Nous nous demanderons comment du désordre, la traversée de l'intime se fait promesse d'un accord avec le monde dans une quête de sens, seul espoir d'un recommencement.
Pour répondre à notre question, nous verrons que si les forêts révèlent les dissonances par le jeu des contraires, elles sont aussi la promesse d'un accord avec le monde par l'éveil de l'intime vers l'expérience poétique d'un recommencement.
Plan détaillé
I - La poésie des forêts révèle le désordre, les dissonances par le jeu des contraires
1 - L'image d'un monde déchiré révélatrice des dissonances intimes de la poétesse
2 - Les forêts racontent la chute possible et la perte de sens de notre rapport au monde
3 - La poésie de la forêt nous parle de résilience depuis la chute au recommencement, la nature est le lieu fragile mais privilégié de la résistance au monde.
II - L'appel et l'éveil de l'intime par la nature : la promesse d'un accord avec le monde
1 - Une ouverture au monde de l'intime. Les forêts extérieures deviennent notre paysage intérieur
2 - Un nouveau rapport au monde dans les profondeurs intimes du vivant
3 - Exigence et urgence d'une philosophie de vie "de l'intime" dans la plus grande prise de conscience de l'homme
III - La traversée de l'intime : une quête de sens, seul espoir d'un recommencement
1 - Une expérience sensible du sens de la vie : l'espérance retrouvée
2 - Les sensations réparatrices
3 - La promesse poétique d'une réconciliation
I - La poésie des forêts révèle le désordre, les dissonances par le jeu des contraires
I - La poésie des forêts révèle le désordre, les dissonances par le jeu des contraires
1 - L'image d'un monde déchiré révélatrice des dissonances intimes de la poétesse
La première image du poème est celle non pas d'un lieu précis mais d'une nature décrite par juxtaposition d'images évocatrices du chaos, de la fragmentation et du désordre. Plus rien ne semble être à l'unisson. L'intime réconciliation est compromise. Les juxtapositions, retours à la ligne et blancs entre les mots insistent sur la dissonance, le désaccord de la nature et du monde. Les éléments évoqués en allitération en "G", "goutte de pluie", "grain de sable" sont réduits à ce quils ont de plus insaisissables, ils se dérobent, le grain tout comme la goutte n'ont plus d'existence que sonore. L'évocation se poursuit en énumération d'éléments isolés, détachés du tout de la nature, "la branche" vers 3, "le nuage" vers 5, le "vent" vers 7. La présence des couleurs donne du sens à ces éléments isolés. Ainsi, "le bleu" vers 6 suggère la chute de la branche du vers 5 "la branche qui tombe" et la menace de la nuit vers 6, "la nuit se brise". Le tableau dessiné suscite l'inquiétude, la sensation de déchirure, de blessure se répercute encore par l'association du mauve, des glaces puis du sol "l'heure mauve les glaces qui se rompent/une secousse.../ le sol craquelle". Les perceptions se multiplient par l'évocation des éléments, la "goutte de pluie" devient "l'ondée vive" vers 13, la nuit brisée connote la rupture des glaces vers 11, à la "lumière du midi" vers 12, la présence "d'une secousse" fait craquer le sol au vers 14, "le sol craquelle". Au chaos du monde s'associe des perceptions intensifiées dans un désordre qui fait écho au désordre de la nature. Le monde est fragmenté dans un silence qui se "fissure" puis les "étoiles les nuages/et chaque goutte de pluie" vers 33, 34 et les saisons dans le temps qui passe "entre l'automne et l'hivers hier et demain". Ce paysage intérieur des forêts suscite une multitude de sensations face à ces éléments cosmiques évoqués en simple juxtaposition indépendament de toute logique descriptive. Dans le temps du poème et celui de l'imagination, les sens sollicités ordonnent à la vue de se représenter un monde en dissonance avec l'intime, au toucher et à l'audition de sentir et d'écouter "le grain de sable" et "la goutte de pluie" dans le silence de la chute "d'une feuille", vers 19.
2 - Les forêts racontent la chute possible et la perte de sens de notre rapport au monde
"Le bruit du monde" gronde en anaphore tout au long du poème car les forêts intérieures, le paysage rendu par nos sensations nous renvoient à la perte de sens possible. C'est par le jeu des contraires valorisé en antithèses que l'unité se cherche, la dissonance domine entre les "bonheurs" et les "déchirures", "la haine" et "l'amour" vers 71. Le conflit prend parfois la forme du "murmure de la forêt, "des souvenirs" vers 48 et "des rêves" vers 74. La discordance exprime la dissonance la plus profonde, celle du monde des hommes dans le milieu urbain. La forêt nous raconte ce conflit entre ces deux univers, la forêt, la nature et la ville dont "le bruit du monde" se fait l'écho. Les oppositions en traduisent l'impossible réconciliation. Le silence du monde forestier, son "murmure" jusque dans les "choses muettes et nues" entre en dissonance avec le vacarme de la ville. Les "sirènes", "les klaxons", "les alarmes du siècle" vers 51 empêchent l'homme d'écouter la terre. De ces contraires, l'unité ne peut surgir, seule surgit la perte de sens de la vie dans notre rapport au monde. Les forêts racontent la chute possible, ce choc qui traverse "la terre" est mis en avant par l'assonance en "A", "amas de choses jetables/et tintamarre de nos pas". "Le bruit du monde" devient "le bruit d'une terre ébranlée". Les vers suivants soulignent la progression tragique liée au mode de vie urbain et à son non-sens. La mort symbolique de la terre au sens de nature est connotée par la comparaison "les toits s'effondrent/comme de vastes illusions". "Les fenêtres deviennent noires", "la lumière tombe lourde/tombe lourde/tombe la lumière". Ces images accusent la destruction des villes, l'absence d'espoir, de refuge, d'horizons, d'avenir. La lumière, la couleur "bleue", "mauve" des forêts laissent place à l'obscurité des fenêtres camouflant tous les horizons de vie possibles. Ces forêts qui s'ouvrent comme une fenêtre et nous deviennent intimes nous disent les dangers de ce monde. C'est une nature refuge qui nous révèle les liens cachés de l'univers. La clarté et la lumière des forêts ne s'accordent pas avec l'obscurité de la folle vie urbaine.
3 - La poésie de la forêt nous parle de résilience depuis la chute au recommencement, la nature est le lieu fragile mais privilégié de la résistance au monde.
Nos modes de vie sont la plus grosse menace d'anéantissement du monde. La ville symbole de la chute possible s'oppose au monde de la forêt, image d'un recommencement possible. La tension antithétique entre ces deux mondes est perceptible dès les premiers vers. Les verbes tomber, briser, rompre, craquelller appartiennent au champ lexical de l'effondrement, les visions qui y sont associées sont cataclysmiques, tragiques. On peut citer : "la nuit se brise", "les glaces qui se rompent... une secousse... le sol craquelle". Les forêts matérialisent les catastrophes possibles à venir, le non-sens de notre société de consommation. Mais "de nos souvenirs noués à la nuit" vers 47, la forêt offre un espace intérieur de réparation, une résistance à ce qui l'oppresse et la détruit. Si "la branche tombe", les saisons nous apportent les espoirs d'une renaissance, "l'éclosion d'un bourgeon", elle dit le recommencement et l'espoir et la "feuille tombe nue" dans le "murmure d'une forêt", silencieuse, puis "la lumière tombe", c'est l'écoulement du temps, le cycle de la vie des saisons, du jour, de la nuit. L'arbre est l'arbre du monde, "d'hier" à "demain", il est le passage vers "l'aube recommencée", vers 68, dans sa promesse réparatrice. L'espoir d'un horizon meilleur. C'est "l'arbre haut des bonheurs" qu'il nous faut écouter, "écoute" vers 70.
II - L'appel et l'éveil de l'intime par la nature : la promesse d'un accord avec le monde
II - L'appel et l'éveil de l'intime par la nature : la promesse d'un accord avec le monde
1 - Une ouverture au monde de l'intime. Les forêts extérieures deviennent notre paysage intérieur
L'injonction "écoute" à plusieurs reprises répétée dans le poème est une invitation à l'expérience poétique de l'intime, une traversée par les sens dont notre connexion aux forêts est la promesse. "Ecoute" ne se réfère pas seulement à ce que l'on peut entendre mais l'éveil de tous nos sens, à ce choc, cette rencontre, cet éveil, "à l'âme du monde". Il nous faut nous accorder au chant "des choses muettes et nues" dans "l'écho de nos rêves" pour que l'ensemble des souffles naturels "nous enlace dans nos corps" vers 75, 76. Par cet éveil de l'intime, l'homme s'accorde au chant du monde "ton chant accorde/pour éclairer" vers 78, 79. Cet appel de la forêt est la voix poétique, l'intimité du corps forestier intériorisée dans le corps et l'âme de l'homme à l'écoute. C'est ainsi qu'il peut retrouver "la trace silencieuse", vers 31 dans sa connexion la plus profonde avec le vivant. Cette traversée de l'intime se métaphorise en chemin "qui s'ouvre dans ton coeur" vers 36, 37, elle représente la création continuée par la renaissance, symbole de vie et de recommencement, "comme une onde/l'enigme heureuse/d'une eau de montagne/s'immisce à travers nos vies", vers 41 à 44.
Image d'une nature bienveillante que l'homme a en mémoire, "l'écoulement du temps -/nos souvenirs noués à la nuit/c'est le bruit du temps". La fusion est mise en avant par l'allitération en "N". L'abre assure ainsi une intimité de tout dans tout. Les répétitions et blancs typographiques vers 17, 18 et le retour à la ligne soulignent l'omniprésence de la forêt à l'image des forêts intérieures de la poétesse, cela fait éclater le chant poétique, "les voix", "s'égrenent les voix", "les mots" se libèrent, "remue les mots/jusqu'à ce qu'ils souvrent/comme une onde", vers 39 à 41. L'expérience poétique d'une poésie de l'intime se fait "voix", "une voix s'avance dans le bégaiement de l'histoire", vers 84, 85. Elle devient ce qu'il y a d'intime en tout et pour tout et pour dire :
"Oeuf eau sang reptile poisson
os arbre grotte créature homme
femme langue main souffle rêve
..... et chute"
Enumérer ainsi les mots du poème dans cette flêche à la fin du texte, c'est s'accorder à "l'écoulement du temps", "au bruit du monde", toutes ces "choses muettes et nues" devenues notre paysage intérieur pour une nouvelle manière d'être au monde.
2 - Un nouveau rapport au monde dans les profondeurs intimes du vivant
C'est dans cette proximité au monde que notre rapport à la nature dans les profondeurs intimes du vivant se dévoile. Il englobe toutes choses, chaque élément "un bourgeon", vers 4, "une forêt", "une feuille", vers 19, "un mouvement d'herbe", vers 81, "une fleur", "une voix", vers 85. Les éléments en juxtaposition tout au long de la poésie, associés à un déterminant indéfini, "une", "un", sont des parties du grand Tout, la forêt, sans être pour autant évocateurs d'un paysage précis.
Dans ce tableau abstrait des éléments de la nature, se profilent le lieu possible, l'accord, "l'âme des choses" du monde partagé. Ainsi "l'avancée d'un nuage" offerte par la chute de "la branche" vers 5, "un vent plus léger que les autres" nous caresse vers 7 et 8, dévoilant par son souffle "l'horizon", vers 7, puis c'est "le chemin qui s'ouvre", vers 36 "dans ton coeur et ta main" vers 37 dans le souci d'un plus grand partage, il cherche "une autre main", vers 38. Dans cette intimité du corps et du coeur avec l'autre et le monde, la fusion se poursuit en métaphore de la nudité "nous enlace comme un corps", vers 78, "tombe nue", vers 19. Dans ce souffle unique "le chant accorde" et fait fusionner le corps des hommes dans le corps du poème dans la résonance et l'intimité de toutes choses. Ce chant grandit par les allitérations en "S", "siffle", "désert", "silence", "soudain", "fissure", "pose", "choses" et en "F", "siffle", "froid", "fissure" est "l'écho de nos rêves/dans le vent qui s'enfuit/ le souffle des mers".
3 - Exigence et urgence d'une philosophie de vie "de l'intime" dans la plus grande prise de conscience de l'homme
L'appel et l'éveil de l'intime par la nature seule promesse d'un accord possible supposent l'exigence et l'urgence d'une philosophie de vie "de l'intime" dans la plus grande prise de conscience de l'homme. C'est cette expérience poétique qu'il faut privilégier pour s'accorder à "l'écoulement du temps" des forêts qui est celui de l'instant : "écoute l'instant fragile et pur", vers 66 mais un instant recommencé dans la création continuée d'une nature qui s'étire dans un temps cyclique.
Dans "l'aube recommencée" vers 67, le temps défile et se fragmente en une multitude d'instants en devenir, ils se succèdent "entre l'automne et l'hiver hier et demain" dans l'éternel recommencement de "l'écoulement du temps". Et le temps du poème s'accorde aux blancs typographiques jusqu'à la flêche de la fin du texte, étirant ainsi les mots aux intervalles temporels.
III - La traversée de l'intime : une quête de sens, seul espoir d'un recommencement
III - La traversée de l'intime : une quête de sens, seul espoir d'un recommencement
1 - Une expérience sensible du sens de la vie : l'espérance retrouvée
Cette traversée de l'intime est une expérience sensible du sens de la vie, comme l'espérance retrouvée dans les forêts intérieures de la poétesse. Cependant, cette expérience poétique s'élargit à l'homme à partir du vers 26, "sous nos pas" suggèrent l'idée d'un partage avec les hommes. La traversée de l'intime est celle des hommes. La forêt nous dit l'histoire des hommes, c'est une quête d'ouverture universelle, "dans ton coeur et ta main/cherchant une autre main" puis "nos vies, "nos souvenirs" dont les possessifs évoquent la condition humaine en lien avec "l'écoulement du temps" récurrent de la poésie. L'espoir renouvelé est en partage universel sur le chemin de l'intime "notre marche au bout des ombres... l'arbre haut des bonheurs", puis le désespoir "et de nos déchirures/le murmure de la haine". De la haine à l'amour, de la joie au désespoir, de nos rêves à nos souvenirs, les évènements de vie évoqués sont universels, partagés dans la même promesse poétique.
2 - Les sensations réparatrices
Pour reprendre les mots de Victor Hugo, nous dirons que "la poésie c'est tout ce qu'il y a d'intime dans tout", cette citation reflète la promesse poétique d'Hélène Dorion. Celle-ci s'applique à nous faire faire le voyage de l'intime dans la traversée la plus singulière, celle de toutes choses énumérées dans la flêche à la fin de la poésie. Car, les forêts racontent aussi l'homme dans l'histoire, "une voix s'avance dans le bégaiement de l'histoire" vers 84, 85. La flêche trace l'horizon de nos vies, chemin intérieur, intime jusqu'à l'ouverture vers l'autre "et ta main/cherchant une autre main" et le monde. Les sensations permettent cette ouverture car elles sont réparatrices. La quête du sens retrouvée, du sens de la vie et du sens de l'histoire, la promesse poétique se fait philosophie bienveillante pour l'humanité.
3 - La promesse poétique d'une réconciliation
Comme cette flêche qui traverse la page, l'intime nous dit le pressentiment d'un sens universel, celui de l'histoire. C'est une voix qui s'avance "dans le bégaiement de l'histoire" qui tente de repenser notre accord avec le monde par nos modes de vie et nos aspirations intérieures. La poésie se dévoile comme fin et moyen, elle sait la valeur et la grandeur des sensations, leur rôle à jouer et leur place à occuper jusque dans les choses les plus infimes comme "le grain de sable", vers 3 ou la "chute d'une feuille", vers 19, elle s'élève à l'indicible énigme de la vie dans un mouvement qui en saisit la diversité. Elle est aussi "le souffle des mers/nous enlace comme un corps", elle accorde, elle éclaire, elle s'avance telle une "voix", elle est "le bruit", "le temps". Elle est le recommencement de la vie, son origine, l'humanité. Elle permet l'accord avec l'histoire qui se cherche "bégaiement de l'histoire".
Conclusion
Ainsi, les forêts révèlent les dissonances par le jeu des contraires, elles sont aussi la promesse d'un accord avec le monde par l'éveil de l'intime vers l'expérience poétique d'un recommencement. Les forêts peuvent être l'écho d'un monde menaçant et destructeur car elles racontent les dissonances, matérialisent les catastrophes à venir et le non-sens de nos modes de vie. Elles nous promettent l'espérance, la résilience, la résistance par nos forêts intérieures. Cette poésie est un appel au devoir et un acte de foi en l'homme.
Hélène Dorion, Mes forêts
Parcours : la poésie, la nature, l'intime.
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